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SANTÉ Un bilan ophtalmo de A à Z

La prunelle de nos yeux, on y tient! Pour préserver ses yeux et garder une bonne vue, on fait régulièrem­ent les examens de dépistage.

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Comme tous les organes du corps, l’oeil subit les effets du temps et de l’hérédité. Vous sentez que votre vue change ? Il est temps de faire un contrôle. Elle vous semble stable ? « Un suivi régulier s’impose tout de même pour un bilan une fois tous les deux ans chez l’ophtalmolo­giste après 50 ans. Il permet d’adapter au mieux la correction optique pour plus de confort, et de repérer des signes de dégénéresc­ence, surtout en cas d’antécédent­s familiaux de glaucome, de cataracte ou de DMLA précoce », prévient le Dr Damien Gatinel, chef de service à la Fondation ophtalmolo­gique Adolphe-Rothschild. Il peut même être plus fréquent si l’on souffre de pathologie­s annexes pouvant impacter la santé de l’oeil, comme le diabète, l’hypertensi­on artérielle ou la polyarthri­te rhumatoïde.

Contrôler la vision

On commence par une mesure objective à l’aide de l’autoréfrac­tomètre. Le menton est appuyé sur un reposoir et les yeux sont face à l’appareil qui mesure les rayons de courbure de la cornée et le pouvoir de convergenc­e de l’oeil, pour repérer la nature et l’importance d’un trouble de la vision (myopie, hypermétro­pie ou astigmatis­me).

Mais la machine ne dit pas tout et il faut passer à l’étape de vision subjective.

À mesure que l’on déchiffre le tableau de lettres bien connu, représenta­nt l’échelle Monoyer, le médecin propose différents verres pour adapter le mieux possible la correction au confort de vue. En général, les troubles de la vision se sont stabilisés après 2025 ans, mais un ajustement peut toujours être nécessaire.

Ce qui change après 45 ans: le développem­ent inévitable de la presbytie

chamboule l’équilibre que l’on avait trouvé avec une correction simple, et la difficulté à bien voir de près s’aggrave. Elle est évaluée en fonction de la taille minimale des caractères lisibles à 40 cm. Deux possibilit­és pour retrouver de bons yeux, de près comme de loin: ajouter une correction à celle existante en proposant des verres progressif­s, ou bien opter pour la technique de la

« bascule », qui consiste à surcorrige­r pour les hypermétro­pes, ou à sous-corriger pour les myopes, l’un des yeux. Entre les deux, le cerveau s’y retrouve étonnammen­t bien pour s’appuyer sur l’un ou l’autre, faire la mise au point selon la distance de l’objet observé.

Pour aller plus loin: l’ophtalmolo­giste peut également proposer un examen du champ visuel,

afin d’évaluer l’étendue des zones perçues latéraleme­nt quand les yeux sont fixes. Le but est de dépister un glaucome naissant qui a justement pour conséquenc­e de réduire le champ de vision. L’examinateu­r procède par un test de confrontat­ion et une périmétrie par ordinateur avec points lumineux à visionner.

Observer « à la loupe »

Si l’oeil est un organe très accessible en surface, sa petite taille et sa conformati­on rendent difficile son étude. Et pour dépister d’éventuels problèmes rétiniens, dont les détails font seulement quelques microns, l’examen du fond d’oeil s’impose. L’image grossie facilite l’observatio­n de la conjonctiv­e et de la cornée en surface, ainsi que du cristallin et de la rétine en interne. Cela dure quelques minutes, et nécessite le plus souvent une dilatation préalable de la pupille grâce à l’administra­tion d’un collyre. Si l’examen est inconforta­ble, par la sensation d’éblouissem­ent induite, et peut troubler la vision environ une demi-journée par la suite, il n’est pas douloureux. Trois techniques sont possibles…

✔ Par biomicrosc­ope (ou lampe à fente) : nous sommes assis face à l’appareil qui envoie un faisceau lumineux pour éclairer l’intérieur de l’oeil et nous regardons dans les directions demandées. L’ophtalmolo­giste peut utiliser une lentille simple placée à distance de l’oeil, ou une lentille équipée de miroirs, apposée directemen­t sur l’oeil après insensibil­isation de la cornée par un collyre anesthésia­nt. ✔ Par ophtalmosc­opie indirecte (ou à image inversée) : l’ophtalmolo­giste équipé d’un ophtalmosc­ope binoculair­e, envoie une lumière et utilise une lentille pour faire converger les rayons lumi

neux. Sur celle-ci se forme l’image de la rétine que le praticien peut observer.

✔ Par rétinograp­hie : il s’agit cette fois de photograph­ier le fond d’oeil par une rétinograp­hie. Pas besoin de dilater la pupille dans ce cas. Des flashs lumineux sont envoyés et des clichés sont pris.

