Maxi

C’EST D’ACTUALITÉ L’entraide entre voisins, ça fait tellement du bien !

Échanger un bien ou un service, donner un coup de main, acheter ou louer à un particulie­r près de chez soi pour seulement une fraction du coût habituel… Ces pratiques se développen­t et nous séduisent de plus en plus.

-

Aujourd’hui, les deux tiers d’entre nous se disent prêts à partager leurs objets plutôt que de les posséder exclusivem­ent*. À l’échelle de l’Europe, nous sommes même les champions : 36 % de Français ont déjà utilisé une plateforme collaborat­ive contre seulement 17 % des habitants en moyenne dans les pays voisins*. Une tendance lourde, donc, devenue pour certains un réflexe, et même, parfois, une nouvelle manière de vivre et de consommer !

* Rens. sur le site du ministère de l’Économie et des Finances : economie.gouv.fr.

Vive l’économie collaborat­ive

« Je déteste le gaspillage et j’ai beaucoup de mal à me séparer des choses, explique Valérie. Pendant mes vacances, j’ai recensé tout ce que je pouvais vendre, louer ou échanger près de chez moi, contre ce dont j’avais besoin. J’ai été surprise du résultat ! » Appareil à raclette, machine à coudre, vélos, perceuse, échelle… Nous avons

tous des objets que nous n’utilisons qu’occasionne­llement et qui peuvent devenir source de revenus. C’est pourquoi aujourd’hui, certains sites (e-loue.com, zilok. com, placedelal­oc.com, etc.) facilitent et garantisse­nt les transactio­ns entre particulie­rs. « Ces sites ont l’avantage de structurer l’offre et la demande, analyse Valère Corréard, spécialist­e de l’économie sociale et solidaire et créateur de linfodurab­le.fr. Ils rassurent et offrent une garantie aux utilisateu­rs. » Ils permettent aussi de nouer des contacts. « Nos modes de vie poussent à l’anonymat et à l’isolement, continue Valère Corréard. La montée en puissance des réseaux sociaux et la géolocalis­ation ont donné un coup d’accélérate­ur à ces pratiques. » À l’instar de l’engouement fulgurant pour la location de vacances entre particulie­rs, initié par airbnb.com, on peut désormais louer à peu près tout entre particulie­rs. Ouicar.fr, la plateforme de locations de voitures entre particulie­rs, revendique plus de 2,3 millions d’utilisateu­rs, qui économisen­t 30 à 50 % par rapport à un loueur traditionn­el.

Par ailleurs, pour Sylviane, utilisatri­ce de la concierger­ie de quartier Lulu dans ma rue, l’intérêt n’est pas seulement économique. « Quand j’ai besoin d’un coup de main pour changer un meuble de place, explique-t-elle, je vais au kiosque, je discute un moment avec la personne qui prend ma demande et me trouve quelqu’un. C’est simple, convivial, les personnes recommandé­es sont formées, de confiance, les prix sont raisonnabl­es : ça me convient parfaiteme­nt. » Une manière d’initier le lien et la conviviali­té à l’échelle d’un quartier, mais aussi de consommer autrement, comme l’explique Floriane Addad, créatrice d’un site d’échanges entre particulie­rs : « lorsque j’ai créé MyTroc.fr en

2015, je voulais m’inscrire dans un mouvement collaborat­if. » Aujourd’hui, le site revendique 237000 utilisateu­rs dont 70 % de femmes, qui échangent biens et services sans ouvrir leur portemonna­ie. Les offres sont gratuites ou rémunérées en noisettes, que l’on peut cumuler. On peut ainsi en acquérir en promenant le chien de sa voisine ou en l’aidant dans ses démarches administra­tives, et les utiliser plus tard pour faire repeindre sa cuisine.

Des liens de proximité retissés

Facilitée par la généralisa­tion d’Internet, boostée par le premier confinemen­t, qui a remis la solidarité et la proximité sur le devant de la scène, l’entraide entre voisins s’organise et fait des émules. « Il y a des gisements de générosité en France, explique Atanase Périfan, président de la Fédération européenne des solidarité­s de proximité, mais il est encore difficile d’aller sonner chez son voisin et offrir quelque chose de gratuit. Il faut rassurer, d’où la mise en place d’offres structurée­s comme l’Heure civique, portée par l’associatio­n Voisins solidaires. » Après la fête des voisins, adoptée par 10 millions de Français, l’Heure civique a pour vocation de renforcer les liens de proximité en donnant à chacun la possibilit­é de faire quelque chose pour l’autre. « Chacun a de la valeur et peut être utile à quelqu’un, poursuit Atanase Périfan, à l’origine de cette nouvelle initiative. Et tout le monde y trouve son compte : on brise la solitude, on fait des rencontres, on apprend quelque chose… »

Même constat dans le départemen­t du Nord, très engagé dans la solidarité de proximité. « Nous faisons en sorte de valoriser les actions de solidarité, notamment vis-à-vis des aînés, afin de lutter contre l’isolement, explique Geneviève Mannarino, vice-présidente du Conseil départemen­tal du Nord. La crise sanitaire a mis en lumière de nouveaux besoins, par exemple au niveau des étudiants. L’action Ville solidaire vise à créer une mobilisati­on et à donner les outils à ceux qui sont prêts à se mobiliser. » Une invitation saisie par JeanNoël Verfaillie, maire de Marly, une commune de 12000 habitants. « Nous avons assisté à un élan de solidarité durant le premier confinemen­t, mais qui est vite retombé. Je souhaite capitalise­r sur cette envie qu’ont certains d’aller vers l’autre. La mairie peut être un intermédia­ire utile pour structurer, communique­r et installer les actions sur le long terme. »

Pour autant, il n’est pas toujours nécessaire de passer par un site, une associatio­n ou une institutio­n pour s’organiser entre voisins. Lourdes, gardienne d’immeuble, l’a intégré à sa vie depuis longtemps : « Tout le monde me connaît dans mon quartier, car je rends des petits services, surtout aux personnes âgées. Je fais les courses avec plusieurs caddies et porte-monnaies : ça attire l’attention et aussi les volontaire­s. Récemment, un monsieur au chômage a proposé de m’aider et nous avons créé un petit groupe de cinq personnes

dans le quartier pour accompagne­r une personne chez son médecin, faire les courses d’une autre, aider à prendre rendezvous sur Doctolib… Nous avons un groupe sur WhatsApp pour nous organiser. Ça marche dans les deux sens : quand je suis tombée malade, j’ai eu de l’aide ! »

L’important, donc, c’est de briser la glace, en faisant un premier pas. Que ce soit par l’intermédia­ire d’une transactio­n rémunérée via un site, d’une initiative locale ou individuel­le, on a tous intérêt à sortir de sa réserve pour aller vers l’autre !

 ??  ?? Besoin d’un coup de main pour des travaux d’aménagemen­t ? La solution est souvent près de chez vous.
Besoin d’un coup de main pour des travaux d’aménagemen­t ? La solution est souvent près de chez vous.
 ??  ??
 ??  ?? Des services basés sur l’échange et la proximité se multiplien­t.
Des services basés sur l’échange et la proximité se multiplien­t.
 ??  ?? Internet facilite les réseaux d’entraide et de conviviali­té.
Internet facilite les réseaux d’entraide et de conviviali­té.

Newspapers in French

Newspapers from France