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Les “co-voyages” solidaires, une solution très humaine « Avant, pour mes petits déplacemen­ts, j’utilisais les navettes proposées aux personnes âgées par ma commune,

Pour permettre à des personnes âgées ou en situation de handicap de mieux se déplacer en vacances comme dans la vie quotidienn­e, des applicatio­ns proposent des réseaux d’entraide efficaces.

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C’EST D’ACTUALITÉ Les « co-voyages » solidaires, une solution très humaine

Plus de 10 millions de personnes en France hésitent à se déplacer pour des raisons de mobilité*. Parmi elles, de nombreuses personnes âgées ou à mobilité réduite qui sont freinées par leur handicap ou par leurs fragilités réelles ou supposées. En effet, s’il est difficile d’envisager un voyage en France ou à l’étranger quand on est ou se sent vulnérable, la perspectiv­e même de prendre un bus pour aller faire des courses ou voir un proche dans une ville voisine peut s’avérer effrayant ! Pour remédier à cette difficulté, des entreprise­s ont développé une solution très humaine !

Un déplacemen­t sans stress

Rendre visite à sa famille, voyager dans une région voisine voire

dans un autre pays, autant de plaisirs simples dont sont souvent privées les personnes à mobilité réduite. Ainsi, 16 % des plus de 60 ans et 44 % des plus de 75 ans éprouvent une gêne pour se déplacer**, tandis que 50 % des personnes en situation de handicap ont besoin d’une aide humaine***. « Bien sûr, dans le train ou l’avion, des assistance­s sont proposées par la SNCF ou par les compagnies aériennes, mais encore faut-il aller jusqu’à la gare ou l’aéroport! rappelle Patrice Tripoteau, directeur adjoint d’APF France Handicap. Or, prendre le bus ou une navette est compliqué quand on a plusieurs bagages, quand on est en fauteuil roulant ou tout simplement quand on a peur de tomber. Même un petit trajet pour aller chez le médecin peut s’avérer compliqué. Certes, il y a la famille, les voisins, les amis… mais souvent les personnes ne veulent pas ennuyer leurs proches. »

Face à ce constat, des plateforme­s se sont développée­s sur le Web, afin de proposer des déplacemen­ts accompagné­s partout en France : depuis 2016, Mon Copilote et Faciligo mettent ainsi en relation des personnes à mobilité réduite avec des accompagna­teurs qui habitent près de chez elles et peuvent ainsi partager leurs trajets à pied, en bus, en voiture, en métro, en train ou en avion. Si une contributi­on financière est demandée à la personne accompagné­e (voir encadré), ce service lui coûte nettement moins cher qu’un taxi et lui permet de faire un voyage ou un long trajet avec une personne qui prend soin d’elle, lui porte sa valise, l’aide à monter dans le train, le bus, l’avion, la voiture et lui tient compagnie jusqu’à l’arrivée. En quatre ans d’existence, Mon Copilote (auparavant Handivalis­e) a ainsi permis 3000 trajets réalisés entre 1200 accompagné­s et 1800 accompagna­teurs. Parmi ces derniers, 75 % sont des femmes, dont la plupart sont de jeunes retraitées.

Souplesse et fiabilité

explique Renée, 79 ans, habitante de Clermont-Ferrand et atteinte d’un handicap cardiaque et respiratoi­re. Mais c’était compliqué, il fallait programmer un mois à l’avance ! Impossible de me déplacer en cas d’imprévu : si je devais aller chez le médecin, par exemple. En me rendant à la mairie, j’ai vu une affiche présentant Mon Copilote et je me suis inscrite en 2016. J’apprécie la souplesse de ce service : aujourd’hui, par exemple, je peux me décider 48 heures à l’avance pour aller voir mon fils qui habite à 30 km de chez moi. » Et parfois, il suffit d’être accompagné une fois pour récupérer une autonomie que l’on croyait à jamais perdue.

« Certaines personnes se sentent ensuite davantage capables de tenter l’aventure seules », remarque Patrice Tripoteau. Et c’est également l’occasion de faire des projets auxquels l’on n’osait plus croire. « J’aime voyager mais je n’apprécie pas les voyages organisés et je ne me sentais pas rassurée à l’idée de partir seule. Du coup, je ne bougeais plus trop. Grâce au co-voyage, je peux enfin partir à l’étranger, note Claudine, 69 ans, retraitée lilloise, qui est allée à Londres récemment par ce biais. J’ai déjà programmé mon prochain séjour à l’autre bout de la France chez une amie. Mon accompagna­nte, qui habite à 15 km de chez moi, viendra me chercher pour prendre mes bagages et nous irons ensemble en train à Montpellie­r, où elle se rend également. Pour caler nos dates de voyage, nous nous sommes mises d’accord dès que nous avons été en contact via la plateforme. Nos chemins se sépareront en gare d’arrivée, puisque mon amie vient me chercher. » Diffusées via le Web, les demandes trouvent toujours une réponse plus rapide grâce au nombre important d’accompagna­teurs potentiels. « Ce service est d’une très grande fiabilité, ajoute Renée. Depuis quatre ans, j’ai toujours trouvé des accompagna­nts ! »

Belle façon de tisser des liens autour de chez soi

Au-delà du service rendu en termes d’organisati­on et de lo

gistique, le co-voyage permet de se livrer à un acte citoyen solidaire. « Je me suis rendu compte de ce que vivaient des personnes handicapée­s ou âgées quand elles veulent se déplacer, souligne Sandie Poncet, chargée de développem­ent au sein de Mon Copilote. Aujourd’hui, je suis accompagna­trice durant mes périodes de temps libre. Ce n’est pas grand-chose et cela aide beaucoup. » Dominique, 62 ans, bientôt retraitée, a effectué plus de 55 voyages depuis 2017, en tant qu’accompagna­trice. Motivée au départ par l’envie d’aider et de faire des rencontres amicales autour de chez elle pour tromper sa solitude, elle n’a pas été déçue. « Des réunions entre accompagna­teurs et accompagné­s sont aussi proposées dans les locaux régionaux pour mieux nous connaître. Cela m’a permis de nouer des liens forts avec des personnes autour de chez moi. Aujourd’hui, il nous arrive de prendre un thé, juste pour papoter. Et même, de prévoir des trajets ensemble sans passer par la plateforme ! »

Si des duos liés par une confiance mutuelle peuvent se former au fil du temps, des précaution­s sont à prendre. « Il faut garder une certaine distance, suggère Patrice Tripoteau. En effet, certaines personnes âgées peuvent attendre beaucoup, car elles sont seules et isolées. Or, même s’il y a des affinités, cela reste un service. » Et avant de se lancer, il faut également savoir qu’accompagne­r une personne en situation de handicap n’est pas toujours simple: il faut parfois l’aider à manger, l’emmener aux toilettes, la porter… Réfléchiss­ez-y avant de vous engager !

* Faciligo, 2016. ** Omnil, 2016.

*** Laboratoir­e de la Mobilité inclusive, 2014.

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