Tout une histoire
Techniciens, métreurs, spécialistes en terrassement, moellonneurs, maçons, canalisateurs, conducteurs d’engins, de poids lourds…en tout près de 100 métiers différents interviennent lors de la construction d’une route. Comment sont-elles construites ? Jean-Marie Maillet, Président de GTOI a accepté d’éclairer les lanternes du Mémento.
Une route vieillie, se fissure, bouge et travaille avec le trafic, raison pour laquelle il est indispensable de réaliser régulièrement des travaux d’entretien. Une opération qui consiste à la rafraîchir pour lui donner une nouvelle durée de vie. Certaines nécessitent des rénovations lourdes, d’autres doivent être construites de A à Z, comme ce fut le cas pour la route des Tamarins.
Qu’il s’agisse de travaux d’entretien, de rénovation ou de construction, les acteurs de la construction spécialisés dans les travaux routiers commencent tous par répondre à des appels d’offres ou consultations lancés par des donneurs d’ordre public ou privé. “Nous pouvons être concepteur, mais neuf fois sur dix, nous répondons à un appel d’offres qui a été conçu par un tiers pour le compte du client”, explique Jean-Marie Maillet, Président de GTOI, l’un des grands acteurs de la construction dans l’île.
“Lorsque nous répondons à un appel d’offre, nous commençons par confier le dossier à notre bureau d’études qui va l’analyser à la fois techniquement et financièrement pour le projeter. Il y a dans ces équipes des métreurs qui vont mesurer les surfaces, des ingénieurs, des techniciens pointus qui vont s’assurer que le projet fonctionne, qu’il n’y a pas d’erreurs ou d’anomalies. Nous allons également étudier l’aspect contractuel, et demander à des ingénieurs en étude de prix de projeter le temps, le nombre de personnes et de machines nécessaires. De cette étude va découler un prix qui va être remis au client”.
Les travaux sur les routes qu’elles se trouvent en rase campagne ou en milieu urbain ne nécessitent pas les mêmes compétences. Les travaux en centre ville nécessitent par exemple de prendre en compte toute l’urbanisation : les trottoirs, les bordures, la signalisation, le marquage au sol, le passage piéton, les pistes cyclables, les réseaux enterrés d’eau potable, d’eau pluviale, les réseaux électriques, de téléphones, etc.
En ville ou en périphérie de celles-ci, la construction de route neuve comprend cinq grandes phases : le terrassement qui va bouger la terre pour faire la mise à niveau et créer l’itinéraire, grâce à des engins d’extraction, tels que des pelles ou des bulldozers.
En terme de fatigue pour l’ouvrage, le passage d’un poids lourd équivaut à celui de 10.000 voitures...
La deuxième phase est le blanc. Ce sont les fondations et les couches de base qui sont réalisées avec des matériaux naturels élaborés dans les carrières. Puis vient le noir : les enrobés. “Il faut pour réaliser des enrobés des équipements très spécifiques comme le finisher : ce sont des machines qui avalent l’enrobé et le répendent derrière avec une table qui le met à l’épaisseur voulue”, précise JeanMarie Maillet. Le noir est associé en zone urbaine ou périurbaine à la Voirie et Réseaux Divers, VRD, avec tous les équipements qui peuvent graviter autour, ou sous la route : les réseaux enterrés, les équipements de circulations. La dernière phase concerne les équipements de sécurité de la route : les panneaux de signalisation, le marquage au sol, les séparateurs en béton sur les quatre voies.
Le secret d’une bonne route ? Que la résistance soit compatible avec le trafic qu’elle devra absorber, car à chaque fois qu’un véhicule passe, il fatigue l’ouvrage. La chaussée sera donc plus ou moins épaisse et renforcée en fonction du trafic. “Sur les routes, les poids lourds et les bus sont les véhicules les plus agressifs”, ajoute Jean-Marie Maillet. “En terme de fatigue pour l’ouvrage, le passage d’un poids lourd équivaut à celui de 10.000 voitures. Nous dimensionnons donc les chaussées non pas en fonction des voitures, mais des camions”. De quoi vous faire regarder les routes autrement !