Maxi

« Trente ans plus tard, j’ai épousé mon premier amour »

Après une romance de trois ans à l’adolescenc­e, Katty et André se sont mariés chacun de leur côté. Sans jamais complèteme­nt s’oublier…

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C’est une boutade qui marche toujours. Quand des inconnus ou des amis nous demandent comment nous nous sommes rencontrés, André aime répondre du tac au tac: « À l’église ». Cela peut surprendre… Mais pour qu’il n’y ait pas de malentendu, je m’empresse de préciser que nous avions 12 ans, ce qui, en fait, étonne encore plus. Ensuite, je raconte volontiers notre histoire, car je sais qu’elle fait chaud au coeur…

Mon premier amour est un enfant de choeur, un vrai! J’ai connu André à la messe, c’est vrai. Il a fait le premier pas. C’était trop mignon : il se dépêchait de se changer pour pouvoir m’attendre à la sortie et moi je faisais exprès de prendre mon temps. Peu après, nous sommes « sortis ensemble », comme on disait à l’époque. Nous avons échangé nos premiers bisous. À 12 ans, c’était très chaste. Néanmoins, cette jolie histoire a quand même duré trois ans. Au collège, je ne sais pas si nous nous projetions vraiment vers l’avenir. Quand j’y repense, c’est la vie, plus qu’une quelconque dispute, qui nous a séparés. D’ailleurs, nous n’avons jamais vraiment rompu officielle­ment. Nous avons fréquenté des établissem­ents scolaires différents et, à cause de nos études, nous nous sommes juste vus de moins en moins… Même si nous vivions dans le même village, la relation s’est distendue. À l’époque, il n’y avait pas de portables ni de réseaux sociaux. Je savais aussi qu’André voulait voir du pays. Quand il est parti à l’armée, j’ai quand même compris que je pouvais passer à autre chose ! Il s’est engagé dans la force aérienne belge et j’ai construit ma vie ici. Je savais juste que mon premier amour garderait toujours une place particuliè­re dans mon coeur. Mais je n’imaginais pas encore ce que la vie nous réservait comme surprise!

Nous ne nous sommes revus qu’une fois en trente ans. Je me suis mariée et j’ai fondé une famille. André est resté dans un coin de ma mémoire, mais j’ai repris le cours de ma vie. Nous nous sommes mariés chacun de notre côté et nous avons connu d’autres bonheurs. La seule fois où je l’ai revu, quinze ans après notre « séparation », il était avec la maman de ses enfants. C’était à une fête de village et il était occupé à faire des frites. Je lui ai juste lancé « Bonjour André! » Un très bref instant, j’ai repensé à nos jolies années ensemble. Mais il avait l’air heureux et nous nous sommes juste souri tendrement avec un petit air entendu. Je me souviens que je l’ai trouvé toujours aussi mignon. Cependant, l’endroit n’était pas propice aux confidence­s. Le moment n’était pas encore venu. J’ai dû attendre quinze ans avant qu’il ne refasse le premier pas! Il y a sans doute un moment pour tout. André a divorcé avant moi. Un jour, il a croisé un de mes collègues. Il savait que je travaillai­s à l’hôpital et n’osait pas me contacter directemen­t. Il lui a demandé de me passer le bonjour, comme une bouteille à la mer… Il se trouve que j’étais en instance de séparation. Et, je le confesse, j’ai été un peu troublée. Un petit jeu s’est engagé. J’ai donné à mon ami pour mission de me rapporter une photo de lui et André m’a fait passer une carte de visite avec sa photo et son numéro de téléphone. « Tu peux l’appeler quand tu veux », m’a dit mon ami. Cette fois, la

balle était dans mon camp…

André et moi nous sommes retrouvés avec la même émotion qu’à 12 ans

Tout m’est revenu en plein coeur quand mon collègue m’a demandé comment on se connaissai­t. Nos premiers émois, les mains qui se frôlent, les bouches qui se scellent… Tout était encore là, tendrement enfoui au fond de ma mémoire. On n’oublie jamais un premier amour, surtout quand l’histoire est jolie. J’ai quand même mis trois semaines à l’appeler. J’avais la voix un peu étranglée par l’émotion, comme trentecinq ans plus tôt, à la sortie de la messe… Je n’oublierai jamais ce moment. André était dans un aéroport, mais c’est moi qui

planais… Nous nous sommes retrouvés à son retour. Nous nous étions donné rendezvous sur un parking et j’ai garé ma voiture à côté de la sienne. Il est monté dans mon véhicule. Je lui ai tendu ma joue, mais certains vieux réflexes d’adolescent­s sont vite revenus. Trente-cinq ans après, j’ai retrouvé le même regard, le même sourire… Mon André, quoi ! En même temps, nous avions changé. Après tout, nous étions des enfants quand nous nous sommes rencontrés. Nous nous sommes raconté nos vies et avons refait connaissan­ce en quelque sorte. Par chance, nous avions les mêmes goûts, les mêmes attentes. À nouveau, c’était l’homme de ma vie! Mais cette fois, nous étions grands et tout pouvait aller plus vite. Chacun a présenté l’autre à ses enfants et l’accueil a été formidable. Un an après nos retrouvail­les, nous nous sommes mariés. Parfois, on me dit que nous avons perdu du temps, mais je ne vois pas les choses ainsi. Je ne regrette pas ce que j’ai vécu. Je préfère penser que le hasard de la vie nous a à nouveau réunis au bon moment. Si nous étions restés ensemble, je ne sais pas si l’histoire aurait été aussi belle qu’elle l’est aujourd’hui ! Katty

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