Soulager et bien traiter les douleurs au pied
Mal sous le talon, sur le côté déformé, dans les orteils… Ces douleurs relèvent de pathologies différentes qu’on vous aide à identifier pour mieux les soigner.
Pourquoi ne peut-on plus marcher, courir ou simplement se chausser sans souffrir ? Le pied est une zone complexe, parcourue de multiples tendons, muscles, nerfs et petites articulations très exposées aux traumatismes ou qui se fragilisent avec le temps. À chaque type de problème, un nom savant, tel que l’hallux valgus ou rigidus, la maladie de
Haglund, l’épine de Lenoir ou le syndrome de Morton, sans parler de l’arthrose et de l’arthrite, plus connus. Décryptage avec le Dr Philippe Loriaut, chirurgien orthopédiste à Paris.
C’est douloureux sur le côté
Un os pointe légèrement, il forme progressivement un oignon : il s’agit sûrement d’un hallux valgus qui touche plus les femmes que les hommes et apparaît généralement après la cinquantaine, même si les formes précoces sont possibles. La douleur survient par période, durant les phases de poussée, et la déformation peut devenir très invalidante quand elle finit par gêner tout chaussage et entraver la marche.
Pour soulager : on peut prendre des antalgiques (paracétamol) et des anti-inflammatoires pendant les crises. Le port de semelles dans la journée et d’orthèse la nuit limite souvent la douleur également, même si cela n’évite pas la déformation. Et mieux vaut éviter les talons hauts qui amplifient la douleur.
Pour traiter : l’opération est la seule solution pour corriger la déformation et soulager radicalement. Bonne nouvelle : la prise en charge s’est bien améliorée. Plusieurs techniques sont possibles et les interventions mini-invasives en percutanées se développent. Le plus souvent opérée en ambulatoire, la personne rentre chez elle le jour même, après une anesthésie locale, et la douleur est bien gérée par des antalgiques efficaces.
C’est sensible vers le tendon d’Achille Deux possibilités : il peut s’agir d’une bonne tendinite, suite à un effort plus important que d’habitude (en forçant plus en courant, après les randonnées de l’été…), ou bien de la maladie de Haglund. Celle-ci se caractérise par une inflammation du tendon causée par l’os du talon qui forme un bec et vient frotter douloureusement. Les microtraumatismes répétés, le port de chaussures trop courtes, ou le fait d’avoir le pied creux peuvent l’expliquer.
Pour soulager : repos en cas de tendinite, et temporairement, des séances de rééducation avec
étirement et massages, peuvent soulager les douleurs liées à une inflammation chronique du tendon d’Achille. Le port de semelles aide encore et, bien sûr, on peut prendre des antalgiques.
Pour traiter: la chirurgie s’impose pour couper l’os qui vient buter sur le talon dans le contexte de la maladie d’Haglund. Résultat radical!
Ça irradie dans les orteils Quand des picotements, ou même des douleurs intenses, gagnent les orteils et en particulier le troisième et le quatrième, il faut penser au syndrome de Morton généré par une compression des fibres nerveuses situées entre deux métatarses. La faute à un problème de posture, ou bien à l’effet d’un hallux valgus très avancé.
Pour soulager : dans 50 % des cas, les douleurs sont bien améliorées par un meilleur chaussage et part des semelles sur mesure.
Pour traiter : faute de résultat, la chirurgie permet de libérer plus radicalement le nerf. Deux possibilités: ouvrir largement pour le retirer, ou bien procéder de manière mini-invasive pour le libérer en cassant les os adjacents, ce qui limite ensuite les risques de récidives et de douleur fantôme.
Ça pointe sous le talon
Une vive douleur en marchant, localisée au milieu de la zone du talon, peut s’installer. Elle est généralement plus présente le matin, s’estompe dans la journée, et ressurgit le soir. Ces symptômes évoquent clairement une aponévrosite plantaire, aussi appelée épine calcanéenne ou épine de Lenoir. Elle est due à une inflammation du fascia, c’est-à-dire de la membrane fibreuse reliant le talon à la base des orteils, qui peut s’accompagner d’une calcification. Le problème n’est pas rare, après une période d’effort intense ou une prise de poids.
Pour soulager : on peut commencer par s’équiper de demisemelles en silicone proposées en pharmacies et qui amortissent bien les chocs de la marche. Si cela ne suffit pas, il est toujours possible de faire des semelles sur mesure assurant une protection renforcée.
Pour traiter : il est parfois nécessaire d’éliminer les calcifications. On commence par des séances d’ondes de choc focales non invasives, réalisées chez le kinésithérapeute et qui suffisent parfois à casser l’épine. Les injections de PRP (plasma riche en plaquettes) peuvent aussi donner des résultats, mais elles et non remboursées. Et en dernier recours, la chirurgie permettra de retirer l’épine ou bien de désinsérer l’aponévrose.
Ça bloque dans le gros orteil
Et si c’était tout simplement de l’arthrose? Elle est assez fréquente à ce niveau du pied, notamment chez les (anciens) sportifs, adeptes du foot ou de danse classique, mais elle peut aussi s’expliquer par l’hérédité ou tout simplement le vieillissement. Et quand le cartilage de protection finit par s’user, les deux os sont douloureusement en contact et la zone se raidit, évoquant le bien nommé hallux rigidus qui progresse par poussée. Enfin, la formation d’ostéophytes (petits becs osseux) peut compliquer le tout.
Pour soulager : les antalgiques et anti-inflammatoires peuvent soulager un temps pendant les crises. Des infiltrations de corticoïdes ou de PRP aident également.
Pour traiter: si l’hallux rigidus devient vraiment invalidant, l’opération est proposée pour éliminer les ostéophytes et/ou bloquer l’articulation par une arthrodèse qui n’entravera pas la marche.