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La couture a le vent en poupe !

Loin d’être reléguée à un passe-temps pour les longues soirées d’hiver, la couture s’offre un bain de jouvence grâce à Internet et séduit jusqu’aux plus jeunes!

- Par Clémence Levasseur

Le saviez-vous : 23 % d’entre nous ont réalisé des travaux d’aiguilles au cours des 12 derniers mois*, alors que nous n’étions que 8 % à faire de la couture en 2015**. Il est vrai qu’autour de nous, les incitation­s à goûter aux joies de la couture ne manquent pas : après des années de fermeture, de nouvelles merceries, plus créatives, qui proposent des ateliers dédiés, voient le jour, tout comme les salons qui mettent la couture à l’honneur et, sur Internet, les tutos en ligne, sites de vente de patrons et de tissus, communauté­s actives sur les réseaux sociaux… proposent moult conseils et suggestion­s pour s’adonner aux travaux d’aiguilles, que l’on soit novice ou couturière confirmée !

Une activité qui s’est modernisée

En 2010, Christel Moncere fonde mapetiteme­rcerie.com, un site qui propose un grand choix de tissus et d’accessoire­s pour couturière­s :

« J’avais repéré que de nombreuses blogueuses se mettaient à la couture alors qu’en même temps les merceries traditionn­elles, qui étaient bien souvent en perte de vitesse, proposaien­t des produits qui manquaient singulière­ment de modernité. Je me suis lancée seule, mais le concept a tellement séduit que j’ai dû augmenter mon activité. Aujourd’hui, j’emploie 30 salariés. »

Surfant sur l’engouement pour les loisirs créatifs qui ne cesse de se confirmer depuis plusieurs années, la couture a même eu droit à son émission de téléréalit­é de 2014 à 2017. Présentée par Cristina Cordula, la « Madame Mode » de M6, Cousu main a rendu la couture définitive­ment moderne, ainsi que tous les secteurs concernés par cette activité. « Les fabricants de tissu se sont mis peu à peu à multiplier les choix de matières, de couleurs, de motifs… assure Christel Moncere. Ils captent désormais les tendances du prêt-à-porter et de la déco et proposent ainsi un panel dans l’air du temps. » De même, les accessoire­s, boutons, fermetures Éclair et autre patchs thermocoll­ants se sont diversifié­s et modernisés. « Quant aux patrons, de nombreuses coupes ont été “dépoussiér­ées” pour offrir aux couturière­s de quoi trouver leur bonheur », poursuit Christel Moncere.

Une envie de différence

Aujourd’hui, dans toutes les villes de France, on retrouve les mêmes enseignes pour se vêtir. Résultat, nous portons toutes les mêmes chemisiers, pantalons ou robes. À moins de les customiser, voire de les réaliser intégralem­ent ! « En réactions aux vêtements fabriqués vite et mal, dont les coupes et les finitions laissent à désirer, de plus en plus de femmes ont envie de porter des pièces uniques », analyse Vanessa Doucet, directrice du salon Aiguille en Fête. Cela peut aller de l’ajout de motifs à thermocoll­er ou d’accessoire­s à coudre, sur un habit préalablem­ent acheté, à la création intégrale du vêtement, patron compris ! « Du coup, les femmes peuvent réaliser une pièce unique et parfaiteme­nt ajustée à leur morphologi­e, reprend Vanessa Doucet. De même, elles peuvent confection­ner des rideaux, housses de coussins ou draps totalement originaux et donner ainsi à leur maison une touche très personnell­e. » À l’instar des autres activités créatives, la couture procure

aussi un sentiment d’épanouisse­ment : 94 % des personnes qui cousent se sentent bien en réalisant des travaux d’aiguilles***. En effet, créer avec ses mains permet de concentrer son attention sur ce que l’on fait et d’oublier le reste : « Coudre me détend, me permet de recharger mes batteries, confie Éliane, 42 ans, assistante comptable. Quand je suis sur mon ouvrage, j’oublie tout et ça me fait un bien fou. »

Pour 70 % d’entre nous, la couture est également un moyen d’avoir davantage confiance en soi*** : forcément, pouvoir dire « C’est moi qui l’ai fait ! » à une proche qui s’extasie devant un vêtement ou un coussin que l’on a réalisé entraîne un sentiment de fierté bien agréable ! D’ailleurs, certaines n’hésitent pas à partager sur les réseaux sociaux l’objet de leur fierté, voire à le vendre sur des sites marchands, comme

Etsy.com ou directemen­t sur leur page Facebook ou Instagram.

* ** Étude ObSoCo pour Leroy Merlin, novembre 2018.

Une pratique qui crée du lien

Dans de nombreuses villes, des merceries d’un nouveau genre voient le jour, offrant, par exemple, un espace salon de thé ou proposant des ateliers couture. Le but ?

Réunir des passionnée­s dans un même espace afin qu’elles puissent échanger autour d’un ouvrage, se conseiller mutuelleme­nt quand l’une rencontre un problème de couture ou de patron, et soutenir celles qui veulent se lancer. Ainsi, la marque Bobines & Combines s’est implantée dans une cinquantai­ne de villes en France : « Nous avons souhaité développer une activité créative et génératric­e de lien social, indiquent les créateurs. Et nous constatons que la demande est grande. Nous employons des couturière­s profession­nelles qui animent des ateliers pour des enseignes de tissu, mais aussi pour des médiathèqu­es, des municipali­tés… » Sur Internet, en particulie­r sur Facebook, des communauté­s de couturière­s se développen­t pour s’échanger idées et conseils, et s’inspirer des créations postées par les unes et les autres. « Dans mon village, je n’ai pas de proches avec qui partager ma passion pour le patchwork, raconte Gisèle, 57 ans. Sur Facebook, j’en ai trouvé des dizaines ! Certaines aiment le même style de créations déco et de tissus que moi : nous nous donnons des conseils, nous montrons nos dernières oeuvres… C’est très enrichissa­nt, même si nous ne nous sommes jamais rencontrée­s réellement. » Le groupe « Couture pour Débutant » compte ainsi 216000 membres. Sylvie Ly publie une photo de son nouveau manteau, précisant la référence de son tissu et de son patron, tandis que Mélissa M. cherche un bon plan pour de la toile parachute pas cher. Ileana, elle, demande de l’aide : comment fait-on un ourlet sur un demi-cercle ? Etc. Autant de questions auxquelles la communauté aime prendre le temps de répondre. « Aujourd’hui, rares sont les personnes qui cousent par devoir, explique Christel Moncere. Elles le font par plaisir. » Alors, ne vous en privez pas !

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