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Le naturisme a le vent en poupe !

Non seulement il fait de plus en plus d’adeptes, mais il ne se cantonne plus à quelques lieux dédiés : à la plage comme à la ville, le naturisme s’invite dans tous nos loisirs.

- Par Ariane Langlois

Le saviez-vous ? La France est la première destinatio­n naturiste au monde ! Quatre millions de touristes français et étrangers* viennent chaque année dans notre pays pour s’adonner au plaisir de vivre nus dans des villages de vacances et des plages réservés à cette pratique. Si 6 %** des Français ont déjà passé des vacances naturistes, 17 % se disent prêts à essayer ! Il est vrai que les occasions de vivre cette expérience se développen­t aujourd’hui dans de nombreux endroits qui réservent désormais un créneau aux naturistes. Sans doute faut-il y voir un besoin de simplicité et de liberté.

Une pratique qui se développe

Ces deux lieux ont fait les grandes heures du naturisme dans notre

pays : dans les villages de vacances de Montalivet (Gironde) ou du cap d’Agde (Hérault), on vit sans vêtement du lever au coucher. Toutefois, aujourd’hui, plus question pour les naturistes de rester cantonnés aux plages et aux campings : ils entendent désormais pratiquer différente­s activités dans le plus simple appareil. Ainsi à Dijon, Marseille, Brest, Bayonne ou Colmar, les associatio­ns naturistes locales ont réussi à obtenir des horaires dédiés à cette pratique au bowling, au théâtre, à la piscine…

De même, à Magny-en-Vexin (Val d’Oise), le parc d’attraction­s, Aventure Land, propose des créneaux naturistes. Pour les amoureux des grands espaces, de nombreuses randonnées naturistes sont organisées sur les côtes du Finistère, tandis que dans les calanques marseillai­ses, des excursions nues sont devenues un rendez-vous dès que les beaux jours arrivent, tout comme les sorties en canoë-kayak ou en voilier en direction des îles d’Or, de Giens, du fort de Brégançon… À Hyères (Var), les Journées des « Naturistes » sont organisées chaque année : l’occasion de partager un pique-nique et de s’initier à des jeux sur paddle.

« En dix ans, le naturisme a beaucoup évolué. En effet, cette pratique attire de plus en plus de monde, car les gens en ont assez du diktat de l’apparence. Ils veulent revenir à des valeurs plus simples : le bien-être, la liberté, le retour à la nature… D’ailleurs, aujourd’hui, dès qu’il y a un événement ponctuel (festival de musique naturiste, cours de cuisine…), il rassemble de plus en plus de personnes qui ne sont pas forcément des adhérents de notre fédération, mais qui veulent vivre des moments naturistes ou bien essayer pour voir… Et tous les âges sont représenté­s : les participan­ts ont désormais de 18 à 80 ans, alors que pendant longtemps, les adeptes du naturisme avaient plutôt entre 50 et 60 ans », observe Julien ClaudéPéné­gry, vice-président de la Fédération française de naturisme et président du comité régional d’Île-de-France.

Être nu pour mieux s’accepter

Il y a sept ans, lorsque Vincent, professeur de chant et adepte du naturisme depuis une dizaine d’années, s’est mis à proposer des séances de chant nu, il n’imaginait pas l’engouement qui allait suivre. Plus de 70 personnes répondiren­t d’emblée à son annonce. Aujourd’hui, ses cours collectifs réguliers sont remplis (de 20 à 40 personnes) et il assure également des cours privés. « Chacun peut s’en rendre compte sous sa douche, quand on chante nu, il y a une ouverture, une vibration et une résonance très particuliè­res. La respiratio­n s’installe mieux. Mais au-delà du chant, le naturisme procure un sentiment de liberté incroyable. Paradoxale­ment, le regard des autres ne pèse plus quand il n’y a plus le paraître lié aux vêtements. Grâce au naturisme, nous sommes tous égaux, car nous avons tous des corps différents avec leurs particular­ités, leurs petits et grands défauts. Mais personne ne regarde ni ne juge ces défauts. C’est une vraie libération, qui permet de gagner en assurance et en confiance en soi. On s’accepte mieux tel que l’on est. On s’affranchit de l’opinion des autres et on se sent libre d’oser : oser chanter, oser bouger, oser tester de nouvelles activités… », souligne-t-il. Le naturisme aide donc à apprivoise­r son corps, à l’accepter tel qu’il est.

Adepte depuis presque 30 ans, Béatrice, 57 ans, va encore plus loin : « Cette pratique a été une véritable thérapie pour moi : je manquais de confiance en moi, j’avais du mal à affronter le regard des autres et à aller vers eux. Le naturisme m’a permis de m’accepter comme je suis avec mes imperfecti­ons physiques. Aujourd’hui, je me sens beaucoup mieux dans ma peau et je suis plus à l’aise avec les autres. Chez moi, je vis nue et dès qu’une occasion se présente de faire une activité nue, je n’hésite pas. Et j’en suis ravie ! »

Nudisme n’est pas naturisme !

Intégrer le naturisme comme un acte banal et ordinaire : tel est le désir des adeptes de cette façon de vivre, qui se défend de donner dans le voyeurisme. « Le naturisme n’est pas une envie de se montrer et de s’exhiber. On ne se met pas nu juste pour être nu, comme dans le simple nudisme. C’est une philosophi­e de vie qui repose sur le respect de soi et des autres », affirme Julien ClaudéPéné­gry. En effet, quand on est habillé, on a inconsciem­ment plus de réticences à aller vers ceux qui ne nous ressemblen­t pas ou qui semblent être trop différents de nous. Les vêtements entraînent des préjugés : si une telle arbore des vêtements coûteux, on en conclut qu’elle est snob; si un tel s’habille négligé, c’est qu’il manque d’hygiène… On ne s’en rend pas toujours compte, mais l’allure de quelqu’un quand il est habillé influence nos rapports avec lui. À l’inverse, la nudité met de côté la condition sociale, les codes vestimenta­ires, le style. Du coup, on prend les gens « comme ils sont ». « Au sein des espaces naturistes, tout est fait pour que les pratiquant­s se sentent bien », ajoutet-il. Ainsi, si quelqu’un a des regards poussés et appuyés envers les autres, on lui en fait la remarque pour qu’il arrête, sinon il est prié de quitter l’endroit. Même chose si une personne passe son temps à faire des comparaiso­ns entre son corps et celui des autres : on lui explique que son attitude n’est pas à propos. « Entre naturistes, on ne se regarde pas, on n’observe pas le corps des autres, on échange les yeux dans les yeux. Il y a une ambiance très saine, ajoute Béatrice. C’est pourquoi j’aimerais vivre le naturisme pleinement dans ma vie de tous les jours. »

Pourtant, ce n’est pas demain que nous verrons des personnes se promener nues dans la rue : si la France est très ouverte sur cette pratique, qui existe déjà depuis plus de 100 ans chez nous, la législatio­n, elle, reste très stricte en la matière (voir encadré).

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 ??  ?? Baignade naturiste dans une crique abritée.
Baignade naturiste dans une crique abritée.
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Randonnée naturiste en pleine campagne.

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