Mère, fille et associées
« Nous nous sommes reconverties dans les roses ! »
C’est une vue dont je ne me lasse pas. Par la fenêtre, notre exploitation s’étend sur 2,5 hectares autour d’une grande ferme. C’est aussi un jardin extraordinaire où poussent pas moins de 150 rosiers qui colorent l’horizon entre rose pâle et orange, en passant par le rouge. Il y a également des fruits, des légumes, du safran et deux chevaux qui mangent notre herbe et nous fournissent de l’engrais. Et puis il y a surtout Danja, ma fille, sans qui rien ne serait possible…
Dans une autre vie, j’ai beaucoup travaillé dans
des bureaux. Trop. Bien que j’aie grandi à la campagne, je me suis retrouvée dans une carrière professionnelle qui n’était pas celle dont je rêvais. Je suis née à une époque où l’on ne demandait pas vraiment aux enfants ce qu’ils avaient envie de faire comme études… Mes parents m’ont orientée vers le secrétariat parce que c’était une carrière stable. Je me suis exécutée, mais le rapport à la terre m’a toujours manqué. Je suis devenue secrétaire trilingue. Heureusement, j’aimais les langues. Néanmoins, dès que je le pouvais, je m’échappais à la campagne. J’ai toujours eu, dans un coin de la tête, l’idée de faire autre chose. Quand j’ai eu mes filles, je me suis beaucoup intéressée à la santé et à la nutrition. J’ai toujours cherché les aliments, les produits et les médicaments les plus naturels possible. Mais c’est seulement quand les enfants ont grandi que je me suis autorisée à envisager une nouvelle carrière. J’ai d’abord pensé devenir nutritionniste et j’ai suivi une formation pendant cinq ans. J’ai aussi étudié la naturopathie, en ayant derrière moi une vingtaine d’années de recherche personnelle. Tous ces sujets me passionnent depuis toujours. Mais encore fallaitil trouver ce que j’allais faire, professionnellement, de toutes ces connaissances…
J’ai toujours eu une relation
fusionnelle avec Danja. C’est pour elle et sa soeur que je suis venue vivre dans cette ferme dans les Vosges. Peu après ce déménagement, mon mari a quitté la maison et nous nous sommes débrouillées seules. Je leur ai fait l’école à la maison et, peut-être, sans le savoir, l’ai-je influencée. Elle était très douée en mathématiques, elle a fait des études brillantes et a décroché un beau diplôme en architecture d’intérieur. Toutefois, très vite, ce métier ne lui a pas plu. Il fallait surtout travailler en ville et elle aussi aspirait à travailler plus près de la nature. Au moins, elle s’est reconvertie plus vite que moi! Passionnée par les plantes et leurs vertus, elle a rapidement suivi une formation d’herboriste. En fait, nous avons eu, toutes les deux, les mêmes interrogations en même temps. Et un jour, il y a cinq ans, nous nous sommes demandé si nous ne pouvions pas faire quelque chose ensemble, dans notre village. L’idée était de travailler avec nos propres fleurs, autour de chez nous, de les transformer et de les vendre sous diverses formes. C’est Danja qui a eu l’idée d’utiliser les roses. Ainsi est née notre petite entreprise, « Aux Pétales Rouges* ». Nous vendons par exemple une tisane de pétales séchés de roses des Vosges, du sucre complet bio mélangé avec des brisures de pétales 100 % naturelles, une gelée de groseilles à la rose ou encore un chutney de groseilles et roses. À ce jour, nous avons créé plus de 100 produits différents. Mais nous cultivons aussi d’autres plantes. Depuis quatre ans, nous nous sommes également lancées dans le safran. Nous avons ainsi relancé une préparation médiévale à base de carottes et safran pimenté, qui accompagne autant les plats salés que sucrés. Un délice !
Au delà de l’amour filial, la relation est devenue encore plus forte