TÉMOIGNAGE « Ma kiné est devenue une amie pour la vie! »

Mouna n’aurait dû être « que » la kinésithérapeute de Sabine, mais au fil des séances, elles se sont découvert une telle proximité de coeur, qu’elles sont devenues d’inséparables confidentes.

Quand j’ai rencontré Mouna au mois d’avril 2017, je sortais d’un mois et demi de mauvaises nouvelles. J’avais appris le cancer d’un sein, puis de l’autre, puis leur ablation nécessaire, ainsi que celle des ganglions sentinelles, à effectuer dans la foulée. J’étais en miettes, physiquement comme psychologiquement. À la clinique, on m’avait dit : « Faites-vous accompagner par Mouna, elle est super ! » Dès qu’elle a ouvert la porte de son cabinet, j’ai su qu’on ne m’avait pas menti. Les couleurs gaies, les souvenirs de ses voyages lointains, la musique douce, rien ne sentait la médecine, on se serait cru dans une maison, et je me suis immédiatement reconnue en elle. Elle avait la même énergie, le même dynamisme, et ne faisait pas de chichis. Je ne voulais surtout pas qu’on me plaigne, mais qu’on me booste pour redevenir la femme de mon super conjoint, Olivier, et la maman de notre petit Charlie, 2 ans et demi. Je voulais guérir, surtout pas pleurnicher. Je n’imaginais pas que c’est chez Mouna que j’oserais justement pleurer.

Deux à trois fois par semaine, je me mettais nue sans gêne, avec mes agrafes et en pleine chimio, me confiant à ses mains diplômées, puisqu’elle avait choisi une spécialisation cancer du sein. Tout était naturel. Je la sentais sans jugement, pas dans la pitié, juste guidée par la mission d’assouplir mon corps meurtri. Je ressortais de chez elle en forme, faisant les vingt-cinq kilomètres qui la séparent de chez moi avec des pensées positives, alors que j’étais arrivée à plat.

Mouna m’aidait à me projeter dans l’avenir parce qu’elle connaissait le sujet par coeur, et surtout, au bout de six mois, on se confiait nos façons de voir la vie. Non, on ne se ressemblait pas. Elle est plus posée, capable d’être solitaire, plus indépendante, maman de deux grands enfants adolescents, alors qu’elle n’a que six ans de plus que moi. Elle aime les voyages lointains, s’intéresse à la spiritualité, alors je suis très famille, cocon, fidèle à de vieux amis, beaucoup plus terre à terre et agitée. Ce qui nous liait, c’était l’état d’esprit, tellement proche. Aide-soignante, j’avais choisi comme elle un métier où je prenais soin des autres, alors sans doute qu’on s’écoutait très bien l’une l’autre, avec une empathie incroyable. Quand j’arrivais au bord des larmes, elle chuchotait : « Laisse-toi aller, c’est rien ». J’ai pu m’écrouler avec elle comme je n’aurais jamais osé le faire avec personne d’autre, surtout pas mes amis, ma famille, et encore moins Olivier. J’avais un peu honte, confuse de lui imposer cela, mais elle souriait : « T’inquiète, je suis là pour ça ». Il est même arrivé qu’on pleure ensemble… Avant d’éclater de rire ! Parce que oui, on a beaucoup ri, l’un des bonheurs de la vie qu’on a vraiment en commun ! Bien sûr, je voyais aussi un psy car, justement, Mouna n’était pas psy, elle devenait d’ailleurs une amie. Les séances ont vite débordé du temps thérapeutique tellement nous adorions papoter. On a fini par se téléphoner, juste pour se tenir au courant d’un sujet que nous avions abordé, cinq minutes, puis trois quarts d’heure !

Grâce à Mouna, j’ai pu me reconstruire et retrouver la gaieté

Après le temps de la souffrance est venu celui de la reconstruction, des mois pour préparer l’épiderme à recevoir les prothèses, par des extenseurs sous la peau. On continuait donc à se voir, avec moi qui allais de mieux en mieux. Ma vie sentait la sortie de crise, et plus le temps passait, plus on riait évidemment. On a fini par aller prendre un verre, ce qu’elle ne fait évidemment pas habituellement avec ses patientes. Je n’aurais jamais pensé le faire avec « la kiné de mon cancer » ! Aujourd’hui, trois ans après, paradoxalement, Mouna est une confidente associée à la gaieté. La maladie n’a été que l’occasion de notre rencontre. Elle