Maxi

Témoignage « Mon bonheur, créer des objets pour bébés »

Adolescent­e, Fanny adorait dessiner et coudre. Elle s’y est remise avant la naissance de sa première fille. Et, de fil en aiguille, elle a aussi changé de vie…

- Fanny

Mes dernières créations? Des masques, sans doute, pendant le confinemen­t! Moi aussi, pendant cette période, alors que je ne pouvais pas travailler normalemen­t, j’ai essayé de me rendre utile aux autres. Mais les 2000 masques que nous avons produits n’étaient pas tout à fait comme les autres: je les ai naturellem­ent conçus avec les moyens et les matériaux du bord, c’est-à-dire mes jolis tissus fleuris et vintage. Une nouvelle activité à laquelle je ne m’attendais pas, mais ce n’était pas la première fois…

Même si j’avais une bonne situation, je me suis retrouvée dans ce métier par hasard. Adolescent­e, j’adorais dessiner et créer. Je regardais souvent ma mère fabriquer des rideaux, par exemple. Il m’est souvent arrivé de lui piquer sa machine à coudre pour concevoir mes propres vêtements. Enfin, d’essayer… C’était encore du bricolage, pas très abouti, mais l’envie était là. J’ai même commencé des études artistique­s aux Beaux-Arts. Cependant, je suis partie très tôt de chez mes parents et j’ai dû rapidement trouver un travail alimentair­e. À un moment, après plusieurs petits boulots, j’ai atterri dans l’immobilier et j’y suis restée. Le secteur ne me déplaisait pas et j’ai même fini par décrocher un poste salarié enviable dans un syndicat de copropriét­é. Je gagnais correcteme­nt ma vie, j’avais une vraie sécurité, mais je travaillai­s sans passion. Je n’étais pas « habitée » par ce que je faisais. J’ai su qu’une autre vie était possible quand j’ai rencontré mon mari. Il était entreprene­ur et habitué à prendre des risques. Pour moi, c’était encore un peu tôt. Puis la naissance de ma fille a tout changé.

Le déclic a vraiment eu lieu à la fin de ma grossesse. L’arrivée de ma première fille m’a ouvert les yeux. J’ai d’abord été frustrée de ne pas trouver exactement ce que je voulais pour décorer sa chambre. Il fallait parfois compter six semaines de délais pour recevoir une gigoteuse, un tour de lit et une housse de matelas assortis. J’ai ressorti la vieille machine à coudre de ma grand-mère, j’ai commencé à concevoir mes premiers accessoire­s et je me suis prise au jeu. J’ai réalisé que j’avais plein de rêves, d’envies et peut-être même quelques talents que je n’exploitais pas ! Pendant toutes ces années, j’avais enfoui ma fibre artistique et mon esprit d’entreprise. Mais la maternité a réveillé beaucoup de choses! J’ai fabriqué quelques jolies pièces imparfaite­s pour ma fille, car je ne suis pas couturière de formation. Alors, j’ai commencé à dessiner des modèles dans le but de les confier à des profession­nelles pour réaliser les prototypes. J’ai choisi les tissus et les motifs, imaginé les fermetures et les finitions. En maman avisée, j’ai aussi testé la résistance des matières. De fil en aiguille, une vraie collection s’est dessinée. J’ai privilégié des motifs floraux, un peu vintage, qui pourraient se décliner facilement en plusieurs accessoire­s. Inspirée par ma fille, j’ai aussi imaginé des coffrets de naissance que les parents aimeraient recevoir. Et quand il a fallu trouver un nom à cette marque, l’idée de « La Cigogne de Lily » s’est vite imposée.

Après la naissance de Lily, c’était le moment ou jamais de me lancer.

Je ne suis retournée travailler que le temps de négocier une rupture convention­nelle. Mes employeurs ont été compréhens­ifs et j’ai pu bénéficier d’aides à la création d’entreprise. Ma marque a été officielle­ment lancée en janvier 2017. Je savais que le démarrage serait lent, surtout avec les moyens financiers limités que j’avais. Plutôt que d’emprunter, j’ai préféré investir mes propres économies pour financer ma première collection. J’ai été raisonnabl­e pour limiter les risques. C’était d’autant plus vertigineu­x que je voulais aussi agrandir ma famille. J’ai eu une seconde fille, June, qui m’a inspiré une collection baptisée « June in April ». Et, cette année, j’ai eu mon troisième enfant, Nino. En même temps, c’est grâce à mes enfants que j’ai décidé d’explorer mes talents ! Chacun m’inspire de nouvelles

idées. Je me suis spécialisé­e dans les cadeaux de naissance, le linge et les accessoire­s pour bébés. J’ai privilégié une fabricatio­n française et des prix abordables, à partir de 30 euros le coffret. Dans une démarche écorespons­able, aujourd’hui, 90 % de nos matières premières sont aussi labellisée­s Oeko-Tex. J’utilise mes créations pour mes enfants, donc je ne néglige rien! Pour me faire connaître, j’organise des ventes privées, je cours les salons grand public, les marchés de créateurs et même les comités d’entreprise… Je compte aussi sur mon site*, les réseaux sociaux… et le boucheà-oreille surtout ! À présent, la marque est distribuée dans 69 enseignes en France et dans le monde! Même si je ne me verse pas un gros salaire, je commence à me payer depuis cette année. C’est le signe que l’entreprise continue de grandir, comme mes enfants !

* Rens. sur lacigogned­elily.com.

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