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TÉMOIGNAGE «Je souhaite développer les circuits courts»

En septembre dernier, Séverine a réalisé son rêve : lancer son entreprise. Un site de vente de meubles et d’objets, très souvent made in France et résolument écorespons­ables.

- Par Véronique Mahé *Voir le site : simon-simone.fr.

Pendant 10 ans, j’ai conservé une feuille sur laquelle je notais les idées d’entreprise­s que j’avais envie de créer. Beaucoup de sujets m’intéressai­ent : j’ai envisagé un centre d’activités parentsenf­ants pour partager des jeux, des visites, des balades ; une ligne de vêtements pratiques et faciles à enfiler pour des personnes handicapée­s ou pour des seniors en perte d’autonomie et d’agilité ; une gamme de pantalons quasiment sur mesure… Mais il a fallu que j’attende d’avoir beaucoup plus confiance en moi pour créer Simon-Simone, mon site de vente de marques françaises et écorespons­ables.

Il y a 20 ans, j’avais pourtant suivi des cours d’improvisat­ion théâtrale afin de doper mon aisance face à des inconnus. Je travaillai­s alors dans une petite entreprise au service financier et j’avais remarqué qu’en réunion d’équipe, j’hésitais souvent à prendre la parole. Le temps que je me décide, la réunion était passée à un autre sujet. Ces cours d’improvisat­ion théâtrale m’ont beaucoup aidée et m’ont également donné ma première idée d’entreprise : j’ai voulu développer un réseau de comédiens qui interviend­raient dans les maisons de quartier, les écoles, pour mener des séances de ce type afin d’apprendre aux jeunes à prendre la parole avec assurance. Je me suis donné six mois à plein temps pour mener à bien ce projet. J’ai donc quitté mon emploi, développé par écrit mon projet, fait un plan de développem­ent, mais si j’ai facilement trouvé des comédiens pour participer, je n’ai pas trouvé de clients prêts à s’engager vraiment. Certes, certains se disaient intéressés par le projet, qu’ils trouvaient prometteur­s, mais ils n’allaient pas plus loin.

Au bout de six mois, j’ai donc arrêté, cherché du travail et pendant plusieurs années, j’ai travaillé pour des marques de prêt-à-porter : Etam, La Redoute… Je suis passée du service financier à celui de la vente et, durant 20 ans, j’ai tout appris du monde de la mode et de la confection. J’ai ainsi pu me rendre compte de l’importance de l’impact environnem­ental de cette activité : on fabrique presque un an à l’avance des collection­s entières à l’autre bout du monde ; on importe ensuite ces vêtements en grande quantité pour pouvoir répondre à une éventuelle forte demande, alors qu’on ne sait pas si les pièces vont séduire une clientèle. Résultat : si des produits ne s’écoulent pas, il faut les stocker, les solder, les déstocker, les vendre à des soldeurs… Parfois, lorsqu’il restait encore des invendus, nous les donnions à des associatio­ns mais il arrive que certaines marques les brûlent. Beaucoup de gâchis par conséquent, induit par cette façon absurde de construire les collection­s. Mais on ne peut pas blâmer les marques : c’est leur manière de répondre aux désirs des clients dont le premier critère est le prix ! En outre, de nombreux vêtements sont confection­nés avec des matières synthétiqu­es dont la fabricatio­n est toxique pour la planète et pas terrible pour la santé des humains. Incontesta­blement, il y a dans l’industrie de l’habillemen­t un côté obscur contre lequel il faut lutter. Mais ce n’est finalement pas dans ce domaine que

j’ai décidé de monter mon site.

Ma volonté : valoriser le made in France et les artisans

Car pendant toutes ces années, l’envie de créer ne m’a pas quittée. Avec le temps et l’expérience, j’ai pris peu à peu confiance en moi et j’ai eu la révélation durant le confinemen­t du printemps dernier : mon activité était à l’arrêt et même si mes deux garçons de 8 et 9 ans étaient à la maison, j’ai eu le temps de réfléchir à ce que je souhaitais faire et aux valeurs que j’avais envie de porter. J’étais déjà convaincue de la nécessité de privilégie­r les circuits courts non seulement pour limiter la pollution du transport, mais aussi pour être correcteme­nt approvisio­nné. Le confinemen­t a confirmé

cette conviction : si nous ne voulons pas être tributaire­s des autres et subir des restrictio­ns en cas de problèmes, il faut supporter l’économie française et préserver ainsi les emplois ! Je voulais aussi être dans une démarche écorespons­able : proposer des choses confection­nées dans de belles matières durables afin qu’elles ne s’usent pas trop vite et donnent envie de les garder longtemps.

Spontanéme­nt, j’aurais été tentée d’aller vers le prêt-à-porter, mais il existe déjà beaucoup de sites de vente de vêtements made in France et responsabl­es. En revanche, je me suis vite aperçue que dans l’univers de la maison, il y a beaucoup moins de propositio­ns ! Entre les sites tels que ceux des très grands distribute­urs qui proposent des produits très standards à des prix défiants toute concurrenc­e et ceux des designers aux meubles et objets très beaux, très originaux mais très chers, il y avait la place pour un juste milieu : Simon-Simone* est né de ce constat. J’ai démarché beaucoup de petites marques et d’artisans français et j’ai globalemen­t reçu de très bons accueils. Ma volonté de valoriser le made in France et la qualité a séduit les artisans qui sont souvent peu à l’aise dès lors qu’il s’agit de se vendre eux-mêmes. J’aime assurer cette fonction pour eux : sur mon site, je présente chaque marque, son histoire, son créateur, sa démarche… Certes, je n’ai plus la même sécurité d’emploi qu’avant, mais je m’organise comme je veux, ce qui me permet de passer du temps avec mes fils. Je me réveille avec le sourire et je pense à ma grand-mère Simone à qui j’ai ajouté un Simon pour que sur mon site, femmes et hommes s’y retrouvent ! Séverine

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