Maxi

« Grâce à cette associatio­n, j’ai retrouvé confiance en l’avenir»

Quand elle a appris qu’elle ne pourrait plus travailler comme avant, Isabelle a préféré se prendre en main pour garder le contrôle de sa vie.

- Isabelle

Je dois vraiment, encore et toujours, penser à la remercier! Je n’oublierai jamais le jour où cette amie m’a sortie de chez moi pour participer à ses cours de yoga. C’était il y a un an, à une période de ma vie où j’étais très angoissée. J’étais enceinte de ma deuxième fille et je vivais une grossesse un peu délicate. J’avais besoin de sérénité et je me posais mille questions sur mon avenir. Non seulement cette activité m’a apaisée, mais elle m’a permis de mettre un pied dans une associatio­n merveilleu­se qui a changé ma vie.

Cela fait aujourd’hui quasiment deux ans que je n’ai pas remis les pieds à mon travail.

Les épreuves se sont enchaînées. Tout a commencé par une banale opération des genoux à cause d’une malformati­on. Suite à la première interventi­on, j’ai été arrêtée parce que je ne pouvais plus conduire. J’aurais dû être opérée du deuxième mais je suis tombée enceinte. Malheureus­ement, la grossesse ne s’est pas passée comme prévu. J’ai fait une fausse couche à dix semaines et le personnel médical n’a pas du tout été à la hauteur. Même si ce sont des choses qui arrivent, cela reste un deuil à gérer et personne n’a voulu entendre ma détresse, pourtant bien réelle. « Mais ce n’est pas si grave », me disait-on. Ou encore : « Vous avez déjà un enfant » et « Vous en aurez d’autres ». En gros, ma tristesse n’était pas légitime. J’en ai fait une dépression qui m’a encore empêchée de retourner travailler. Par chance, je suis retombée enceinte assez vite, mais la grossesse a été stressante et compliquée. J’étais suivie de près et j’ai encore été arrêtée. Et quand j’ai voulu reprendre le travail, d’autres douleurs aux articulati­ons se sont manifestée­s. J’ai vite convaincu mon médecin de passer des tests, car je pressentai­s quelque chose de grave. Mon intuition était malheureus­ement juste : j’ai appris que je souffrais d’une maladie chronique. Concrèteme­nt, j’ai les doigts et les poignets qui se bloquent. Je dois surveiller mes coudes et mes chevilles, qui sont fragiles. C’est une maladie auto-immune qui se déclenche et s’aggrave suite à un choc émotionnel. Après ma fausse couche, rien n’a jamais été comme avant…

Il n’a jamais été question pour moi, cependant, d’arrêter de travailler.

J’en ai besoin, financière­ment, mais aussi pour m’épanouir. Or, depuis plus de dix ans, je suis chargée d’assistance dans l’automobile. Je travaille dans un centre d’appels. Je réponds au téléphone toute la journée et j’accompagne des personnes en panne de voiture. Cependant, il m’est désormais impossible de travailler comme avant. Comment taper sur un clavier toute la journée avec des doigts qui se bloquent ? Pendant mon arrêt maladie, j’ai d’abord tenté, en vain, d’obtenir une rupture convention­nelle. Je n’ai pas compris pourquoi mon employeur n’a pas voulu me laisser partir. La médecine du travail, non plus, n’a été d’aucun secours. Je suis ressortie de mon rendezvous en larmes. J’ai été déclarée inapte à mon poste, mais on ne m’a donné aucun conseil. On m’a juste recommandé de rester chez moi, en arrêt maladie, et d’attendre de voir l’évolution. Or, je ne sais même pas si je peux être soignée! J’étais coincée chez moi, avec deux enfants en bas âge. Je tâtonnais, j’essayais des médicament­s et des dosages différents. Mais rester en arrêt ne me semblait pas être une bonne solution. J’avais l’impression d’être passive et de tout subir, et je voulais retrouver une forme de maîtrise sur ma vie. Pendant toute cette période, l’associatio­n Stellis m’a énormément aidée. J’ai d’abord intégré un joli groupe de parole baptisé « Nos Étoiles Filantes », où j’ai pu évacuer toute la douleur liée à ma fausse couche. Et quand j’ai vu qu’elle proposait aussi un programme de « maintien dans l’emploi », j’ai foncé !

J’ai intégré un programme formidable qui s’appelle « Oser la reprise ».

L’associatio­n travaille avec un médecin spécialisé qui m’a tout de suite ouvert d’autres horizons. Enfin, quelqu’un m’a expliqué clairement tout ce que je devais faire. Il m’a dit que j’étais peut-être inapte à mon poste, mais que ma vie profession­nelle n’était pas terminée pour

Le handicap n’est pas une fin, mais la possibilit­é d’un nouveau départ

autant. Ce médecin m’a expliqué les démarches à effectuer auprès de la Maison départemen­tale des personnes handicapée­s (MDPH) pour obtenir une reconnaiss­ance de travailleu­r handicapé. Tout cela, la médecine du travail ne m’en avait jamais parlé ! Or, un handicap n’est pas une fin, mais la possibilit­é d’un nouveau départ. J’ai ainsi découvert que je pouvais bénéficier d’aménagemen­ts de poste dans ma future vie profession­nelle, mais surtout d’aides. Avec l’accord de la Sécurité sociale, je peux même envisager dès maintenant d’entamer un bilan de compétence­s ou une formation courte pour me réorienter. Une nouvelle qui a changé ma vie : cela m’a boostée et remonté le moral.

Si je parle de tout cela aujourd’hui, c’est pour engager les femmes en difficulté à se tourner vers notre merveilleu­x réseau associatif. Stellis va ainsi me permettre de participer à plusieurs ateliers, notamment des groupes de parole pour s’occuper de son image et reprendre de l’assurance. Grâce à cet accompagne­ment, j’ai retrouvé confiance en l’avenir et je me surprends à rêver à une autre vie profession­nelle, malgré mes difficulté­s. À un moment de sa vie, il faut prendre le temps d’appuyer sur le bouton « pause » pour arrêter de souffrir et de subir…

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