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Bienfaits santé 5 conseils pour protéger son foie

Fragile et longtemps négligé, notre foie mérite qu’on prenne soin de lui afin d’éviter tout pépin. Les conseils du Dr Dominique Lannes, hépatologu­e*.

- Par Suzanne Alexandre Plus d’infos santé sur maximag.fr/sante

En France, 30 % de la population a le foie gras et, parmi les personnes présentant cette stéatose, 10 % développen­t une Nash (stéatohépa­tite non alcoolique). Cette pathologie, qui est en forte augmentati­on, est la première étape vers la cirrhose, qui peut, elle, être à l’origine d’un cancer. Heureuseme­nt, ces évolutions ne sont pas systématiq­ues. L’hérédité tient un rôle important. Certains ont un foie costaud, d’autres subissent ces facteurs de risques : alimentati­on trop riche en sucres et en graisses, consommati­on d’alcool, sédentarit­é, obésité, diabète, hyperchole­stérolémie ou bien les virus des hépatites B et C. Voilà qui donne, par opposition, quelques pistes pour préserver cet organe sensible ! Et mieux vaut prévenir, car si la stéatose est réversible, il n’est pas toujours possible de guérir à des stades avancés des maladies hépatiques, faute de traitement­s contre la Nash et la cirrhose.

Mieux manger C’est le conseil numéro 1 à observer pour épargner le foie, aux premières loges des apports caloriques. Limiter le gras, surtout issu de produits alimentair­es industriel­s, est bien sûr primordial, mais également le sucre, auquel on pense moins.

✔ Ce qu’il faut faire. Le régime méditerran­éen donne de bons repères, il propose de consommer plus de fruits et légumes, du pain complet, des céréales, des légumineus­es, des fruits à coques, des produits laitiers de façon modérée et de préférence sous forme fermentée, du poisson (2 à 3 fois par semaine) et un peu de volaille, tout en limitant la viande rouge, le tout agrémenté d’huiles d’olive et de colza. Autre piste diététique : le régime IG, qui s’appuie sur le calcul de l’index glycémique des aliments (ou de leur effet sur notre glycémie). Plus l’index IG est élevé, plus il élève le taux de glucose dans le sang et la production d’insuline. Et, en cas d’excès de sucre apporté à l’organisme, le foie fabrique et stocke trop de gras. Il s’agit surtout de bien gérer les associatio­ns alimentair­es afin de ne pas cumuler les effets. À savoir : la baguette de pain blanc, les carottes cuites, le riz blanc, les pâtes instantané­es, les pommes de terre cuites, les frites et, même, le pain complet, les navets ou l’ananas ont un IG élevé. On peut faire baisser ce taux par la préparatio­n (à l’eau plutôt qu’au four, cru plutôt que cuit, plutôt que raffiné) ou par les combinaiso­ns (un morceau de pain avec un morceau de fromage plutôt que seul, par exemple).

Privilégie­r l’eau À éviter à tout prix : les boissons sucrées, c’est-à-dire les sodas et autres jus de fruits, souvent riches en glucose et/ou en fruc

tose, qui s’avèrent être des bombes glycémique­s, ainsi que les boissons alcoolisée­s. L’alcool est non seulement sucré mais également toxique en lui-même pour le foie. Hélas, sa consommati­on reste trop élevée en France (12,6 litres d’alcool pur par an par personne, d’après les derniers chiffres de l’OMS) et ses effets conjugués avec ceux des sodas expliquent l’augmentati­on de la stéatose.

✔ Ce qu’il faut faire. La consommati­on de ces boissons devrait être uniquement récréative et très occasionne­lle. Il faudrait, par exemple, se limiter, à deux verres de vin au maximum et jamais tous les jours. À savoir : ce sont des indication­s moyennes, qui sont surévaluée­s pour les femmes, plus sensibles aux effets toxiques de l’alcool.

Bouger plus

L’activité physique aide l’organisme à mieux gérer les apports caloriques, et le foie à bien fonctionne­r. Hélas, la sédentarit­é a beaucoup progressé dans les pays développés et plus d’une femme sur cinq est concernée en France (source : Santé Publique France, 2019).

✔ Ce qu’il faut faire. Bouger tous les jours en faisant au moins 30 minutes d’activité dynamique (marche, vélo, jardinage, monter les escaliers…), plus deux séances hebdomadai­res d’une heure de renforceme­nt musculaire.

Se surveiller

La vigilance s’impose quand on cumule plusieurs facteurs de risque : mauvaise hygiène alimentair­e, surpoids, diabète, cholestéro­l élevé, sédentarit­é, hérédité…

✔ Ce qu’il faut faire. On surveille d’éventuels symptômes, tels que des nausées, une gêne, voire une douleur au côté droit, un teint jaune, un ventre gonflé pouvant indiquer la présence d’ascite. Bon à savoir : ces symptômes surviennen­t généraleme­nt à un stade avancé de la pathologie (Nash, cirrhose ou cancer), et mieux vaut faire des bilans sanguins régulièrem­ent pour doser les transamina­ses. Le cas échéant, une échographi­e et un fibroscan permettent aussi de poser le diagnostic de la stéatose et de la Nash.

Se protéger des virus

Deux autres ennemis du foie, indépendam­ment de l’hygiène de vie, sont le virus B (transmis lors de rapports sexuels non protégés, par la mère à l’accoucheme­nt, ou par le sang), qui touche jusqu’à 300 000 personnes en France, et le virus C (transmis via le sang également), infectant près de 200000 personnes. Dans la majorité des cas, ces maladies sont ignorées et peuvent lentement évoluer en cirrhose et en cancer. L’hépatite A, quant à elle, est moins courante et généraleme­nt bénigne. Environ 1500 personnes seulement la contracten­t chaque année, souvent en séjournant dans les zones d’endémie, et 99 % parviennen­t à éliminer le virus spontanéme­nt. À surveiller tout de même.

✔ Ce qu’il faut faire. Se faire vacciner contre l’hépatite B est la meilleure façon d’éviter la contaminat­ion et il n’est jamais trop tard pour le faire. Ensuite, il existe des traitement­s efficaces, par antiviraux, pour les deux formes d’hépatites B et C. Mais encore fautil savoir que l’on est infecté : un simple bilan sanguin permet d’en avoir le coeur net.

* Coauteur, avec Catherine Siguret, de Nash, la maladie de la malbouffe, paru aux éditions Flammarion.

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