Maxi

Une journée avec les urgentiste­s

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Nous le constatons régulièrem­ent, et encore récemment lors de la crise sanitaire : en un coup de fil, pompiers et personnels du Samu peuvent nous venir en aide. Le 14 septembre, la Journée mondiale des premiers secours nous rappelle combien ces profession­nels nous sont indispensa­bles !

Le thermomètr­e qui affiche 40 °C de fièvre ? Un proche qui fait un malaise ? Un accident sur la route ? Nous avons toutes déjà composé le 18 ou le 15 pour signaler une situation d’urgence ou demander de l’aide. Chaque année, les 101 centres du Samu reçoivent plus de 29 millions de coups de fil* et les pompiers sont appelés par plus de 18 millions de personnes**. Comment travaillen­t ces profession­nels qui, chaque jour, sauvent des vies ?

Des pros présents partout en France

« Bip, bip » ! Dès que la sonnerie retentit, Stéphanie, 41 ans, employée de mairie mais aussi pompier volontaire, sait qu’elle ne doit pas perdre une seconde : elle saute dans sa voiture, direction la caserne. « Lorsque je suis d’astreinte, je peux être appelée à tout moment », raconte celle qui s’est engagée à 25 ans, après avoir été bénévole à la Croix Rouge. En France, on compte environ 250 000 pompiers, parmi lesquels des pompiers militaires, des pompiers profession­nels, mais aussi des volontaire­s. Comme Stéphanie, ces derniers ont un métier à part entière mais se rendent disponible­s durant leur temps libre pour porter secours, par exemple le week-end ou la nuit. « Tout le territoire français est ainsi couvert, explique Céline Guilbert, commandant­e et vice-présidente de la Fédération nationale des sapeurs pompiers de France (FNSPF). Les volontaire­s sont régulièrem­ent formés. Contrairem­ent à une idée reçue, il n’y a pas que des jeunes hommes très sportifs ! Nous avons toutes sortes de profils : hommes, femmes, personnes de plus de 50 ans… »

Chaque année, sur près de 5 millions d’interventi­ons, 4,1 millions concernent le secours à la personne : malaise cardiaque à domicile, blessure sur la voie publique, accident de la circulatio­n, accoucheme­nt sur la route, AVC… Les pompiers ont beau être « les soldats du feu », les incendies ne concernent « que » 300 000 interventi­ons par an !

Mais si le 18 s’impose directemen­t en cas d’incendie et de sauvetage (une personne tombée à l’eau, par exemple), c’est le 15 (Samu) qu’il convient d’appeler lorsque quelqu’un se blesse, fait un malaise ou a des difficulté­s à respirer. Au bout du fil, l’un des 2300 assistants de régulation médicale, répartis sur tout le territoire, décroche : en quelques secondes, il questionne son interlocut­eur pour connaître son identité et les raisons de son appel. « En fonction des réponses, nous transmetto­ns l’appel à un médecin urgentiste pour les urgences vitales ou à un

médecin de ville, indique Nicolas Tondellier, porte-parole de l’Union nationale des assistants de régulation médicale (Unarm). De plus, nous pouvons indiquer à notre interlocut­eur quels premiers gestes d’urgence il peut tenir (faire un garrot…) et prévenir des pompiers en cas d’accident de la route afin qu’ils viennent sécuriser les alentours. »

Un travail d’équipe bien rodée

« Lors du trajet de la caserne à notre lieu d’interventi­on, nous sommes informés de la raison précise de notre venue et nous avons ainsi le temps de nous y préparer, assure Céline Guilbert. Avant notre arrivée, nous savons quels gestes il faudra pratiquer, quel matériel utiliser… Cela nous permet d’agir rapidement ! » Grâce à un travail d’équipe bien rodé, le stress est limité. « Nous savons quel va être le rôle de chacun, explique Stéphanie, pompier volontaire. Par exemple, en cas d’accident de la circulatio­n, l’un s’occupe du balisage, un autre tient la tête de la victime, un troisième découpe le véhicule, un quatrième sort le blessé… Nos chefs supervisen­t. Il n’y a pas d’improvisat­ion ! »

Pour les équipes du Smur (service mobile d’urgence et de réanimatio­n), la logique est la même : les gestes sont connus et les équipes travaillen­t main dans la main. « Dans l’urgence, il n’y a pas de place pour la panique, abonde Muriel Vergne, médecin urgentiste à l’hôpital de Toulon et secrétaire générale de SamuUrgenc­es de France. Nous savons gérer notre stress et nous apprenons à gérer celui du patient, de ses proches… »

Même si, en écho à leur propre histoire, ces pros peuvent être particuliè­rement touchés par certaines situations (la mort d’un enfant, la solitude, la misère…), rien ne les détourne de leur devoir. « Récemment, un monsieur nous a appelés car son épouse avait fait un arrêt cardiaque, raconte Muriel Vergne. Il n’a pas été possible de la sauver. Or, nous ne pouvons pas repartir avec les corps des décédés. Donc, même si cela a été dur, je l’ai laissé seul alors qu’il n’avait aucune famille pour le soutenir. J’en ai été très triste mais je n’ai rien laissé paraître. »

Pour faire face à ces situations qui peuvent les bouleverse­r, les profession­nels du secours et de l’urgence savent se soutenir : si, en interventi­on, l’un en observe un autre pour qui la situation est vraiment difficile, il sait comment prendre la relève, le temps qu’il se ressaisiss­e. En outre, une fois l’interventi­on terminée, tous parlent et « débriefent » ensemble sur le chemin du retour. « Après des interventi­ons chargées, comme les accidents très meurtriers sur la route, nous mettons des mots sur notre ressenti. Des infirmiers et des psychologu­es sont présents en cas de besoin », indique Céline Guilbert. « Nous pouvons aussi échanger avec un psychiatre », ajoute l’urgentiste.

Un engagement à toute épreuve

« En tant que médecin urgentiste, je dois constammen­t m’adapter : aux lieux, aux personnes… Aucune garde ne se ressemble », précise Muriel Vergne. Aimer l’action, savoir être efficace rapidement, avoir le sens de l’engagement, telles sont quelquesun­es des qualités requises pour exercer dans les métiers de l’urgence. « Notre devise est “Courage et dévouement” et cela définit bien l’esprit des pompiers : il faut être prêt à sacrifier week-ends et jours fériés, analyse Céline Guilbert. Mais c’est un beau métier ! »

Au sein des casernes comme des équipes d’urgentiste­s règne un fort esprit de fraternité. « Nous faisons tellement de gardes ensemble, nous passons tant de réveillons de Noël, de repas partagés, que cela crée des liens entre nous, assure Muriel Vergne. C’est une grande famille dont tous les membres sont engagés pour une même cause : sauver des vies ! »

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 ??  ?? Réparties sur tout le territoire, les équipes de pompiers et d’urgentiste­s savent allier réactivité et sang-froid lors de chacune de leurs missions de secours.
Réparties sur tout le territoire, les équipes de pompiers et d’urgentiste­s savent allier réactivité et sang-froid lors de chacune de leurs missions de secours.

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