Comment profiter des écrans à bon escient…
Jeux, séries, recettes, réseaux sociaux… Nous passons de plus en plus de temps sur les appareils numériques. Gare aux excès!
Comment profiter des écrans à bon escient…
Cette année, nous avons passé 4 h 30 par jour devant un écran de téléphone, tablette, ordinateur ou télévision, soit 8 minutes de plus que l’année dernière*! De notre propre aveu, c’est trop: près des trois-quarts d’entre nous se disent dépendants des outils connectés*. « L’addiction aux écrans n’est pas encore reconnue scientifiquement mais chez certaines personnes, tous les signes sont présents », analyse Karine A.
Galland, spécialisée en détox digitale (rens. sur le-coaching.com). Alors, comment parvenir à limiter le temps passé devant nos écrans? * Baromètre de l’hyperconnexion,
BVA pour la Fondation April, mai 2019.
Une société désormais hyperconnectée
Souvenez-vous: il y a trente ans, il
fallait aller à la bibliothèque pour se documenter, on devait regarder le journal télévisé ou acheter un magazine pour s’informer et seul le téléphone fixe permettait de parler à ses proches quand ils étaient loin. L’arrivée d’Internet, via les smartphones, tablettes et autres ordinateurs, à partir des années 2000 a bouleversé nos habitudes. Aujourd’hui, on se parle via des messageries qui permettent de se voir en même temps, grâce au replay, on regarde nos émissions télévisées quand nous le souhaitons et non quand elles passent à la télé et on trouve une foule d’informations sur Wikipédia. C’est pratique et nous sommes de plus en plus nombreux à posséder ces appareils qui nous facilitent la vie : 75 % d’entre nous possèdent un smartphone tandis qu’1 Français sur 4 dispose à la fois d’un smartphone, d’une tablette tactile, d’un ordinateur portable et d’un ordinateur fixe*. Le problème est que l’on s’en sert souvent n’importe comment : n’avez-vous jamais consulté votre téléphone en plein dîner alors que vous étiez en compagnie ? N’avez-vous pas l’impression de vous coucher de plus en plus tard, absorbée par votre tablette que vous regardez dans votre lit ? Et, le matin, regarder l’écran de votre téléphone (ou tablette, ou ordinateur) est-il l’un de vos premiers gestes ? « Si vous répondez oui à l’une de ces questions, vous êtes peut-être concernée par l’hyperconnexion », assure Thibaud Dumas, docteur en neurosciences et auteur de Détox digitale, décrochez de vos écrans! (éd. Mango, mars 2019).
Des répercussions sur notre santé ou sur nos relations
Bien évidemment, être connectée
nous rend service pour trouver une adresse, une recette de cuisine, acheter un billet de train… Mais cela nous procure surtout toutes les distractions que nous souhaitons, 24 h sur 24, 7 jours sur 7. Or, ce n’est pas sans conséquences.
« Il y a d’abord un “coût” environnemental, explique Thibaud Dumas. Selon l’ONG Greenpeace, l’énergie nécessaire à la mise en place et à l’utilisation des réseaux numériques représente 12 % de la consommation d’énergie mondiale. » Être trop connectée impacte aussi notre cerveau. « Nous le soumettons en permanence à des informations qu’il doit assimiler: cela mobilise notre attention et notre concentration, indique Thibaud Dumas. Or, nous en possédons en quantité limitée : les dépenser devant des écrans se fait au détriment d’autres activités, manuelles, sportives et de nos relations sociales… ». En outre, toutes les applications et les produits proposés sur les écrans sont conçus pour rendre accro. « Les séries qui se terminent par un rebondissement et enclenchent automatiquement un nouvel épisode, les jeux avec des parties courtes, des récompenses, des nouveautés régulières, tout comme les réseaux sociaux qui font défiler constamment des informations inédites… Tout est imaginé pour que nous ayons du mal à décrocher. Et cela fonctionne parfaitement! », rappelle Karine A. Galland. En étant constamment sollicités, nous ne nous ennuyons plus alors que ces moments de calme, à rêvasser, à regarder le paysage dans les transports, sont bénéfiques pour notre cerveau. Quand l’utilisateur ne parvient plus à limiter sa consommation, cela entraîne des réactions de manque et d’obsession : certaines personnes peuvent finir par ne plus sortir de chez elles car elles préfèrent rester rivées sur leurs appareils, d’autres peuvent avoir le sommeil perturbé, ressentir du stress, de l’irritabilité… « Les écrans peuvent devenir un refuge pour éviter de se confronter à une réalité déplaisante lorsque l’on traverse une période difficile, assure Karine A. Galland. C’est une échappatoire qui peut paraître inoffensive car elle n’implique aucune substance illicite, or c’est le signe d’une addiction ! »
Une stratégie pour déconnecter
Pour éviter de tomber dans l’ad
diction, il est important de se mettre des limites, surtout si votre entourage vous a déjà fait remarquer que vous passiez beaucoup de temps devant des écrans. « Évitez le téléphone, la tablette ou la télévision dans la chambre, et cessez de consulter les réseaux sociaux ou de faire des jeux sur écran une heure au moins avant de vous coucher, indique Karine A. Galland. Prenez plutôt un livre, un magazine! Le matin, accordez-vous une heure avant d’allumer votre téléphone. » Mieux vaut également désactiver la fonction « notifications » de votre smartphone et de votre tablette. « Cela évitera que votre curiosité soit titillée par un message vous informant d’un nouveau post sur Facebook », explique Thibaud Dumas. Lors d’un moment avec vos proches, mettez votre téléphone en mode avion ou éteignez-le pour ne pas être dérangée. Mais ne le laissez pas sur la table: la tentation de l’attraper serait trop grande! Enfin, ne laissez pas la télévision allumée en permanence : certes, cela peut créer une présence, mais cela risque de vous attirer devant l’écran alors que le programme diffusé ne vous passionne pas. « Organisez des temps de déconnexion de 19 h à 7 h, par exemple, ou le dimanche, suggère le docteur en neurosciences. Invitez vos proches à en faire de même et prévoyez des activités ensemble : une sortie en forêt, des jeux… » Au début, vous ressentirez un manque, mais ensuite, vous apprécierez ce temps et aurez envie de retenter l’expérience !