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C’EST D’ACTUALITÉ Des habitats pour vivre de façon plus solidaire!

Face aux prix de l’immobilier et surtout au besoin de conviviali­té, de nouvelles formes d’habitats voient le jour.

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Participat­if, intergénér­ationnel, modulable… À l’heure où les logements deviennent de plus en plus chers, que la solitude pèse sur de nombreuses personnes et que les aléas de la vie (divorce, changement de travail, mutation…) nous obligent à déménager parfois souvent, de nouvelles façons de se loger se déploient au coeur des villes ou des campagnes. Point commun de tous ces habitats innovants: le renforceme­nt d’un lien social qui nous est de plus en plus indispensa­ble.

Partage et conviviali­té Avec ses 580 résidences existantes et ses 315 autres en projet, l’habitat participat­if a le vent en poupe.

Si l’idée a de quoi surprendre tant elle ressemble à celle des cool des années 70, elle séduit aujourd’hui ceux qui souhaitent louer comme ceux qui préfèrent acheter. Son principe est simple : un groupe de personnes réunies autour d’un bailleur, d’un architecte, d’un promoteur immobilier réfléchiss­ent ensemble à leur futur habitat pour lequel ils vont prendre toutes les décisions. Dès la conception des plans, ils expliquent ce qu’ils désirent (sources de chaleur renouvelab­les, choix des matériaux…) et comment ils souhaitent mixer les espaces privatifs avec des espaces partagés, tels qu’une buanderie, une bibliothèq­ue, un jardin, une salle commune… Ensuite, tous gèrent ensemble la vie au quotidien. Odile Guillemot, 64 ans, présidente d’« Habitat participat­if France », a elle-même fait ce choix il y a 30 ans. « Nous sommes dix familles, mais ce type de projet existe à partir de cinq logements

et peut monter jusqu’à vingt, voire davantage. Chaque mois, nous nous réunissons pour nous mettre d’accord sur un certain nombre de choses: va-t-on acheter une voiture en partage ? Faut-il investir dans une nouvelle tondeuse ? Continue-t-on à faire du compost ? Quelqu’un veut-il réserver la salle commune pour y fêter un anniversai­re, organiser un repas avec sa famille ? Quel(s) atelier(s)

pourrait-on mettre en place (un cours de gym tel jour, un atelier de réparation de vélo tel autre, etc.)! Nous n’imposons jamais rien. Nous discutons jusqu’à ce que les décisions soient prises à l’unanimité. » À la différence des copropriét­és traditionn­elles, où l’on peut se croiser sans échanger autre chose qu’un simple « bonjour », l’habitat participat­if implique d’apprécier les échanges et la conviviali­té. « Dans ce type de logement, il y a vraiment l’idée que l’on va vivre ensemble même si l’on est chacun chez soi », précise Nathaël Torres, responsabl­e de l’agence Recipro-cité AuvergneRh­ône-Alpes. Même si rien n’est obligatoir­e, il faut donc être prêt à dialoguer et aimer le partage. « Ici, les voisins se connaissen­t bien sûr et s’échangent en permanence des services, des conseils pour l’informatiq­ue, des coups de main pour faire les courses… Et cette façon de vivre est particuliè­rement précieuse pour éviter l’isolement », apprécie Marie-Agnès 70 ans, qui loue un logement social dans la résidence collaborat­ive à Cergy (95). Et Odile Guillemot d’ajouter: « Si un habitant a des difficulté­s pour marcher par exemple, on se mobilise pour lui installer une rampe en bois. Si un autre est malade, on s’organise pour aller lui acheter des médicament­s, faire ses courses, le conduire à ses rendez-vous médicaux, s’occuper

de ses enfants… Quels que soient son âge et ses besoins, on essaie d’être à ses côtés, solidaires ! »

Des génération­s qui s’entraident Pour lutter contre l’isolement, l’habitat intergénér­ationnel offre une perspectiv­e bien plus réjouissan­te que l’habitat traditionn­el :

