CÔTÉ PSYCHO

Les aléas de la vie des célébrités nous touchent

Naissance, divorces, maladie, décès, la vie des célébrités nous intrigue, même si nous n’arrivons pas toujours à l’avouer. Nous prenons un plaisir presque coupable à feuilleter les magazines people et à nous abreuver d’anecdotes croustillantes concernant leur vie privée. Pour beaucoup d’entre nous, cet intérêt va encore plus loin : admiratives d’une célébrité en particulier, nous nous sentons atteintes directement lorsqu’un événement survient chez celleci. Leur maladie ou leur disparition foudroyante, en particulier, nous bouleverse. Chez certains, elle peut même être synonyme de deuil à porter. Mais pourquoi un tel déferlement d’émotions pour des personnes que l’on ne connaît pas personnellement ?

Parce que leur existence est hors du commun

Voyages, activités extraordinaires, mariages princiers, richesse, vie intime chaotique, les stars mènent une vie bien différente de la nôtre. « Inaccessibles et proches à la fois, elles nous renvoient un quotidien qui n’a rien à voir avec notre propre routine, et c’est précisément ce qui nous fascine », explique Didier Courbet, professeur en sciences de la communication à l’université d’Aix-Marseille et chercheur, spécialiste des effets des médias numériques, des célébrités et images médiatiques. « Suivre leurs actualités nous permet aussi de nous évader et de penser à autre chose qu’à nos soucis personnels. »

Parce que c’est un sujet de conversation facile

Même si nous n’assumons pas toujours notre intérêt pour le monde des people, reste que les potins nous attirent tous et forment un sujet de conversation léger, facile à aborder en famille, entre amis ou chez le coiffeur ! Trahisons, tromperies, alcool, drogue, scandales ou grands malheurs, les informations que nous glanons sur eux lors de nos lectures constituent un terrain

universel d’entente – à la manière du sport ou de la météo –, et nous placent sur un pied d’égalité sociale. Partager notre amusement, nos moqueries ou notre mépris pour cette vie débridée nous permet en effet de dépasser les frontières sociales ordinaires (oui, la critique est acceptée quand elle concerne les célébrités !) et nous rapproche des autres. « C’est un sujet qui crée du lien social, confirme le spécialiste. En particulier, sur Internet et sur les réseaux sociaux. »

Parce qu’elles nous font rêver

Toute époque a son lot d’idoles. Les célébrités sont des héros de substitution, dont nous suivons les aventures avec délectation. Du mariage de Meghan Markle avec le prince Harry, en passant par le bébé de Louane Emera ou le nouveau couple de Brad Pitt, les célébrités nous fascinent. Plus belles, plus riches, plus chanceuses que le commun des mortels, elles semblent mener un quotidien plus facile que le nôtre : en somme, la version améliorée d’une vie que l’on n’aura jamais. « Nous projetons sur elles nos rêves de gloire et nos fantasmes ! » ajoute Didier Courbet.

Parce qu’on s’identifie à elles

Mieux encore, quand on est très fan d’une célébrité, on a tendance à s’identifier à elle. « Cette célébrité incarne la personne que l’on aurait aimé être et devient, au fil des années, un modèle à suivre », note le spécialiste. On admire sa carrière, sa personnalité, ce qu’elle dégage ou représente. Pour peu qu’elle ait le même âge que nous ou présente des similitudes dans son parcours de vie, on se projette à travers elle. Et on tente de vivre, par procuration, une vie soi-disant parfaite. « Ceci est évidemment un fantasme, une idéalisation : la vie intime des célébrités est souvent bien différente de ce qui est présenté dans les magazines », rappelle le spécialiste.

Parce que leurs malheurs… nous rassurent

Les frasques et les déboires des people nous attirent presque plus que leurs succès. On se rassure devant leurs déconvenues : ainsi donc, derrière les paillettes, tout n’est pas tout rose ! Non seulement ces malheurs les rendent plus humains, mais il y a un plaisir inavouable à contempler leur souffrance. À constater que les échecs n’arrivent pas qu’aux anonymes comme nous. Chez les Hallyday aussi, la famille se déchire quand il est question d’argent ! Chez François Hollande aussi, l’infidélité règne ! Dévoilés en pleines pages des magazines, ces scandales nous font relativiser nos tracas et amènent une comparaison positive : chez nous au moins, les défaites demeurent secrètes…

Parce qu’elles remuent en nous des souvenirs

De Johnny Hallyday à Grégory Lemarchal, en passant par la princesse Diana, Maurane, ou plus récemment Annie Cordy, les célébrités ne nous touchent jamais autant que lorsqu’elles disparaissent. Et pour cause : nous perdons alors une partie de nousmêmes. « Souvent, la star adulée est associée à des événements familiaux, amicaux, amoureux. Quand on pense à elle, c’est toute une période de notre existence qui remonte. Écouter cette chanson si émouvante pour nous, c’est repenser à cet ami si cher, perdu de vue depuis. Ou au couple que l’on formait avec son ex-conjoint, explique Didier Courbet. Quand la célébrité meurt, c’est toute une partie de notre vie, de nous, qui s’envole. » On peut aussi revivre un double deuil. Par exemple, si nos parents ou nos proches, décédés eux aussi, étaient fans de cette célébrité. La disparition de celle-ci vient alors remuer de douloureux souvenirs.

Parce que notre propre vie manque parfois de sens

« Les études sociologiques montrent que quand notre vie manque de sens, nous sommes davantage attirés par les célébrités et enclins à vivre leur vie par procuration », dévoile le spécialiste. Une identification forte à une personnalité correspondrait donc à des manques et déséquilibres dans notre vie. Stress, solitude, angoisse ou mal-être nous amènent à nous réfugier dans ce monde idéal véhiculé par les stars. À l’inverse, plus nous sommes engagées dans une vie très active, qui correspond à nos valeurs (investissement professionnel, familial, associatif, sportif, humanitaire…), moins la vie des célébrités nous atteint. Nous n’avons tout simplement pas besoin d’elles pour rêver et avancer au quotidien !