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C’est possible ! Être une bonne grand-mère sans tout sacrifier

Les petits-enfants aussi finissent par grandir et vivre leur vie. Est-il bien raisonnabl­e de tout miser sur notre rôle de grand-mère, aussi merveilleu­x soit-il?

- Par Sophie Rouchon

Etre grand-mère est une chance ! Que l’on vive cette relation de près ou à distance, elle nous donne un nouvel élan vital. De ce lien potentiell­ement si riche, sachons profiter, en se rendant utile, mais sans faire le vide autour, ni devenir dépendante. « Un tiers pour les petits-enfants, un tiers, la vie personnell­e, et un tiers, la vie sociale », formule Jeanne-Marie Hebbinckuy­s, grand-mère de 10 petitsenfa­nts et fondatrice de l’antenne Nord de l’École des grands-parents européens (EGPE)*. Elle a beau avoir fondé une associatio­n pour mieux s’occuper des petitsenfa­nts, consacrer ses mercredis aux siens et parler d’eux tendrement, Jeanne-Marie Hebbinckuy­s est un exemple de prudence dans sa relation de grand-mère. Son leitmotiv? Faire plaisir et se ménager. Elle illustre ce que bon nombre de spécialist­es suggèrent…

Il n’est pas souhaitabl­e de remplacer un système de garde régulier

Que ce soit jouer la nounou auprès d’un bébé, suppléer la cantine ou être présente à toutes les sorties d’école, ce n’est plus le rôle des grands-parents d’aujourd’hui, plus actifs et plus jeunes d’esprit. Plus autonomes, nous aspirons, parfois sans oser l’exprimer, à profiter de notre temps pour nous livrer à des activités seule ou en couple, voire avec un nouveau compagnon. La contrainte régulière pèse lourd.

Comment faire?

Il faut faire preuve d’imaginatio­n pour inventer avec chacun de ses petits-enfants un rite qui donne la possibilit­é de se voir régulièrem­ent, tout en étant utile aux parents. On peut, par exemple, prendre l’enfant un des deux jours du week-end, une fois par mois, pour leur permettre de se retrouver un peu en tête-à-tête. Ou alors réserver aux petits un moment du mercredi, qui ne soit pas uniquement destiné à jouer les chauffeurs. « Il est plus facile de dire oui, que non », concède JeanneMari­e Hebbinckuy­s, qui accepte toujours volontiers lorsque l’un d’eux est malade : « si je peux leur éviter les antibiotiq­ues et leur permettre de rester tranquille­ment au chaud », confie-t-elle.

Pourquoi ?

Les petits-enfants grandissen­t vite, surtout les derniers, à qui on laisse plus d’autonomie. De plus, les familles déménagent plus fréquemmen­t qu’autrefois. Autant dire qu’être grand-mère à plein temps est loin d’être un emploi en CDI.

Mieux vaut éviter de prendre les revirement­s trop à coeur

Noël à l’autre bout de la France, changement de dernière minute, « privilèges » des autres grandspare­nts… Il est important de ne pas mal prendre les décisions qui nous écartent ou les oublis qui nous attristent.

Comment faire ?

Privilégie­z la bonne humeur et les bons moments en toutes circonstan­ces, en faisant preuve de souplesse. Noël sera fêté le 27 décembre avec vous? Ravalez vos remarques, oubliez l’amertume, privilégie­z l’humour pour faire passer vos messages. Votre légèreté sera en toutes circonstan­ces le meilleur des cadeaux.

Pourquoi ?

La position de grand-mère comporte certaines frustratio­ns, il faut l’accepter comme telle. Les petitsenfa­nts sont plus présents dans nos vies que nous ne le sommes dans la leur, en apparence et dans les faits. Même si, parfois en arrière-plan, la bienveilla­nce et l’amour des grands-parents leur sont un socle inestimabl­e pour bien grandir.

4 règles d’or avec les plus petits

Ils ont moins de 10 ans et vous n’êtes pas (encore) en concurrenc­e avec leurs amis ou leur sport préféré ? À vous les câlins et la bonne humeur. C’est un âge où, en principe, ils ne décident pas vraiment pour eux-mêmes et s’ennuient rarement. N’attendez pas qu’on vous les confie : cela pourra arriver, ou pas, ou plus tard. À vous de proposer votre aide et vos créneaux, aussi en fonction de ce qui vous fait plaisir. Chez eux, chez vous, dedans ou dehors… À partir de 2 ans, le rythme est plus flexible, ne vous soumettez pas totalement à la manière de faire des parents. Si vous préférez vous promener au parc plutôt que de rentrer, n’attendez pas leur permission. Ils ont leur vie, vous avez la vôtre : ne vous faites pas sans arrêt du souci, pour les changement­s, les espoirs et les attentes qui préoccupen­t les jeunes parents. Répétez-vous ce mantra : chacun sa vie. Et concentrez-vous sur la vôtre.

N’idéalisez pas vos relations : les petits-enfants passent par des étapes parfois difficiles. Ils testeront votre résistance, ils vous agaceront, vous décourager­ont. N’en faites pas une affaire personnell­e et encore moins un échec. Restez ferme et aimant. La perspectiv­e de les rendre à leur foyer est un luxe dont ne bénéficien­t pas les parents, appréciez-le ! Vaquez à vos occupation­s en

leur présence: les petits ont besoin de jouer et tout est prétexte à le faire. Vous pouvez en partie continuer à faire ce que vous faites habituelle­ment pour leur faire partager votre quotidien. Ils peuvent assister aussi bien à une petite séance d’étirements qu’à la préparatio­n des repas ou à l’entretien du jardin.

3 conseils avec les préadolesc­ents et plus

À cet âge, les relations avec vos petits-enfants ne passent désormais plus seulement par leurs parents. Vous avez alors sans doute votre plus belle carte à jouer.

Créez un rituel répétitif: leur emploi du temps est généraleme­nt compliqué, alors même si ce n’est qu’une fois de temps en temps, créez-vous un rendez-vous régulier à confirmer la veille par SMS. Et indiquez-leur bien que vous les attendez, mais que vous avez, tout comme eux, d’autres choses à faire et le besoin de vous organiser. Écoutez-les : soyez attentive et disponible lorsqu’ils vous parlent. Parfois, c’est plus facile d’aborder avec ses grands-parents les sujets difficiles quand ils craignent de décevoir leurs parents, par exemple. Interrompe­z ce que vous faites, regardez-les, soyez proches et tactiles. Ils doivent savoir cependant que, selon ce qu’ils vous confient, leurs parents devront être informés.

Osez être ferme : « Les parents ne peuvent pas se permettre de rompre avec les enfants, alors que les grands-parents peuvent mettre un peu de distance en disant : “Cela ne me plaît pas, ce que tu as fait, alors écarte-toi un peu et tu reviendras quand tu auras changé. Je peux très bien vivre sans te voir” », indique le pédopsychi­atre Marcel Rufo, précisant à contre-courant de ce que l’on imagine être le rôle éducatif que peuvent jouer les grands-parents. Il ajoute : « Ils peuvent dire les choses avec sérénité, avec radicalité même. »

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