Maxi

«J’organise des mariages écolos »

Parce que la plus belle journée de notre vie est aussi celle où l’on gaspille souvent le plus, Léa a eu l’idée de se lancer dans l’organisati­on de mariages plus « verts ».

- Les faits cités et les opinions exprimées sont les témoignage­s recueillis dans le cadre d’enquêtes effectuées pour réaliser ce reportage. Rapportés par Maxi, ils n’engagent que les témoins eux-mêmes.

Ce sont des moments que je chéris. Un couple vient me voir avant de se marier et je l’emmène faire ma tournée des petites adresses que j’adore. Parfois, les témoins et les parents peuvent se joindre à nous. Des créateurs de robes de mariées, il y en a des dizaines. Mon approche, à moi, est plus particuliè­re. J’essaie de valoriser des couturiers « made in France ». Et quand il s’agit de choisir une robe de mariée, nous essayons toujours de voir avec le créateur comment on pourrait la retoucher ensuite, afin de la transforme­r en une robe de soirée ou un joli deux-pièces, pour éviter de la laisser dormir au fond d’un placard. Du recyclage un peu chic, quoi…

Je crois que j’ai toujours voulu travailler dans l’événementi­el. J’ai fait la première partie de ma carrière dans la mode, après des études de stylisme modélisme, puis des études de marketing et communicat­ion spécialisé­es dans les métiers du luxe. J’ai travaillé avec des créateurs de bijoux, de vêtements, de parfums. À chaque fois, j’ai plutôt privilégié de petites structures familiales. À leurs côtés, j’ai appris énormément de choses et je ne regrette rien. Cependant, à un moment, j’ai commencé à me heurter à certaines contradict­ions. Alors que, dans ma vie personnell­e, je commençais à changer ce que je mangeais et ce que j’achetais, pour essayer de vivre plus sainement et protéger la planète, ce n’était pas forcément la priorité des secteurs où j’évoluais. Pendant que je travaillai­s dans la mode, j’ai fait du volontaria­t pendant six mois au Cambodge auprès d’artisans merveilleu­x, du « bon côté ».

Or, à côté de cela, je ne pouvais ignorer ce qui se passait, pas loin, dans certaines usines textiles. Sans renier tout ce que j’avais appris, je voulais essayer de changer les choses à mon échelle. Je suis une irréductib­le optimiste et je reste persuadée que chacun de nous peut avoir un impact. J’ai bien pensé à me tourner vers des marques de mode éthique, où il y a des alternativ­es magnifique­s. Mais en même temps, j’avais aussi envie de monter un projet à moi. Il me restait à trouver une idée.

Et si je devenais une weddingpla­n-neuse… écolo ? Si vous regardez autour de vous, il y a toujours une copine qui est contente de tout organiser, qui aime bien planifier les vacances, réserver le restaurant, tenir un budget… Cette copine, c’est moi. J’aime prendre en charge et, en plus, cela me fait plaisir de faire plaisir. C’est ainsi que le cheminemen­t vers l’organisati­on de mariages s’est fait assez naturellem­ent. Mais en même temps, je garde des conviction­s que nous sommes de plus en plus nombreux à partager. C’est sans doute, comme tout le monde, en allant à beaucoup de mariages que j’ai nourri cette réflexion. Ce sont des événements que j’adore, où l’on célèbre l’amour, l’amitié et la fête. Je n’y vais jamais à reculons ! Il y a juste deux ou trois choses qui, avec le recul, se répètent souvent à chaque fois. Le banquet, souvent généreux, génère quasiment toujours du gaspillage. Quand il faut nettoyer la salle, beaucoup de décoration­s, pas forcément très recyclable­s, vont à la poubelle. Ou la mariée dépense beaucoup d’argent dans une robe magnifique qu’elle ne portera plus jamais. C’est dommage. En réfléchiss­ant à chaque aspect de la fête, je me suis dit que je pourrais proposer une alternativ­e plus écorespons­able et durable. Nous avons la chance d’être bien accompagné­s en France. Pour moi, 2020 fut une année très riche où, malgré les confinemen­ts, j’ai eu le temps de réfléchir à mon activité. J’ai rejoint le parcours « Ticket for Change », qui encourage les entreprene­urs qui veulent avoir un impact positif sur l’environnem­ent.

Pour moi, c’est une belle façon de protéger la planète

Aujourd’hui, j’ai un métier passionnan­t qui me ressemble. J’ai créé ma société, qui s’appelle Green my day*. Mais je ne suis pas une donneuse de leçons : ceux qui viennent me voir veulent un mariage à leur image. Je leur suggère des idées et ils prennent ce qu’ils

veulent. Je propose ainsi des prestatair­es locaux et des produits de saison, et je prends contact avec une associatio­n pour ne rien jeter. Côté décoration, on peut aussi privilégie­r les fleurs de saison et locales. On n’est pas non plus obligé d’acheter du plastique et d’en mettre partout. Certaines décoration­s peuvent se louer et d’autres, se fabriquer. Tout dépend également de l’investisse­ment que les mariés peuvent y mettre. Si vous vous mariez à l’automne, on peut ramasser des feuilles mortes et les perforer pour fabriquer des confettis naturels. Pour les faire-part, on peut opter pour du papier ensemencé avec des graines à planter. Il y a aussi des idées pour la robe, comme pour tous les aspects du mariage. Quant à la liste de mariage, si le couple est déjà équipé, il peut planter des arbres dans une forêt ou faire un don à une associatio­n. S’il y a une cagnotte pour un voyage de noces, on peut organiser un voyage solidaire ou ne pas prendre l’avion. Mais à la fin, chacun est libre de faire ce qu’il veut. L’essentiel est que tout le monde passe un bon moment et que les mariés se reconnaiss­ent dans cette journée inoubliabl­e… Léa

* Rens. sur greenmyday.fr.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France