Maxi

L' interview vérité

“RECYCLER LES CHEVEUX COUPÉS EST GÉNÉRATEUR D’EMPLOIS”

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Pendant longtemps, ce coiffeur s’est désolé de voir partir à la poubelle les mèches de cheveux qu’il coupait à ses clients. En créant son associatio­n, il a trouvé une solution écologique et responsabl­e.

Quelle est la mission de Coiffeurs Justes ? Notre associatio­n a mis en place une démarche de recyclage des cheveux. En effet, quand j’ai commencé dans la coiffure, il y a 30 ans, j’ai appris toutes les qualités du cheveu et, pendant longtemps, je me suis demandé pourquoi on ne faisait rien de ce matériau si riche ! Pour rappel, les cheveux sont hydrophile­s (absorbent l’eau), lipophiles (retiennent les matières graisseuse­s), incompress­ibles, élastiques, imputresci­bles (ne pourrissen­t jamais), solides, abrasifs… Bref, ils peuvent servir à bien des choses et notamment à nettoyer les secteurs pollués en mer, les eaux sales et usées des rivières et des fleuves (voir Vivre Autrement, Maxi 1783). Ce sont aussi des isolants naturels efficaces : pendant la Première Guerre mondiale, on a demandé aux femmes françaises de se couper les cheveux pour servir de feutre pour les tenues des militaires. Comment fonctionne­z-vous ? Nous avons mis en place un système d’adhésion pour les coiffeurs qui souhaitent participer à cette démarche. Nous leur envoyons des sacs en papiers recyclés qu’ils remplissen­t avec les cheveux coupés dans leur salon, puis qu’ils nous renvoient à leurs frais dans le Var où est située l’associatio­n. Nous donnons ensuite ces sacs à un Esat (un établissem­ent qui fait travailler des personnes en situation de handicap). Ces salariés mettent les cheveux dans des collants en nylon pour en faire des sortes de boudins que nous revendons ensuite à des collectivi­tés territoria­les, des industriel­s, des ports de plaisance, des fabricants de piscine, qui s’en servent en guise d’isolants, pour nettoyer les eaux salies par les crèmes solaires, les hydrocarbu­res rejetés par les bateaux ou les eaux de pluie… Nous avons établi un prix qui permet aux Esat de ne plus être tributaire­s des subvention­s. Quels sont vos projets ? Nous avons des adhérents dans toute la France et l’idée séduit en Europe. Mais aujourd’hui, tout est centralisé dans notre région. Nous aimerions qu’un système de collecte et de recyclage se mette en place partout en France de façon à éviter les envois et renvois de paquets de cheveux, et à faire travailler les Esat locaux. Cela générera de l’emploi et évitera une consommati­on d’énergie inutile.

Les cheveux sont dotés d'une foule de propriétés.

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Thierry Gras, président de Coiffeurs Justes

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