Maxi

TÉMOIGNAGE « Nous contribuon­s à redonner vie au village »

Delphine et son mari voulaient changer de vie. Quand elle a appris que le maire d’un village en Dordogne cherchait des candidats pour reprendre le restaurant communal, ils se sont lancés !

- Delphine

Ce matin encore, j’étais au restaurant pour préparer les repas. Au menu, aujourd’hui : tarte de légumes, en entrée, poulet à l’estragon et au riz, en plat, et une tarte aux poires, en dessert. Comme toujours, des produits frais, locaux et, si possible, bio. J’avais acheté les volailles dans le village d’à côté et les pommes et poires viennent de chez nous. Après le service, je passerai dans mon cabinet d’ostéopathe, juste à côté, pour voir trois patients, pas plus. Je serai ainsi disponible pour nos trois enfants à la sortie de l’école. Enfin, nous prenons le temps de vivre et nous menons l’existence dont nous rêvions.

Dans une autre vie, Yann et moi n’arrêtions pas de courir. Nous avions une belle vie, une jolie maison, deux belles situations, mais nous étions épuisés. Nous vivions déjà à la campagne, en Belgique, mais nous travaillio­ns en ville. Je gérais un gros cabinet d’ostéopathi­e avec sept salariés et où je travaillai­s quasiment tous les jours du matin au soir. C’était tout le temps la course pour aller chercher les enfants à l’école et les emmener aux activités. Yann était consultant en gestion, dans le domaine de l’environnem­ent, et se déplaçait beaucoup dans différente­s entreprise­s. Même si nous aimions notre travail, nous n’en pouvions plus de perdre des heures et des heures chaque jour dans notre voiture, loin de nos trois enfants. Les questions de santé et d’écologie nous tenaient à coeur et, pourtant, nous vivions à « cent à l’heure ». Matérielle­ment, cette vie était très confortabl­e. Cependant, nous avions le sentiment qu’il fallait faire une pause et que nous pouvions essayer autre chose. L’avantage que nous avons eu a été de nous poser tous les deux les mêmes questions en même temps ! Il y a neuf ans, à la naissance de notre deuxième enfant, nous étions déjà venus en Dordogne pour un projet de reprise qui ne s’était pas fait. Nous avions repris le cours de notre existence, mais après la naissance de notre troisième enfant, il devenait urgent pour nous de changer de vie et de profiter davantage de notre famille…

Je n’oublierai jamais le jour où j’ai entendu parler du village de Saint-Pierre-de-Frugie. Nous étions actifs dans beaucoup de réseaux liés à l’environnem­ent et nous recevions beaucoup de lettres d’informatio­n avec des projets qui pourraient nous intéresser. Yann m’avait transféré, sans vraiment le lire, un message avec le joli projet de ce maire de Dordogne, qui voulait faire revivre son village. La commune ne comptait alors plus que 350 habitants, pour beaucoup âgés. J’étais dans mon lit et je me souviens lui avoir dit : « Mais tu as vu ce projet ? La région ? On arrête tout et on regarde ! » C’était exactement ce dont nous rêvions. Nous ne nous sommes pas précipités et nous sommes d’abord venus en

Dordogne « en touristes », avec les enfants pour voir si nous pourrions nous plaire dans la région. Nous avons tout de suite ressenti des ondes et une énergie positives. Ensuite, nous sommes revenus une fois par mois, avec Yann, pour envisager différents projets. Il y avait un restaurant communal à reprendre. Nous n’avions pas d’expérience dans la restaurati­on, mais nous adorions cuisiner et chercher de bons produits. Nous avons ensuite envoyé une candidatur­e avec une lettre de motivation. Nous avons rencontré le maire et le courant est bien passé. Nous avons été portés par son enthousias­me. L’idée était de faire revivre le village et ses producteur­s en proposant une carte simple avec des produits locaux de saison et, si possible, issus de l’agricultur­e biologique. Notre restaurant ne s’appelle pas « Saveurs et Valeurs » pour rien ! Nous nous sommes préparés à notre reconversi­on pendant plusieurs mois. Il a fallu démarcher tous les producteur­s de la région. Yann, de son côté, s’est aussi formé pendant six mois à son futur métier avec des amis restaurate­urs.

Cela fait maintenant presque deux ans que nous avons déménagé, sans regrets. Nous ne sommes pas les seuls à avoir fait ce choix. Une cinquantai­ne de nouveaux arrivants, comme nous, ont fait émerger de beaux projets. Une école Montessori avait été ouverte avant notre arrivée. Avec d’autres parents, nous avons

Nous sommes ravis et, surtout, nos enfants adorent leur nouvelle vie !

également créé une classe de collège qui n’existait pas. Une épicerie a ouvert. Un jardin partagé s’est créé… Nous avons changé de vie et, tous ensemble, participé à la renaissanc­e de ce magnifique village. Et ma vie également a changé. Je ne travaille plus qu’à temps partiel, dans un cabinet à côté du restaurant. J’ai enfin du temps pour mes enfants et pour m’investir dans la vie associativ­e locale. Mon mari est épanoui et moi aussi, même si nos revenus ont fortement diminué. Et, surtout, nos enfants adorent leur nouvelle vie. Nous avons trouvé une maison à côté du restaurant. Ils ont des amis, se déplacent à vélo en toute sécurité. Bien sûr, il y a des habitants qui sont nés ici et qui ont été un peu bousculés par ces changement­s. Mais globalemen­t, tout se passe bien. Nous avons vraiment quitté notre ancienne vie, sans nous retourner. Il y a deux ans, beaucoup de nos proches nous prenaient pour des fous. Maintenant qu’ils voient comment nous vivons, ils comprennen­t !

Les faits cités et les opinions exprimées sont les témoignage­s recueillis dans le cadre d’enquêtes effectuées pour réaliser ce reportage. Rapportés par Maxi, ils n’engagent que les témoins eux-mêmes.

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