Maxi

Une vocation et des conviction­s

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Infirmière, j'ai choisi un métier que tout le monde connaît et qui suscite énormément de curiosité.

J'ai exercé dans beaucoup de services, de la maison de retraite aux soins palliatifs, et aujourd'hui en maternité.

J'ai pensé que ce serait peut-être plus « reposant », pour l'esprit du moins. Car il arrive parfois un moment où, après avoir travaillé dans des services lourds, en souffrance, on décide de prendre une pause. On se dit que, dans une maternité, on accueille la vie… Mais là-bas non plus, je n'ai pas été épargnée par les drames. Cependant, dans l'ensemble, c'est le service où les larmes sont le plus souvent de joie. Passer d'une patiente à une autre, c'est une aventure. Il m'arrive d'entrer dans une chambre et d'y découvrir une femme, à quelques heures de son accoucheme­nt, en train de faire du yoga. Et dans celle d'à côté, parfois, une autre qui hurle de douleur et insulte son mari en lui reprochant d'être responsabl­e de ce qui lui arrive. C'est sûr, aucune journée ne se ressemble ! Somme toute, je ne fais pas ce métier par vocation ou par passion, mais par conviction, celle d'agir et d'être en empathie. J'espère simplement, face à des manques de moyens chroniques, ne pas me retrouver un jour aigrie, sans empathie justement. Si je ne suis plus dans l'humain, j'arrêterai. Mais avant, je me battrai…

* Auteure de Coup de blouse à l'hosto ! (éd. Tut Tut, Leduc.S).

eu un sursaut d’amour quand mes deux enfants sont nés à la maternité… Mon hôpital, mon amour, nous nous sommes pourtant tant aimés ! Et puis, en fait, non, c’est trop.

En dix ans, j’ai vu mon métier et l’hôpital se dégrader. Ce qui se passe dans les maternités est comparable à ce qui arrive dans les maisons de retraite, avec une vision totalement comptable de la médecine, déconnecté­e de la réalité que l’on vit sur le terrain. Un jour, j’ai dû laisser des parents désemparés pendant deux heures alors que leur bébé venait d’être transféré en réanimatio­n, car j’étais retenue ailleurs. Nous manquons d’argent, mais surtout de temps.

Néanmoins, je continuera­i de me battre pour mon beau métier. Je viens de publier un nouveau livre* et l’on m’écoutera peutêtre. Je veux participer à cette réflexion citoyenne et militer pour remettre de l’argent et de l’humain dans notre système de santé. Je continue d’exercer autrement et j’enseigne également. J’ai vécu les plus belles émotions de ma vie dans les hôpitaux et je rêve d’y retourner. Hier, je suis allée revoir des collègues et j’ai pleuré en sortant tellement j’aime cet endroit… Anna

* Histoires de sage-femme, d’Anna Roy (Éd. Leduc.s).

Les faits cités et les opinions exprimées sont les témoignage­s recueillis dans le cadre d’enquêtes effectuées pour réaliser ce reportage. Rapportés par Maxi, ils n’engagent que les témoins eux-mêmes.

Par Nathalie Bezou

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Sophie Ruellé, infirmière*
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