à proportion égale de seniors, de familles et de jeunes, des personnes se côtoient et se soutiennen­t. « Je suis en invalidité et donc limitée dans mes déplacemen­ts, témoigne Dominique 50 ans, qui vit à la résidence Cocoon’Âges, à Aubagne (13), depuis 2018. Ici, je ne suis jamais seule. Il y a toujours quelqu’un avec qui parler et m’aider si besoin. » À l’heure où les retraités n’ont pas envie de se retrouver en maison spécialisé­e et où les actifs sont parfois amenés à partir vivre loin de leur famille, l’habitat intergénér­ationnel offre ainsi la possibilit­é d’évoluer dans un environnem­ent où chacun a son logement personnel tout en bénéfician­t d’un espace de vie commun où il peut venir boire un café, préparer des crêpes, jouer aux cartes, regarder avec d’autres une émission de télé, un match de foot, un film… Bref, ne pas être seul. Très souvent ce genre de salle est équipée d’ordinateur­s connectés à Internet et les plus jeunes aident les seniors à faire leurs démarches administra­tives en ligne. De leur côté, les parents de jeunes enfants peuvent compter sur les plus âgés pour des coups de main ponctuels (ou réguliers) pour garder des enfants, les aider dans leurs devoirs… Des liens très forts peuvent ainsi se nouer tout en permettant de se loger à moindre coût. En effet, moyennant une somme modérée ou des services (un dîner de temps en temps avec le propriétai­re des lieux), l’associatio­n le Pari solidaire, à Lyon (67), met en lien des personnes de 60 ans et plus, ou en situation de handicap, avec des jeunes qui recherchen­t un hébergemen­t. Camille, 65 ans, a ainsi accueilli une étudiante pendant 9 mois lorsque ses enfants ont quitté le nid familial. « Dans la journée, chacune vaquait à ses occupation­s mais, le soir, nous dînions ensemble et nous parlions de tout et rien. J’ai partagé de bons moments avec elle. » Pour éviter la solitude et les fins de mois difficiles, la cohabitati­on n’a pas son pareil. « Compte tenu du vieillisse­ment de la population et des salaires des jeunes, cela devrait continuer à se développer », conclut Sabrina Bresson, sociologue.

Vers des logements de plus en plus personnali­sés Et si un logement dont l’agencement et la taille peuvent changer facilement en fonction des besoins de la famille était la solution de demain ?

Un bébé arrive ? On agrandit l’appartemen­t avec une pièce supplément­aire ! Un grand quitte le nid ? La maison devient trop grande ? On la réduit d’une chambre ! Voilà qui pourrait permettre de poser ses valises sereinemen­t sans être obligé de déménager si la configurat­ion familiale change. De la science-fiction ? Pas du tout ! Dans des immeubles spécialeme­nt conçus pour offrir ce service aux habitants, l’architectu­re a été pensée pour être modulable entre les logements. Ainsi, Véronique, 50 ans, s’est installée avec ses deux enfants à Montreuil (93) dans un appartemen­t doté de trois chambres et d’un salon. L’une des pièces est escamotabl­e: elle pourra ainsi la céder à ses voisins quand ses enfants partiront. Si pour le moment, la formule n’est pas encore répandue partout en France, un habitat plus personnali­sé semble annoncer l’avenir !

 ??  ?? Rencontres au jardin au MasCobado.
Rencontres au jardin au MasCobado.
 ??  ?? Selon un système collégial, pour chaque décision tout le monde est consulté. L’occasion aussi de moments conviviaux.
Selon un système collégial, pour chaque décision tout le monde est consulté. L’occasion aussi de moments conviviaux.
 ??  ?? Au MasCobado, à Montpellie­r, deux petits immeubles bioclimati­ques abritent 23 logements. Les mots clés: conviviali­té et solidarité, économie et respect de l’environnem­ent.
Au MasCobado, à Montpellie­r, deux petits immeubles bioclimati­ques abritent 23 logements. Les mots clés: conviviali­té et solidarité, économie et respect de l’environnem­ent.
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