Maxi

« J’ai réalisé mes rêves d’écriture »

Jeune maman épuisée, Sonia a d’abord écrit pour s’évader. Sans contact dans le milieu littéraire, elle a été remarquée en éditant elle-même ses livres sous format numérique.

- Sonia

Pendant le confinemen­t, nous étions nombreux à la maison. Il y avait, bien sûr, mon mari et nos deux enfants, mais aussi de nombreux personnage­s, dans ma tête, comme toujours. Ma prochaine intrigue tournera autour du destin d’une senior qui s’interroge sur le sens de sa vie. Mon dernier roman*, qui vient de paraître, raconte, lui, l’histoire de trois femmes et d’un secret. C’est ma vie. Sur mon site, je me définis, dans l’ordre, comme épouse, mère, working girl et romancière. Je suis consciente d’avoir réalisé le rêve de beaucoup de femmes…

C’est grâce à mes enfants que j’ai commencé

à écrire. Ou peut-être « à cause » d’eux, devrais-je dire! C’était il y a presque huit ans. Ma fille n’avait même pas 4 ans et mon fils de 2 ans ne faisait pas ses nuits. J’étais épuisée et prête à exploser. Je me souviens avoir appelé une amie au secours pour lui demander de m’emmener trois jours, n’importe où, pour me reposer. Elle m’a organisé une escapade au Maroc. Le voyage n’a pas été si reposant, mais il a changé ma vie ! La dernière nuit, j’ai eu une insomnie. Je lisais un livre de Gilles Legardinie­r, qui à chaque phrase me transporta­it du rire aux larmes. J’ignore pourquoi, mais j’ai ressenti un déclic. Je me suis dit que je voulais écrire un livre dans son genre. Non pas pour devenir célèbre mais pour alléger mon quotidien, m’évader quelques heures de temps en temps, avec mes personnage­s. Une intrigue s’est vite dessinée dans ma tête. J’ai eu envie de raconter la vie d’une maman qui court tout le temps et se noie dans un verre d’eau. J’ai imaginé une trilogie en trois histoires, librement inspirées de ma vie, qui s’appellerai­t Épouse, mère et working girl. J’étais responsabl­e marketing dans un centre commercial et il n’était pas question pour moi de changer de métier. Cependant, je me suis vite prise au jeu. Chaque soir, j’avais rendezvous avec mes personnage­s. J’ai fait faire à mon héroïne tout ce que je ne pouvais pas faire dans la vie et, en six mois, mon premier volume était bouclé. Après avoir contacté sans succès une poignée d’éditeurs, j’ai opté pour l’autoéditio­n, en publiant mon livre en version numérique sur Amazon. En quelques clics, j’allais changer ma vie. J’ai mis longtemps à oser me qualifier d’écrivaine.

Quand j’étais adolescent­e, mes parents m’avaient offert une machine à écrire et j’avais noirci quelques pages. En même temps, j’aimais aussi l’univers de la vente, donc j’ai suivi des études de commerce et je n’y avais plus repensé jusque-là. Pourtant, mes livres, auto-édités, se sont très vite bien vendus. Entre 2013 et 2015, ma première trilogie s’est écoulée à 10000 exemplaire­s sans aucune publicité. En 2016, mon deuxième ouvrage, Un voeu pas comme les autres, s’est retrouvé numéro un des ventes sur Amazon une semaine après sa parution! Dès lors, je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. J’ai été repérée par un premier éditeur qui l’a publié en version papier sous le titre Un anniversai­re au poil.

Pour moi, c’était vraiment un rêve qui devenait réalité. Et ce n’était pas fini… J’ai continué à écrire, car j’avais trouvé l’inspiratio­n et mon rythme. La journée, j’étais au travail. Je récupérais les enfants à 18 h 30, je m’occupais d’eux jusqu’au coucher et, ensuite, j’écrivais pendant environ deux heures. Alors que certains font du sport, moi, j’écris. Même si mon mari s’est parfois plaint d’être délaissé, il a compris que c’était important. Il a même été le premier à me qualifier d’écrivaine. J’ai commencé à toucher des droits d’auteur intéressan­ts et il fallait que je m’y habitue: j’étais lue et appréciée par des milliers de lectrices ! Alors quand j’ai été contactée par les prestigieu­ses éditions du Cherche Midi, c’est mon conjoint qui m’a encouragée

à prendre une année sabbatique pour essayer de vivre de ma plume. À ce jour, j’ai vendu près de 200 000 livres. Avec l’un des derniers, Zen Altitude, en 2019, j’ai décroché le Prix des lecteurs des Plumes francophon­es. Je crois que j’ai une formidable communauté de lectrices qui me suivent d’un livre à l’autre.

Maintenant, je peux enfin dire que je suis écrivaine. De plus, ma vie de famille est plus simple, depuis que je n’ai qu’un métier. J’écris pendant que les enfants sont à l’école au lieu d’aller au bureau. Même si les sujets de mes livres sont devenus un peu plus graves au fil des ans, j’ai toujours la même méthode. Généraleme­nt, je connais le début et la fin de mon histoire, ou plutôt le message que je veux transmettr­e. Mais rien de ce qui arrive à mes personnage­s entretemps n’est généraleme­nt prévu. L’inspiratio­n me vient en fait dès que je suis devant l’ordinateur. C’est incroyable et inespéré, et ma vie est à l’image d’un de mes romans, intitulé Tout peut arriver. C’est également le message que je veux faire passer en témoignant. Je suis la preuve vivante que certains rêves deviennent réalité. Sans doute faut-il un peu de talent et beaucoup de chance, mais en travaillan­t dur et en persévéran­t, on peut y arriver!

* Ceux qui s’aiment finissent toujours par se retrouver, de Sonia Dagotor (éd. Le Cherche Midi).

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