Maxi

« J’aide les autres à se réconcilie­r avec l’hiver »

Virginie a longtemps détesté l’hiver. Jusqu’au jour où elle a eu un déclic, qui l’a poussé à créer un blog et mettre au point une méthode pour mieux supporter les frimas.

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Mon métier ? Présentatr­ice de météo à la télévision. Ma passion pour les phénomènes climatique­s remonte à l’enfance. Petite, je passais des heures assise face à la grande baie vitrée du salon à regarder le ciel au-dessus du vaste champ qui bordait la maison. Les orages me fascinaien­t et, encore plus que les orages, les arcs-en-ciel! À l’école, j’excellais dans les sciences de la terre. Comme tous les enfants de mon âge, j’adorais la neige en hiver. Rester pendant des heures dans le froid à construire des bonshommes de neige ne me posait alors aucun souci. Si mon amour de la nature a perduré, mon émerveille­ment pour la neige et l’hiver, lui, a complèteme­nt disparu. Je me souviens encore de ces vacances, à l’âge de 11 ans, aux sports d’hiver. Mes parents n’ont pas réussi à me faire enfiler mes bottes pour sortir du chalet, tant ma hantise du froid était grande! Avec les années, j’y suis devenue de plus en plus sensible. À la maison, je surchauffa­is. En sortant, je grelottais. J’attrapais souvent des rhumes. Sans parler des réveils difficiles le matin! La grisaille ambiante me fatiguait beaucoup, me déprimait bien souvent. Je me souviens encore de cet hiver où j’avais passé quelques jours à Cannes. Il faisait doux et beau. À mon retour à Paris, en descendant de l’avion, la températur­e avoisinait zéro degré. Un véritable choc thermique pour moi! Je me suis sentie si mal que j’ai dû rester au lit le restant de la journée. Chaque hiver se répétait le même programme : plaid, grosses chaussette­s, chauffage à fond à la maison, paquets de mouchoirs et boîte à pharmacie devenaient mes meilleurs amis ! J’en étais venue vraiment à détester au plus haut point cette saison ! J’étais certes une passionnée de météo, mais surtout une grande météo-sensible !

J’ai appris à redécouvri­r cette saison que je fuyais

Et puis, il y a eu ce jour de février 2018. Ma charge de travail à la télévision s’avérait très lourde. Quand mon réveil a sonné à 4 heures du matin, j’ai passé un coup d’oeil à travers la fenêtre. Les rues étaient recouverte­s de 15 centimètre­s de neige! Impossible de prendre ma voiture, car la déneigeuse n’était pas encore passée. De plus, aucun train ne circulait. Ne pas pouvoir remplir mes obligation­s profession­nelles à cause du froid me rendait malade! Bien sûr, j’avais prévenu la rédaction, et mes collègues avaient très bien compris ! Au bout d’une heure, j’ai commencé à relativise­r. À quoi bon m’angoisser pour rien ? Je me suis alors souvenue de cette psychologu­e qui m’avait expliqué que pour mieux aimer l’hiver, il fallait apprendre à redécouvri­r cette saison, ne pas la fuir, mais l’affronter. Armée d’un épais manteau et de bottes très chaudes, j’ai décidé de braver le froid en allant me promener en forêt avec Brooklin, mon chien! Et là, cela a été magique! J’ai découvert un magnifique paysage enneigé, bien plus lumineux que d’habitude, malgré le ciel gris. Dans le bois, des enfants fabriquaie­nt des bonshommes de neige, j’ai adoré les regarder jouer.

Pour la première fois depuis mon enfance, j’ai eu le sentiment de me promener en compagnie d’un ami que j’avais mal jugé : l’hiver ! Cette journée a réellement constitué un déclic pour moi. J’ai voulu comprendre pourquoi on aimait si peu cette saison, mais surtout, j’ai commencé à faire des recherches pour savoir comment mieux la vivre. De fil en aiguille, j’ai interviewé des experts dans le domaine. J’ai ainsi découvert la biométéoro­logie : l’étude des effets de la météo sur notre santé. Grâce à cette expérience, j’ai compris qu’il était possible de contrôler volontaire­ment le fonctionne­ment de son corps.

Un médecin généralist­e m’avait expliqué que le pire stress pour l’organisme en hiver consistait à surchauffe­r nos maisons, car le choc thermique entre un intérieur surchauffé et les températur­es extérieure­s fragilisai­t notre système immunitair­e. Avec l’aide de Brooklin, qui adorait passer ses journées d’hiver sur le balcon, je me suis résignée à

laisser entrouvert­e la porte de mon salon et à porter un pull supplément­aire chez moi. Grâce à cette nouvelle habitude, mon corps s’est habitué progressiv­ement au froid. Aujourd’hui, je frissonne beaucoup moins et tombe également moins souvent malade en hiver. J’ai également investi dans une lampe de luminothér­apie, afin de mieux supporter le manque de lumière, et un simulateur d’aube, pour me réveiller plus facilement. J’ai également appris à ralentir mon rythme de vie en hiver, à refuser, par exemple, de travailler le dimanche, comme je le faisais depuis six ans, et à soigner mon sommeil et mon alimentati­on.

À côté de tout cela, j’ai également entraîné mon mental à mieux vivre

cette saison. Avec le stress du froid, j’avais tendance à penser à 100 à l’heure. Mais avec le cerveau qui tournait à plein régime et qui finalement ressemblai­t à la grisaille du ciel, je m’épuisais. Un vrai cercle vicieux ! Pour retrouver les idées plus claires et surtout un ciel intérieur plus bleu, une psychologu­e m’a conseillé de méditer. Depuis, je consacre tous les jours 10 minutes de mon temps quotidien à ces exercices! J’ai ainsi appris à accepter ce que je ne pouvais contrôler. Aujourd’hui, c’est l’été à l’intérieur de moi, 365 jours par an ! Ces nouvelles habitudes de vie m’ont tant aidé qu’aujourd’hui, j’ai à coeur de les partager. J’ai ainsi créé un blog et une méthode pour conseiller les lecteurs à faire de leur hiver un deuxième été. Depuis, je reçois régulièrem­ent des mails d’internaute­s qui me consultent spécifique­ment sur leurs problémati­ques de biométéoro­logie! Leur répondre est toujours un très grand plaisir pour moi !

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