C’EST D’ACTUALITÉ Le bien-être animal est mieux pris en compte !
Des règles plus strictes visant tant les élevages que les cirques ou les particuliers ont été mises en place pour que chacun d’entre nous fasse davantage attention aux animaux qui nous entourent.
Du code rural définissant les règles d’élevage des animaux aux récentes décisions de la ministre de la Transition écologique concernant le bien-être de la faune sauvage captive, en passant par l’amendement au Code civil qui reconnaît l’animal comme un « être vivant doué de sensibilité », nous avons fait bien des progrès. Fin janvier, des mesures présentées à l’Assemblée nationale visent à aller encore plus loin. Si nous sommes tenus de leur donner des conditions de vie « compatibles avec les impératifs biologiques de leur espèce », les défenseurs des animaux veillent à faire respecter la loi.
Des professionnels surveillés de près
Il ne sera bientôt plus possible de voir en France des numéros de cirques itinérants avec des tigres ou des éléphants dressés. De même, les trois delphinariums du pays ne pourront plus introduire de nouveaux dauphins et orques, et il ne sera plus autorisé de les faire se reproduire. Au nom du bien-être animal qui requiert que l’animal soit dans un environnement conforme à ses besoins, les quatre élevages français de visons exploités pour leur fourrure vont également fermer. Ce qui était autrefois accepté ou toléré est devenu insupportable pour beaucoup d’entre nous. Les zoos l’ont compris et s’adaptent en permettant aux animaux de gambader dans des espaces naturels plus grands, en les entourant de soigneurs professionnels et d’éthologues, chargés d’étudier leur comportement. Les éleveurs, quant à eux, doivent être inscrits au registre du commerce et sont soumis à des contrôles réguliers.
La SPA préconise d’adopter un animal dans un refuge plutôt que d’en acheter un, mais suggère néanmoins aux futurs acheteurs « de se méfier des annonces sur des sites comme leboncoin.fr ou les réseaux sociaux qui proposent des animaux “gratuits”, souvent issus de trafic et vendus illégalement. Ces animaux peuvent se révéler agressifs, malades, etc. sans que vous ayez aucun recours », explique Anne-Marie Choquet, responsable régionale à la SPA. Depuis 1993, la cellule anti-trafic de la SPA enquête sur les animaleries, les éleveurs ou les importateurs qui commettent des infractions.
Les expérimentations sont elles aussi mieux encadrées, afin de limiter le nombre d’animaux et d’espèces utilisés (essentiellement les rongeurs). En tant que consommateur, nous pouvons agir, comme Sylvie : « Quand j’achète un cosmétique, je regarde scrupuleusement l’étiquette, pour choisir une marque qui a banni les essais sur les
animaux ». Nous pouvons également opter pour des oeufs de poules élevées en plein air et limiter ainsi les élevages de volatiles en cage qui ne voient jamais la lumière du jour. Pour aider ses clients, le groupe Casino a instauré des étiquettes bien-être animal sur ses références de poulets (entiers, cuisses, blancs…), classés de A à D, en fonction des conditions d’élevage et d’abattage. Pour être noté A, l’élevage doit compter moins de onze poulets au mètre carré, qui doivent avoir accès à l’extérieur, avec des perchoirs, et se trouver à moins de trois heures de l’abattoir.
Les responsabilités des propriétaires
Être propriétaire d’animaux signifie le respect de règles visant à garantir leur bien-être. « Il faut veiller à ce que l’animal ait suffisamment à manger et à boire, il doit être soigné en cas de blessure et bénéficier d’un lieu de vie propre. S’il est dehors, il doit pouvoir accéder à un endroit couvert pour s’abriter des intempéries. Un chien peut être attaché dans un jardin, mais sa longe doit faire au moins trois mètres pour lui permettre de rentrer dans sa niche », rappelle Anne-Marie Choquet. Chacun doit aussi faire preuve de bon sens pour ne pas prendre un animal inadapté à son style ou à ses conditions de vie (en appartement, jardin ou pas).
Si certaines entreprises autorisent les animaux de compagnie au bureau, c’est loin d’être généralisé. Lucile, bordelaise propriétaire d’un malinois, a trouvé la parade : « Je lui laisse des jouets avec des croquettes à l’intérieur, ça l’occupe un moment. Le midi, je rentre chez moi à vélo pour pouvoir le promener. »
Les chats, même s’ils dorment jusqu’à 18 heures par jour, ont également besoin de soins et d’interaction. Ils sont régulièrement câlinés dans les refuges et les animaleries, où ils sont stérilisés à partir de six mois pour éviter les grossesses et les portées de chatons à répétition, qui épuisent les femelles. « Pour moi, c’est une question de responsabilité et cela évite également qu’ils se sauvent ou qu’ils se battent », explique Danielle, propriétaire de chats.
Même si les choses bougent en France, nous sommes loin de l’Allemagne qui réfléchit à une loi qui obligerait les propriétaires de chiens de les promener au moins deux fois par jour pendant une heure, ou de la Californie qui autorise les juges à statuer sur la garde des animaux en cas de divorce.
L’intérêt est pourtant grandissant dans notre pays, comme le montre le développement des formations de droit animalier. « Nous accueillons des étudiants mais aussi des vétérinaires, des membres d’associations, des juristes, etc. », explique Séverine Nadaud, responsable du DU (diplôme universitaire) en droit animalier de l’université de Limoges. La loi passée devant les députés fin janvier dernier est un pas de plus vers l’accroissement du bien-être pour tous les animaux.