Nos solutions au cas par cas Soulager et soigner ses genoux
Très sollicitée, cette articulation est soumise à bien des forces. En cas de douleur, on identifie vite les causes et on traite.
Fragiles, les genoux. Ce sont les pivots du corps, ils encaissent bien des chocs et c’est sur eux que repose principalement le poids du corps. Et comme toutes les articulations, ils peuvent présenter des signes d’usure ou être touchés par des maladies inflammatoires. « On n’attend pas que la douleur revienne, s’installe, s’intensifie et s’accompagne éventuellement d’un gonflement, pour consulter », recommande le Dr Patrick Gepner*, rhumatologue. Il nous aide à décoder les symptômes et à cibler les solutions adaptées.
“J’ai de plus en plus mal en bougeant”
Douloureux au lever, dans les escaliers, en courant et, de plus en
plus, en marchant ? Cela évoque, en premier lieu, une arthrose du genou, qui s’explique par l’usure du cartilage entre deux parties osseuses. Elle progresse souvent par poussées inflammatoires récurrentes, pouvant aussi gêner la nuit ponctuellement. La faute au vieillissement, à certaines activités physiques traumatisantes et principalement les sports à impact (course à pied, tennis…), comme à l’embonpoint. Chaque kilo de poids corporel serait ainsi multiplié par 3 dans chaque genou, sous l’effet accentué du mouvement et de la gravité !
Les bons réflexes : un petit régime peut suffire à faire disparaître la douleur, car perdre seulement 2 kg revient à soulager chaque genou de 6 kg. Et s’il faut éviter les activités aggravantes, il est indispensable de renforcer les quadriceps protecteurs, en privilégiant des activités douces, telles que la marche, la natation, le vélo, la gym… au besoin avec l’aide d’un kinésithérapeute.
La prise en charge adaptée : des anti-inflammatoires pendant les poussées, et des antalgiques de palier 1, type paracétamol (voire de palier 2, comme le Tramadol ou les associations contenant de la codéine), sont d’abord recommandés. Des médicaments « antiarthrosiques symptomatiques d’action lente » (AASAL) peuvent
également être prescrits au long cours. Leur impact sur la progression de l’arthrose est discuté, mais ils atténuent l’inflammation et la douleur associée, et permettent de réduire la consommation d’antalgiques et d’anti-inflammatoires.
Quand l’arthrose du genou est consécutive à un problème de statique (jambes arquées ou en X), des semelles sur mesure favorisent une meilleure répartition de la pression qui protège l’articulation.
En cas de poussée congestive, avec gonflement lié à un épanchement synovial douloureux, il devient nécessaire de ponctionner. Dans le même temps, par la même aiguille, une injection de corticoïdes est pratiquée. Soulagement immédiat et bénéfice durable ! Et une fois l’épisode terminé, quelques semaines plus tard, une viscosupplémentation par injection intra-articulaire d’acide hyaluronique peut alors être proposée. Près de 4 patients sur 5 s’en trouvent durablement soulagés, dans un délai d’un à trois mois et pour près de deux ans. Rien n’y fait ? C’est le moment de discuter de la pose d’une prothèse partielle ou totale avec le chirurgien.
“Ça me réveille la nuit”
Une douleur très insomniante, qui s’accompagne d’un dérouillage
matinal difficile, voire de rougeur et de gonflement, peut signaler une maladie inflammatoire caractéristique de l’arthrite. Elle résulte parfois de la présence de microcristaux dans l’articulation : il s’agit de pyrophosphate de calcium pour la chondrocalcinose, qui touche plutôt les femmes après 50 ans, ou d’acide urique en cas de goutte, plus fréquente chez les hommes. Si le mode de vie (alcool et alimentation trop riche) a longtemps été incriminé, la part de l’hérédité a été récemment réévaluée.
Une arthrite du genou peut également s’inscrire dans l’évolution d’un rhumatisme inflammatoire chronique, et s’avérer être une polyarthrite rhumatoïde, de nature auto-immune.
Les bons réflexes : repos durant les périodes douloureuses. Et quand les traitements ont apporté un soulagement, autant reprendre une vie normale et une activité physique assurant un maintien musculaire protecteur.
La prise en charge adaptée : elle est principalement médicamenteuse. La colchicine améliore spécifiquement les douleurs de la chondrocalcinose comme de la goutte, et pour cette dernière, un traitement hypo-uricémiant prévient efficacement les récidives. Il existe aussi des solutions efficaces pour la polyarthrite rhumatoïde : le méthotrexate ainsi que des biothérapies plus récentes permettant de réguler la réponse immunitaire.
“C’est douloureux depuis que j’ai repris le sport”
Le phénomène est classique, surtout si l’on s’est lancé sans encadrement, après une longue interruption, et que l’on a pris du poids, comme pendant le confinement pour une majorité de Français accusant deux bons kilos de plus. Dans ce cas, les tendons payent souvent le prix fort, en s’enflammant douloureusement.
Les bons réflexes : mieux vaut se remettre au sport très progressivement, en s’échauffant, en s’étirant bien et en s’hydratant beaucoup durant les séances. Car les tendons fonctionnent comme des pompes et se trouvent vite en surchauffe quand l’organisme manque d’eau.
La prise en charge adaptée : on se repose jusqu’à la disparition de la douleur ! L’efficacité des anti-inflammatoires est assez faible sur la tendinite et seuls les antalgiques types paracétamol soulagent. Des massages réalisés par un kinésithérapeute permettant de décoller les fibres peuvent accélérer la guérison. Enfin, des infiltrations péritendineuses de corticoïdes aident aussi. Dans tous les cas, il faut s’armer de patience.
“J’en souffre depuis une chute”
Gare à l’entorse grave, avec fissure du ménisque interne et rupture du ligament croisé antérieur (LCA). Une bonne chute peut aussi être responsable d’un épanchement de synovie qui entraîne un gonflement du genou.
Les bons réflexes: mettre une poche de glace tout de suite après le traumatisme pour soulager et réduire l’inflammation. Mieux vaut consulter dans la foulée.
La prise en charge adaptée : en cas de rupture du LCA, l’intervention chirurgicale est surtout proposée aux jeunes et aux sportifs très investis. Une ponction est recommandée en cas d’épanchement important, afin de réduire rapidement la douleur. Et ensuite, une immobilisation par attelle est nécessaire le temps de la cicatrisation, avant la mise en route de la rééducation pour assurer un renforcement musculaire, protéger ainsi l’articulation du genou à l’avenir et limiter les risques de récidives. * Auteur de La Médecine pour les nuls, et Le Corps humain pour les nuls, éd. First.