C’est possible ! Être une bonne grand-mère sans tout sacrifier
Les petits-enfants aussi finissent par grandir et vivre leur vie. Est-il bien raisonnable de tout miser sur notre rôle de grand-mère, aussi merveilleux soit-il?
Etre grand-mère est une chance ! Que l’on vive cette relation de près ou à distance, elle nous donne un nouvel élan vital. De ce lien potentiellement si riche, sachons profiter, en se rendant utile, mais sans faire le vide autour, ni devenir dépendante. « Un tiers pour les petits-enfants, un tiers, la vie personnelle, et un tiers, la vie sociale », formule Jeanne-Marie Hebbinckuys, grand-mère de 10 petitsenfants et fondatrice de l’antenne Nord de l’École des grands-parents européens (EGPE)*. Elle a beau avoir fondé une association pour mieux s’occuper des petitsenfants, consacrer ses mercredis aux siens et parler d’eux tendrement, Jeanne-Marie Hebbinckuys est un exemple de prudence dans sa relation de grand-mère. Son leitmotiv? Faire plaisir et se ménager. Elle illustre ce que bon nombre de spécialistes suggèrent…
Il n’est pas souhaitable de remplacer un système de garde régulier
Que ce soit jouer la nounou auprès d’un bébé, suppléer la cantine ou être présente à toutes les sorties d’école, ce n’est plus le rôle des grands-parents d’aujourd’hui, plus actifs et plus jeunes d’esprit. Plus autonomes, nous aspirons, parfois sans oser l’exprimer, à profiter de notre temps pour nous livrer à des activités seule ou en couple, voire avec un nouveau compagnon. La contrainte régulière pèse lourd.
Comment faire?
Il faut faire preuve d’imagination pour inventer avec chacun de ses petits-enfants un rite qui donne la possibilité de se voir régulièrement, tout en étant utile aux parents. On peut, par exemple, prendre l’enfant un des deux jours du week-end, une fois par mois, pour leur permettre de se retrouver un peu en tête-à-tête. Ou alors réserver aux petits un moment du mercredi, qui ne soit pas uniquement destiné à jouer les chauffeurs. « Il est plus facile de dire oui, que non », concède JeanneMarie Hebbinckuys, qui accepte toujours volontiers lorsque l’un d’eux est malade : « si je peux leur éviter les antibiotiques et leur permettre de rester tranquillement au chaud », confie-t-elle.
Pourquoi ?
Les petits-enfants grandissent vite, surtout les derniers, à qui on laisse plus d’autonomie. De plus, les familles déménagent plus fréquemment qu’autrefois. Autant dire qu’être grand-mère à plein temps est loin d’être un emploi en CDI.
Mieux vaut éviter de prendre les revirements trop à coeur
Noël à l’autre bout de la France, changement de dernière minute, « privilèges » des autres grandsparents… Il est important de ne pas mal prendre les décisions qui nous écartent ou les oublis qui nous attristent.
Comment faire ?
Privilégiez la bonne humeur et les bons moments en toutes circonstances, en faisant preuve de souplesse. Noël sera fêté le 27 décembre avec vous? Ravalez vos remarques, oubliez l’amertume, privilégiez l’humour pour faire passer vos messages. Votre légèreté sera en toutes circonstances le meilleur des cadeaux.
Pourquoi ?
La position de grand-mère comporte certaines frustrations, il faut l’accepter comme telle. Les petitsenfants sont plus présents dans nos vies que nous ne le sommes dans la leur, en apparence et dans les faits. Même si, parfois en arrière-plan, la bienveillance et l’amour des grands-parents leur sont un socle inestimable pour bien grandir.
4 règles d’or avec les plus petits
Ils ont moins de 10 ans et vous n’êtes pas (encore) en concurrence avec leurs amis ou leur sport préféré ? À vous les câlins et la bonne humeur. C’est un âge où, en principe, ils ne décident pas vraiment pour eux-mêmes et s’ennuient rarement. N’attendez pas qu’on vous les confie : cela pourra arriver, ou pas, ou plus tard. À vous de proposer votre aide et vos créneaux, aussi en fonction de ce qui vous fait plaisir. Chez eux, chez vous, dedans ou dehors… À partir de 2 ans, le rythme est plus flexible, ne vous soumettez pas totalement à la manière de faire des parents. Si vous préférez vous promener au parc plutôt que de rentrer, n’attendez pas leur permission. Ils ont leur vie, vous avez la vôtre : ne vous faites pas sans arrêt du souci, pour les changements, les espoirs et les attentes qui préoccupent les jeunes parents. Répétez-vous ce mantra : chacun sa vie. Et concentrez-vous sur la vôtre.
N’idéalisez pas vos relations : les petits-enfants passent par des étapes parfois difficiles. Ils testeront votre résistance, ils vous agaceront, vous décourageront. N’en faites pas une affaire personnelle et encore moins un échec. Restez ferme et aimant. La perspective de les rendre à leur foyer est un luxe dont ne bénéficient pas les parents, appréciez-le ! Vaquez à vos occupations en
leur présence: les petits ont besoin de jouer et tout est prétexte à le faire. Vous pouvez en partie continuer à faire ce que vous faites habituellement pour leur faire partager votre quotidien. Ils peuvent assister aussi bien à une petite séance d’étirements qu’à la préparation des repas ou à l’entretien du jardin.
3 conseils avec les préadolescents et plus
À cet âge, les relations avec vos petits-enfants ne passent désormais plus seulement par leurs parents. Vous avez alors sans doute votre plus belle carte à jouer.
Créez un rituel répétitif: leur emploi du temps est généralement compliqué, alors même si ce n’est qu’une fois de temps en temps, créez-vous un rendez-vous régulier à confirmer la veille par SMS. Et indiquez-leur bien que vous les attendez, mais que vous avez, tout comme eux, d’autres choses à faire et le besoin de vous organiser. Écoutez-les : soyez attentive et disponible lorsqu’ils vous parlent. Parfois, c’est plus facile d’aborder avec ses grands-parents les sujets difficiles quand ils craignent de décevoir leurs parents, par exemple. Interrompez ce que vous faites, regardez-les, soyez proches et tactiles. Ils doivent savoir cependant que, selon ce qu’ils vous confient, leurs parents devront être informés.
Osez être ferme : « Les parents ne peuvent pas se permettre de rompre avec les enfants, alors que les grands-parents peuvent mettre un peu de distance en disant : “Cela ne me plaît pas, ce que tu as fait, alors écarte-toi un peu et tu reviendras quand tu auras changé. Je peux très bien vivre sans te voir” », indique le pédopsychiatre Marcel Rufo, précisant à contre-courant de ce que l’on imagine être le rôle éducatif que peuvent jouer les grands-parents. Il ajoute : « Ils peuvent dire les choses avec sérénité, avec radicalité même. »