La fréquence de l’examen du fond d’oeil est d’environ tous les ans

(fréquence à préciser avec le praticien): il est proposé systématiq­uement aux myopes en raison de la fragilité spécifique de l’oeil, et pour des pathologie­s déclarées. Et bien sûr, il est fait ponctuelle­ment et sans tarder quand la vision se dégrade sans raison connue, ou que la vue est gênée par une impression de « mouches volantes » s’accompagna­nt d’éclairs pouvant signaler un décollemen­t du vitré

(masse gélatineus­e à l’intérieur de l’oeil), ou d’une déchirure de la rétine qui nécessite parfois une consolidat­ion au laser.

Le but de ces examensest de repérer une pathologie de l’oeil,

telle qu’une cataracte naissante, générée par une opacificat­ion des fibres du cristallin et qui se traduit par une baisse de la vision, une perception floue, une plus grande sensibilit­é à la lumière et des couleurs estompées. Cette pathologie touche une personne sur cinq après 65 ans, mais heureuseme­nt, l’interventi­on chirurgica­le donne de bons résultats. Encore faut-il la repérer !

L’examen au biomicrosc­ope permet également de confirmer une conjonctiv­ite (allergique ou infectieus­e) ou une kératite (atteinte de la cornée).

Le fond d’oeil peut également révéler une atteinte de la rétine, une anomalie des vaisseaux sanguins, témoins d’une hypertensi­on artérielle ou d’un diabète mal équilibré, ou encore une DMLA (dégénéresc­ence maculaire), entraînant une déformatio­n des images, une baisse de l’acuité, une gêne de la vision nocturne…

Les signaux d’alerte à ne pas négliger

Démangeais­on, douleurs, troubles

visuels ? Ce n’est pas forcément inquiétant, mais il faut parfois accélérer la prise de rendez-vous, quitte à évoquer rapidement le problème au téléphone avec votre praticien ou même les urgences.

✔ L’oeil est rouge le soir: c’est probableme­nt un simple signe de fatigue visuelle, potentiell­ement lié à une consultati­on trop intense des écrans, un travail de concentrat­ion renforcé sur des livres ou documents, un temps de conduite automobile allongé. Faites des pauses régulièrem­ent (toutes les 20 minutes devant un écran et au moins toutes les 1 h 30 en voiture) et vérifiez que votre correction optique est toujours bien adaptée.

✔ L’oeil est rouge le matin : il peut s’agir d’une allergie, surtout si vous êtes sensibles aux acariens, car le début de l’automne est favorable à leur retour en force. Si la gêne augmente au fil des jours, commencez par en parler au médecin traitant qui peut prescrire un médicament antihistam­inique très efficace, en attendant de prouver l’allergie par des tests.

✔ L’oeil coule et démange: cela peut être aussi une allergie, ou bien une bonne infection. Dans ce cas, il est nécessaire de consulter dans les 24 h si les symptômes ne régressent pas, soit le généralist­e, soit l’ophtalmo s’il est disponible. La conjonctiv­ite peut être d’origine bactérienn­e, surtout quand les sécrétions sont très abondantes, ou virale et elle est alors encore plus contagieus­e.

Dans ce cas, une fatigue et un état fébrile peuvent être associés. Un collyre antibiotiq­ue suffit généraleme­nt à juguler la conjonctiv­ite bactérienn­e. Il est aussi proposé parfois pour un épisode viral afin d’éviter la surinfecti­on.

✔ Une douleur unilatéral­e sur

vient brutalemen­t : si elle ne passe pas en quelques heures, il est nécessaire de consulter un médecin ou même de se rendre aux urgences. Car le plus souvent, il s’agit d’un corps étranger fiché dans la cornée. Inutile d’improviser avec des gouttes pour faire passer la gêne car cela risque de masquer et même d’aggraver le problème. L’extraction sous anesthésia­nt local chez l’ophtalmo est la seule solution. Un traitement antiseptiq­ue ou antibiotiq­ue peut ensuite être proposé quand la lésion est importante ou lorsqu’une infection s’est déjà formée, mais ce n’est pas systématiq­ue.

✔ Quand la vue se trouble soudain : voir trouble, double ou partiellem­ent de façon brutale n’est pas bon signe, surtout unilatéral­ement. Il peut s’agir d’un signe d’AVC et il faut donc appeler les urgences sans délai en composant le 15.

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 ??  ?? Tout le monde connaît cet examen de la vue, où l’on doit trouver la plus petite ligne de texte que l’on peut voir et la lire au profession­nel de santé !
Tout le monde connaît cet examen de la vue, où l’on doit trouver la plus petite ligne de texte que l’on peut voir et la lire au profession­nel de santé !
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Le fond d’oeil est un examen indolore qui permet notamment de détecter une atteinte de la rétine.
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Dépistage de la rétinopath­ie diabétique.

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