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Témoignage « Mon entreprise de biscuits est née dans ma cuisine ! »

Passionnée de cuisine et soucieuse de son alimentati­on, Aurélie a lancé Le Petit Biscuit Français, une gamme de sablés artisanaux, made in France… et avec un message.

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Evidemment, j’adore participer aux mariages. À chaque fois, on me confie les prénoms des heureux élus et quelques mots doux. Il y a eu Magali et Thierry, récemment, par exemple, unis pour la vie. Sur mes biscuits, j’ai de la place pour douze lettres et trois lignes. C’est assez pour clamer son amour à sa maman, chérir ses enfants ou séduire une amoureuse. Je fais un beau métier, artisanal et rempli de beaux sentiments…

J’ai toujours aimé faire la cuisine sans pourtant, pendant longtemps, envisager d’en faire mon métier.

J’étais bonne élève et j’ai passé mon bac à une époque, il y a vingt ans, où il était bien vu de faire de longues études. Alors, un niveau bac +5 semblait plus valorisé qu’un CAP pâtisserie, ce qui est moins le cas aujourd’hui. J’ai donc intégré une école de commerce et je suis devenue responsabl­e production dans la métallurgi­e, l’aéronautiq­ue et le pétrole. On peut dire que j’ai un parcours plutôt atypique ! Pendant dix ans, pourtant, j’ai aimé mon métier. Je gérais des projets, des équipes et je gagnais bien ma vie. Ensuite, la vie éveille d’autres questionne­ments. Peut-être était-ce la crise de la préquarant­aine ? Je me suis mariée, je suis devenue maman et j’ai commencé à rêver de ma petite entreprise à moi, en accord avec mes valeurs. Je n’ai jamais arrêté de cuisiner et mon conjoint m’a encouragée à envisager cette voie. En plus, j’avais une petite idée derrière la tête. L’idée des biscuits m’est venue quand mes filles étaient plus petites. Elles se disputaien­t souvent au moment du goûter et j’avais eu l’idée de partager équitablem­ent leurs biscuits en les fabriquant moi-même avec leurs prénoms dessus. Plus tard, une amie qui se mariait m’a demandé de lui en faire pour son grand jour. Je voyais bien que l’idée plaisait et j’ai compris qu’il y avait peut-être un petit marché à creuser… J’ai commencé par tester des recettes à la maison. Mon entreprise est vraiment née dans ma cuisine ! J’avais l’idée d’une base de sablé, que je pourrais ensuite agrémenter de différents parfums, comme la vanille, du chocolat, des zestes de citron ou du piment d’Espelette pour la touche locale.

Mon mari, persuadé que je n’avais rien à perdre, m’a beaucoup soutenue.

C’était un vrai et beau projet de famille. Mon conjoint et mes filles m’ont accompagné­e à chaque étape. Il m’a fallu des mois pour trouver LA bonne recette ! Je voulais aussi et surtout travailler avec des produits nobles, en circuit court, car je suis concernée par l’écologie et la qualité de mon alimentati­on. Je suis basée à Bordeaux et j’utilise ainsi un beurre fermier basque dont je connais les producteur­s. J’utilise de la farine de Gironde Label Rouge ou en culture raisonnée, du sel de l’île de Ré et des oeufs de poules évidemment élevées en plein air. J’ai mis au point une recette que j’ai fait goûter à tout le monde : la famille, les amis, les collègues et, même, à l’INPI, l’Institut national de la propriété industriel­le, quand j’ai déposé ma marque ! Mais ce n’était pas fini. Encore fallait-il qu’ils supportent le transport et soient assez solides pour être envoyés par la Poste, par exemple. Nous avons donc « maltraité » nos colis pour tester la solidité de notre emballage biodégrada­ble. Là aussi, il fallait trouver la bonne recette !

Mon entreprise, Le Petit Biscuit Français*, est née il y a deux ans.

Quand j’ai été prête, j’ai négocié un départ et quitté mon emploi. Cela m’a permis de bénéficier d’aides à la création d’entreprise. Après avoir investi nos économies, il a fallu faire des emprunts pour déménager dans un vrai atelier et travailler de façon profession­nelle et dans des conditions sanitaires irréprocha­bles. J’ai une fille allergique : cela m’a rendue très maniaque et j’avais besoin de sortir de ma cuisine ! J’ai commencé dans un premier local et je viens d’emménager dans un nouvel espace de 150 m² avec

J’ai d’abord eu envie de créer des gâteaux pour mes filles

un laboratoir­e de cuisine et un grand four qui peut contenir jusqu’à 2000 biscuits. Comme mes tarifs commencent à 12 euros pour une petite boîte, je fournis beaucoup de particulie­rs. Cependant, je suis aussi très sollicitée par des entreprise­s ou de grands hôtels, qui apprécient de pouvoir donner cette petite attention à leurs clients. Malgré quelques angoisses pendant le confinemen­t, mon activité a heureuseme­nt très vite repris. Je note même un engouement encore plus fort pour les produits naturels et locaux et c’est tant mieux ! Je n’ai rien inventé, pourtant. Nous avons de la concurrenc­e sur le marché mais pas forcément à la même échelle. À mon niveau, très artisanal, il y a moins de monde ! Bien sûr, c’est énormément de stress. C’est beaucoup plus de travail qu’avant pour gagner moins à la fin du mois. Cependant de plus en plus de clients me font confiance, ma famille est fière de moi et je suis portée par ce que je fais. Il y a des rencontres cocasses, comme avec ce monsieur qui nous a demandé plusieurs boîtes de biscuits... avec des prénoms de dames différente­s. Il y a des moments plus tendres, comme avec ce fils qui voulait offrir de bons biscuits plutôt que des fleurs à sa maman parce qu’elle avait mal mangé à l’hôpital. Aucune journée ne se ressemble et toutes sont belles ! Aurélie

* Rens sur lepetitbis­cuitfranca­is.fr.

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