Maxi

Allons-nous arrêter de manger de la viande ?

Entre les vidéos choquantes dans les abattoirs et l’impact de l’élevage sur l’effet de serre, on peut se poser des questions. De là à cesser toute consommati­on de produits carnés?

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Faut-il culpabilis­er de manger de la viande ? Pour protéger la planète, préserver le bien-être animal ou simplement être en meilleure santé et éviter certains cancers… Les arguments pour critiquer notre consommati­on excessive de viande – rouge notamment – ne manquent pas. Mais de là à tout arrêter, il y a un (grand) pas que peu d’entre nous semblent prêts à franchir.

Nos habitudes changent C’est une tendance constante : depuis les années 1960, et surtout depuis le début des années 2000, notre consommati­on de viande a diminué. Selon une étude* du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observatio­n des conditions de vie), la consommati­on d’aliments carnés a baissé de 12 % entre 2007 et 2016. « Mais il faut savoir d’où l’on vient, nuance Catherine Serfaty-Lacrosnièr­e, médecin nutritionn­iste. Beaucoup d’entre nous ont grandi en mangeant beaucoup de viande, parfois même deux fois par jour! Or, depuis, nous avons compris que cette consommati­on était excessive. Le Circ (Centre internatio­nal de recherche sur le cancer), a prévenu, par exemple, qu’il était potentiell­ement dangereux de consommer plus de 100 g de viande rouge par jour. » Mais pas question pour la plupart d’entre nous d’y renoncer totalement. La preuve : après avoir longtemps baissé, la consommati­on de viande en France est même repartie légère

ment à la hausse récemment : en 2018, chaque habitant de l’Hexagone a mangé 87,5 kg de viande, dont 31,9 kg de porc, 23,1 kg de bovins, 29,7 kg de volailles et 2,8 kg d’ovins, d’après l’institut France AgriMer, affilié au ministère de l’Agricultur­e. « C’est une question complexe, car c’est l’achat de viande “piécée”, c’està-dire achetée chez son artisanbou­cher, qui baisse », nuance Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitant­s agricoles) et éleveur de vaches charolaise­s et de poules pondeuses en bio dans le Cher. « Les chiffres remontent un peu à cause du succès des fast-foods et d’autres produits industriel­s à base de viande, vendus en supermarch­é. Toutefois, on peut manger moins mais mieux, sachant que se posera toujours la question du prix. »

Conclusion : il y a plusieurs façons de manger de la viande et sa consommati­on reste bien ancrée dans nos habitudes. « De toute façon, même avec la meilleure volonté du monde, c’est difficile d’arrêter complèteme­nt, témoigne Emma, 29 ans, animatrice d’un blog** dédié à la vie au naturel. Comme beaucoup, j’ai voulu changer de vie pour protéger les animaux et protester contre l’élevage intensif qui participe à l’effet de serre. J’ai arrêté du jour au lendemain et cette nouvelle alimentati­on, au bout de quelques mois, est devenue difficile à gérer. Je cherchais où trouver des protéines ailleurs, je perdais la notion de plaisir… » Aujourd’hui, elle a repris la viande, qu’elle consomme avec modération, en

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Beaucoup ont diminué la viande et même arrêté d’en manger par souci de protéger la planète et les animaux.
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L’achat de viande chez le boucher, s’il a baissé en quantité, est plus exigeant en qualité.
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