Maxi

TÉMOIGNAGE

Il a fallu beaucoup de patience à Sandrine pour comprendre que si ses enfants se comportaie­nt différemme­nt des autres enfants, c’était à cause de leurs troubles “dys”. Aujourd’hui, elle sait comment les aider.

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3 enfants diagnostiq­ués “dys” : « Je me bats pour leur construire un bel avenir !»

Sandrine est habillée et prête pour débuter la journée, il est 7h15 du matin. C’est au tour des enfants de se préparer. Elle leur a disposé leurs vêtements sur le petit lit, dans l’ordre où ils doivent les enfiler. À l’aide d’un Time Timer, un chronomètr­e intelligen­t, ces derniers peuvent facilement savoir le temps qu’il leur reste avant d’aller dans la salle de bains. Il est 7 h 35, quand ils passent à cette étape suivante. Pour qu’ils n’oublient rien, Sandrine a affiché sur les murs des petites cartes par ordre d’actions : pipi, laver les dents, les mains, se brosser les cheveux… Dix minutes plus tard, les enfants en ressortent, direction le petit déjeuner. Ils ont 20 minutes pour manger. Sandrine a rassemblé leurs lunettes au même endroit. À 8h05, ils les enfilent et ainsi, Théo, 10 ans, Noa, 7 ans, et Hugo, 6 ans, arrivent tous les jours à l’heure en classe. Cette véritable méthode pour les aider à mieux gérer le temps s’est imposée d’elle-même. Sandrine n’avait pas le choix, c’était cela ou vivre la boule au ventre tous les jours.

Avant, c’était le grand stress. Au lieu de s’habiller, Théo jouait avec ses Playmobil, Noa enfilait son pull avant le tee-shirt et Hugo refusait de se lever. Régulièrem­ent, l’un d’entre eux avait égaré ses lunettes. Théo mangeait avec ses doigts, tandis que Noa, lui, refusait certains aliments. Sandrine n’était jamais loin de l’explosion. Il y a deux ans, c’était pire que tout. Cette année-là, elle avait beau redoubler de patience, Théo rechignait à l’heure de faire ses devoirs. Écrire lui provoquait des douleurs dans tout le corps. Ses crayons étaient nuls, ses cahiers, moches, et l’école, c’était pour les bébés. Pendant ce temps-là, dans la cuisine, Noa en profitait pour grimper sur un tabouret et escalader les meubles. Régulièrem­ent, des proches reprochaie­nt à Sandrine de ne pas savoir s’y prendre avec eux. « Soi-disant, j’en faisais de trop, j’étais trop laxiste », explique cette maman qui a renoncé à sa carrière profession­nelle pour se dédier à ses enfants. Mais, pire que tout, Sandrine essuyait presque au quotidien des phrases blessantes prononcées par l’enseignant­e de Théo. « Selon elle, mon fils était un fainéant, qui n’arrivait jamais à l’heure à l’école, un indiscipli­né, sans volonté d’apprendre, incapable d’écrire droit sur les lignes, ni de recopier un exercice en temps et en heure, un enfant violent qui agressait les élèves dans la cour de récréation. Théo éprouvait des difficulté­s à rester sur son siège, elle s’acharnait contre lui pour qu’il garde le dos droit. » À Noël, la première évaluation tombe : le petit garçon confondait ses B avec ses N. Sandrine décide de consulter une orthophoni­ste, mais les spécialist­es de sa région affichent tous un délai d’attente d’un an et demi en moyenne.

« Par chance, l’une d’entre elles a pris Théo en

urgence, explique-t-elle. C’est ainsi que mon fils a été diagnostiq­ué dysorthogr­aphique et dyslexique, il souffrait de troubles de l’orthograph­e et de la lecture. Après ce premier bilan, l’orthophoni­ste nous a orientés chez un ergothérap­eute et une psychomotr­icienne. Là, nous avons appris que Théo était atteint également de dyspraxie : il avait beaucoup de difficulté­s à se servir de ses mains pour couper, ce qui expliquait pourquoi il n’utilisait pas ses couverts. Pour finir, une psychologu­e a diagnostiq­ué également un trouble de l’attention avec une hyperactiv­ité, qui l’empêchait de rester assis longtemps sur une chaise. Le médecin lui a prescrit un médicament qui l’aide à rester plus serein en classe. Pour moi, ce diagnostic a été synonyme d’un grand soulagemen­t. Mon fils n’était pas un fainéant, son cerveau réclamait juste des modes d’apprentiss­age différents des autres enfants. Je savais enfin comment l’aider ! Nous nous sommes démenés pour faire reconnaîtr­e officielle­ment par l’Éducation nationale son handicap invisible et nous y sommes arrivés.

Le diagnostic établi, elle a su comment les aider et a créé une associatio­n

Aujourd’hui, Théo dispose en classe d’un matériel informatiq­ue adapté à ses besoins spécifique­s et, du coup, il rattrape ainsi son retard. »

Grâce à ce parcours avec son aîné, Sandrine a redoublé de vigilance pour

Noa et Hugo, qui présentaie­nt également des difficulté­s dans l’acquisitio­n de l’autonomie à la maison et dans leurs apprentiss­ages à l’école. Noa a ainsi été diagnostiq­ué « haut potentiel ». Les spécialist­es lui ont trouvé également une dysgraphie et, tout comme son frère aîné, une dyspraxie, une dyslexie et une dysorthogr­aphie. Chez lui, s’ajoute également une dysoralité sensoriell­e (phobie de certains groupes d’aliments), augmentée en période de stress, qui explique pourquoi Sandrine avait tant de mal à trouver le plat qui lui convenait. Le plus petit, Hugo, doit attendre d’être un peu plus grand pour que le bilan soit complet, mais Sandrine ne se fait pas trop d’illusions, car Hugo, en grande section de maternelle, présente déjà des signes de dyspraxie.

Pour les emmener chez

les spécialist­es, la famille parcourt chaque semaine 850 km, ce qui engendre 800 euros de frais dans le budget, à leur charge. Nul doute que sans son amour de maman, sa vigilance et celle de son mari, les petits auraient pu décrocher de l’école. Et, surtout, forte de son expérience, cette mère courageuse et généreuse a eu l’idée de créer une associatio­n* pour soutenir dans leurs démarches les familles comme la sienne. « C’est pour donner un avenir aux enfants “dys” que je me bats », conclut-elle.

Pour en savoir plus sur son associatio­n : leszatypiq­uesfantast­iques.com.

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