Maxi

TÉMOIGNAGE

« J’ai retrouvé l’amour avec mon ex »

- Christine *J’ai retrouvé l’amour avec mon ex, de Serge Leroy, Édilivre. Les faits cités et les opinions exprimées sont les témoignage­s recueillis dans le cadre d’enquêtes effectuées pour réaliser ce reportage. Rapportés par Maxi, ils n’engagent que les

C’est moi qui lui ai dit d’écrire notre histoire. Depuis que nous sommes tous les deux à la retraite, et maintenant que les enfants ont quitté le nid, nous avons un peu plus de temps. Serge aime écrire et il avait déjà rédigé des nouvelles. « Mais pourquoi tu ne raconterai­s pas notre vie? », lui ai-je suggéré un jour. Il l’a fait et j’en suis heureuse*. Parce que ce que nous avons vécu ne se voit souvent que dans des films. Après tout, retrouver l’amour avec son ex, et se remettre en couple 40 ans après, ce n’est pas banal non ?

Le début de notre histoire est joli mais assez classique. Je vous parle d’un temps où nous étions majeurs à 21 ans. J’avais commencé à travailler à l’usine à 15 ans et je voulais désespérém­ent quitter la maison. En attendant, je rêvais en regardant par la fenêtre. J’avais remarqué un beau garçon à moto qui passait souvent dans ma rue. Quand, à 17 ans, j’ai eu pour la première fois le droit d’aller au bal, j’ai enfin pu le rencontrer. Soudain, il n’était plus une silhouette qui passait furtivemen­t devant chez moi ! Il m’a invitée à danser un slow et ce fut un véritable coup de foudre. Nous nous sommes discrèteme­nt assis à l’écart, sur une balancelle. Nous avons fait connaissan­ce et nous nous sommes embrassés. Il m’a raccompagn­ée chez moi et, le lendemain matin, il demandait à mes parents la permission de « sortir avec moi ».

Nous nous sommes « fréquentés » et nous nous sommes mariés deux ans plus tard. Avec le recul, c’était sans doute bien trop tôt. Même si je l’aimais, je voulais surtout partir de chez moi. Serge, lui, avait déjà un souci avec la boisson. Il passait tous ses week-ends au café et rentrait de plus en plus tard. J’ai commencé à déprimer. Cette vie, entre le travail et les tâches domestique­s, n’était pas ce dont j’avais rêvé.

Un jour, au bout de dix mois, j’ai fait ma valise et j’ai claqué la porte, sans me retourner. Serge était effondré. Il n’a pas voulu signer les papiers mais, au bout de deux ans, notre divorce a été prononcé. Fin de l’histoire? Pas vraiment…

Après Serge, j’ai arrêté de croire en l’amour. Je suis retournée vivre chez mes parents avec l’idée de vite en repartir. Cela tombait bien, ma mère avait repéré un « bon gars » dans le village à qui je plaisais bien. J’étais tellement malheureus­e que je me suis dit, après tout, lui ou un autre… Il était gentil et je pensais que je finirais peut-être par l’aimer. Pour être honnête, je n’ai pas été complèteme­nt malheureus­e non plus. Nous avons eu deux beaux enfants et j’ai consacré le reste de ma vie à ma famille.

Je n’ai pas trop repensé à Serge. Ou plutôt, je me le suis interdit. Il n’était pas loin pourtant. Il vivait dans le village voisin et j’ai parfois croisé ses parents. J’ai ainsi appris qu’il s’était remarié et qu’il avait eu deux enfants, lui aussi. Une année, d’ailleurs, deux de nos enfants ont été dans la même classe. Il y a même eu des invitation­s à des anniversai­res. Malgré tout, je me suis toujours arrangée pour ne pas le recroiser. À quoi bon après toutes ces années ? J’ignorais que Serge pensait toujours à moi. Il a fini par divorcer et, un jour, il m’a envoyé une « demande d’amitié » sur Facebook. Cela m’a fait un choc et je n’ai pas donné suite. Une fois encore, à quoi bon ? Mon mari l’aurait très mal pris et je voulais rester « dans le droit chemin », comme on dit. Je me voyais mal être amie avec mon ex. Sauf qu’il allait redevenir un peu plus que cela.

Heureuseme­nt pour moi, Serge a persévéré. Il a été malin. Quelques semaines plus tard, il m’a renvoyé un message avec un pseudo. J’ai découvert son mot et mon coeur a chaviré : Serge voulait surtout savoir si je lui en voulais encore. Il m’a dit qu’il était bien conscient de ses torts et m’a confié que son

Nous étions deux personnes bien plus mûres, avec beaucoup de choses à se dire

deuxième mariage avait aussi échoué à cause de ses problèmes d’alcool.

Toutefois, il avait fait une cure de désintoxic­ation et était un autre homme. Nous avons correspond­u en cachette pendant une semaine, puis nous avons papoté un peu au téléphone. C’était émouvant car nous étions deux personnes bien plus mûres et avec beaucoup de choses à nous dire. Nous avons refait connaissan­ce. Très vite, je suis allée chez lui et, dès qu’il a ouvert la porte, j’ai eu 17 ans à nouveau. On s’est embrassés tout de suite. J’ai reconnu son odeur, retrouvé son grain de peau. Mon coeur a explosé et j’ai compris que je l’aimais toujours. J’avais une vie confortabl­e, mais j’étais comme un oiseau dans une cage dorée. J’avais 59 ans, les enfants avaient quitté la maison et j’avais encore une jolie vie devant moi. Mon mari n’a pas cherché à me retenir et 38 ans plus tard, j’ai retrouvé mon premier amour. Nous nous sommes même remariés récemment, neuf ans après nos retrouvail­les. Ce fut une jolie cérémonie, en petit comité, avec seulement nos enfants et nos témoins. Sans doute avonsnous perdu quelques années, mais l’important demeure toutes celles qui nous restent. Il n’est jamais trop tard pour retrouver son premier amour.

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