Plus belle la vie
15 ans déjà ! Les raisons de cet incroyable succès
Chaque soir, nous sommes environ 3,8 millions de téléspectateurs à retrouver Roland Marci, Mirta Torres, Vincent Chaumette et les autres protagonistes de Plus belle la vie. Au programme des vingt-six minutes de chaque épisode, des ingrédients qui ont largement fait leurs preuves : de l’amour, de l’amitié, de la trahison, des petits bonheurs, des grandes peines, mais aussi des intrigues policières, voire des apparitions fantastiques. Voilà 15 ans que cela dure et on ne s’en lasse pas. Quels sont les secrets d’une telle longévité ?
Des débuts difficiles
Les premiers épisodes ont pour
tant laissé craindre le pire : lorsque France 3 lance Plus belle la vie le 30 août 2004 à 20 h 20, l’échec est cuisant : seuls 7,1 % des téléspectateurs sont séduits. De leur côté, les critiques sont rudes : le jeu des comédiens et la qualité du scénario sont étrillés. Mais, chose rare à la télévision, la direction de la chaîne décide de laisser le temps au feuilleton de s’installer. Il faut dire que la production a bien fait les choses : plus de 1100 m2 de décors ont été construits de toutes pièces dans les studios marseillais de la Belle de Mai, dont la célèbre place du Mistral, inspirée du quartier du Panier de la cité phocéenne. Peu à peu, la série finit par décoller. « De 2006 à 2014, plus de 5 millions de téléspectateurs fidèles suivent attentivement le feuilleton, parfois ils sont même 6,8 millions devant leur écran », se souvient Laurent Sarrazin, chargé d’études au sein de la direction de la stratégie des publics de France Télévisions. « Mais face à la montée en puissance de l’offre sur la TNT et la concurrence accrue des plateformes de diffusion en replay, les audiences se sont petit à petit érodées. » Aujourd’hui, PBLV fait partie des grands succès de la télévision : elle est « la » série française la plus longue du petit écran tricolore. « Les téléspectateurs sont toujours au rendez-vous, se félicite Laurent Sarrazin. C’est très satisfaisant, surtout à un horaire que l’on sait redoutable, avec la concurrence des JT et des talkshows de la TNT… »
Des personnages qui nous ressemblent
En mettant en scène, jour après jour, la vie des habitants d’une
grande ville française, Plus belle la vie ne parle de rien d’autre que de nous. « Cette série est un miroir du quotidien de chacun », assure Laurent Sarrazin. En effet, les moins de 35 ans (qui représentent 14 % des téléspectateurs) s’identifient parfaitement à Abdel, Barbara ou Sabrina, tandis que les 35-59 ans se retrouvent à travers Luna, Thomas ou Céline ; quant aux plus de 60 ans (18 % des téléspectateurs), ils sont représentés par Mirta et Roland.
Femmes et hommes, urbains et ruraux, employés, cadres ou artisans… Tout le monde est représenté et c’est bien ce qui nous plaît. « La série est parvenue à installer une galaxie de personnages auxquels les téléspectateurs s’identifient et s’attachent, assure Laurent Sarrazin. Ces personnages sont confrontés à des problèmes concrets, chômage, divorce, harcèlement… qui résonnent avec ceux de tous les Français. » Assidus et fidèles, 50 % des téléspectateurs regardent quatre ou cinq épisodes par semaine, soit la totalité ou presque ! D’ailleurs, les fans aiment aussi se retrouver sur le web. « Plus belle la vie rassemble près de 2 millions de personnes sur Facebook, indique Laurent Sarrazin. C’est le feuilleton qui a la plus grande communauté de fans sur les réseaux sociaux. De plus, les sites et applications, lancés en octobre 2017, qui proposent des révélations sur les personnages, des scoops en avant-premières, des quiz, des infos sur les looks des héros et la déco de leur maison… ont réalisé un début d’année 2019 historique avec jusqu’à plus de 6 millions de vidéos vues cumulées par mois, soit une hausse de près de 40 % en un an. »
Une série miroir de notre société
Comment gagner cette insolente longévité ? En restant en phase avec son époque ! Chez PBLV, les scénaristes veillent à ce que les intrigues reflètent notre temps et n’hésitent pas à traiter toutes les thématiques qui émaillent notre société, aussi polémiques soient-elles : mariage homosexuel, toxicomanie, racisme, maladie d’Alzheimer, viol conjugal, émeutes lycéennes, prison, GPA (gestation pour autrui)… Des thèmes souvent largement abordés pendant plusieurs épisodes. Souvenez-vous quand Céline décide de recourir à une mère porteuse, elle est confrontée à un médecin qui se révèle être un escroc exploitant la détresse financière d’une autre femme. Si des associations se sont plaintes auprès du CSA qu’un tel thème soit abordé, la production s’est défendue de faire du prosélytisme et rappelle d’ailleurs qu’elle a représenté tous les points de vue. « Ce sujet comme d’autres, à l’instar des personnes transgenres ou des addictions comportementales, n’aurait
pas été traité il y a quelques années car il n’était pas dans l’air du temps », indique Sébastien Charbit, producteur de Plus belle la vie. Dernièrement, c’est le handicap, thème rarement évoqué à la télévision, qui a été abordé au travers du personnage de Luna, devenue paraplégique à la suite d’un accident. « Il s’agit d’explorer l’onde de choc d’un tel événement afin de mieux faire comprendre au grand public comment la vie d’une personne peut être subitement bouleversée », explique le producteur. Comment Luna va-telle vivre avec ce handicap ? Comment va-t-elle surmonter l’événement ? « Rien n’est encore écrit, affirme Sébastien Charbit. C’est ce suspense qui rend l’intrigue intéressante. Si dès le départ nous connaissions son issue, les téléspectateurs la devineraient, eux aussi ! » La série réussit également à intégrer des éléments d’actualité assez rapidement après leur déroulement, comme l’incendie de Notre-Dame, l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille ou, dernièrement, la mort de Jacques Chirac. « Pour cela, nous intégrons de petites séquences écrites et tournées la semaine même de la diffusion de l’épisode, révèle le producteur. Celles-ci nous permettent d’être en prise avec le public, avec ses préoccupations, quasiment au moment même où il les vit. Cette proximité est la plus grande richesse du feuilleton. » Une recette qui devrait lui permettre de durer encore un certain nombre d’années !