Bienfaits santé 5 conseils pour protéger son foie
Fragile et longtemps négligé, notre foie mérite qu’on prenne soin de lui afin d’éviter tout pépin. Les conseils du Dr Dominique Lannes, hépatologue*.
En France, 30 % de la population a le foie gras et, parmi les personnes présentant cette stéatose, 10 % développent une Nash (stéatohépatite non alcoolique). Cette pathologie, qui est en forte augmentation, est la première étape vers la cirrhose, qui peut, elle, être à l’origine d’un cancer. Heureusement, ces évolutions ne sont pas systématiques. L’hérédité tient un rôle important. Certains ont un foie costaud, d’autres subissent ces facteurs de risques : alimentation trop riche en sucres et en graisses, consommation d’alcool, sédentarité, obésité, diabète, hypercholestérolémie ou bien les virus des hépatites B et C. Voilà qui donne, par opposition, quelques pistes pour préserver cet organe sensible ! Et mieux vaut prévenir, car si la stéatose est réversible, il n’est pas toujours possible de guérir à des stades avancés des maladies hépatiques, faute de traitements contre la Nash et la cirrhose.
Mieux manger C’est le conseil numéro 1 à observer pour épargner le foie, aux premières loges des apports caloriques. Limiter le gras, surtout issu de produits alimentaires industriels, est bien sûr primordial, mais également le sucre, auquel on pense moins.
✔ Ce qu’il faut faire. Le régime méditerranéen donne de bons repères, il propose de consommer plus de fruits et légumes, du pain complet, des céréales, des légumineuses, des fruits à coques, des produits laitiers de façon modérée et de préférence sous forme fermentée, du poisson (2 à 3 fois par semaine) et un peu de volaille, tout en limitant la viande rouge, le tout agrémenté d’huiles d’olive et de colza. Autre piste diététique : le régime IG, qui s’appuie sur le calcul de l’index glycémique des aliments (ou de leur effet sur notre glycémie). Plus l’index IG est élevé, plus il élève le taux de glucose dans le sang et la production d’insuline. Et, en cas d’excès de sucre apporté à l’organisme, le foie fabrique et stocke trop de gras. Il s’agit surtout de bien gérer les associations alimentaires afin de ne pas cumuler les effets. À savoir : la baguette de pain blanc, les carottes cuites, le riz blanc, les pâtes instantanées, les pommes de terre cuites, les frites et, même, le pain complet, les navets ou l’ananas ont un IG élevé. On peut faire baisser ce taux par la préparation (à l’eau plutôt qu’au four, cru plutôt que cuit, plutôt que raffiné) ou par les combinaisons (un morceau de pain avec un morceau de fromage plutôt que seul, par exemple).
Privilégier l’eau À éviter à tout prix : les boissons sucrées, c’est-à-dire les sodas et autres jus de fruits, souvent riches en glucose et/ou en fruc
tose, qui s’avèrent être des bombes glycémiques, ainsi que les boissons alcoolisées. L’alcool est non seulement sucré mais également toxique en lui-même pour le foie. Hélas, sa consommation reste trop élevée en France (12,6 litres d’alcool pur par an par personne, d’après les derniers chiffres de l’OMS) et ses effets conjugués avec ceux des sodas expliquent l’augmentation de la stéatose.
✔ Ce qu’il faut faire. La consommation de ces boissons devrait être uniquement récréative et très occasionnelle. Il faudrait, par exemple, se limiter, à deux verres de vin au maximum et jamais tous les jours. À savoir : ce sont des indications moyennes, qui sont surévaluées pour les femmes, plus sensibles aux effets toxiques de l’alcool.
Bouger plus
L’activité physique aide l’organisme à mieux gérer les apports caloriques, et le foie à bien fonctionner. Hélas, la sédentarité a beaucoup progressé dans les pays développés et plus d’une femme sur cinq est concernée en France (source : Santé Publique France, 2019).
✔ Ce qu’il faut faire. Bouger tous les jours en faisant au moins 30 minutes d’activité dynamique (marche, vélo, jardinage, monter les escaliers…), plus deux séances hebdomadaires d’une heure de renforcement musculaire.
Se surveiller
La vigilance s’impose quand on cumule plusieurs facteurs de risque : mauvaise hygiène alimentaire, surpoids, diabète, cholestérol élevé, sédentarité, hérédité…
✔ Ce qu’il faut faire. On surveille d’éventuels symptômes, tels que des nausées, une gêne, voire une douleur au côté droit, un teint jaune, un ventre gonflé pouvant indiquer la présence d’ascite. Bon à savoir : ces symptômes surviennent généralement à un stade avancé de la pathologie (Nash, cirrhose ou cancer), et mieux vaut faire des bilans sanguins régulièrement pour doser les transaminases. Le cas échéant, une échographie et un fibroscan permettent aussi de poser le diagnostic de la stéatose et de la Nash.
Se protéger des virus
Deux autres ennemis du foie, indépendamment de l’hygiène de vie, sont le virus B (transmis lors de rapports sexuels non protégés, par la mère à l’accouchement, ou par le sang), qui touche jusqu’à 300 000 personnes en France, et le virus C (transmis via le sang également), infectant près de 200000 personnes. Dans la majorité des cas, ces maladies sont ignorées et peuvent lentement évoluer en cirrhose et en cancer. L’hépatite A, quant à elle, est moins courante et généralement bénigne. Environ 1500 personnes seulement la contractent chaque année, souvent en séjournant dans les zones d’endémie, et 99 % parviennent à éliminer le virus spontanément. À surveiller tout de même.
✔ Ce qu’il faut faire. Se faire vacciner contre l’hépatite B est la meilleure façon d’éviter la contamination et il n’est jamais trop tard pour le faire. Ensuite, il existe des traitements efficaces, par antiviraux, pour les deux formes d’hépatites B et C. Mais encore fautil savoir que l’on est infecté : un simple bilan sanguin permet d’en avoir le coeur net.
* Coauteur, avec Catherine Siguret, de Nash, la maladie de la malbouffe, paru aux éditions Flammarion.