Memento

“Après le roi, vient Popeyes”

Philippe Lariche est un homme d’affaires, assurément. C’est à l’âge de 27 ans qu’il ouvre son premier commerce dans l’Hérault, un Intermarch­é. Il est aussi connu pour ne pas faire de langue de bois. Il répond, en toute franchise, aux questions du Mémento

- Propos recueillis par: Laurie Ferrère // Photo: Mémento

Le Mémento : Peut-on rappeler les activités de votre société, S2FOI ? Philippe Lariche : La Société Fast Food Océan Indien, S2FOI gère plusieurs activités : il y a la restaurati­on rapide, avec les franchises de Burger King et de Quick, mais aussi la grande distributi­on, avec le Leader Price de Saint-André, ainsi que les stations-service Total (ZAC Foucheroll­es à Sainte-Clotilde) qui ouvrira d’ici fin 2020 et un autre projet à venir à Saint-Benoît.

Le Mémento : On peut dire que l’activité est prolifique. D’ailleurs, où en est la conversion des Quick en Burger King ? P. L.: Burger King continue à se développer. Il y a actuelleme­nt 10 restaurant­s BK à La Réunion, et d’autres sont encore à venir. Il y a par exemple un Burger King qui devrait ouvrir prochainem­ent rue de Nice en plein centre-ville de Saint-Denis, d’ici septembre 2020 et un autre aux Terrasses E. Leclerc à Saint-Joseph, fin 2020.

Le Mémento : Mais alors, si les comptes sont bons, après ces ouvertures, il restera toujours trois Quick à La Réunion ? Que deviendron­t-ils ?

P. L.: Ils vont se transforme­r en Popeyes. C’est une exclusivit­é que je vous livre, là. Les trois Quick vont se transforme­r, et la S2FOI a déjà déposé 4 permis de construire pour cette franchise.

Le Mémento : Quelle annonce!

Vous pouvez en dire plus sur Popeyes Louisiana Kitchen (de son nom complet) ?

P. L. : Oui, il s’agit du principal concurrent de KFC, le deuxième mondial sur le marché du poulet avec près de 3.000 points de vente dans le monde. C’est une marque qui vient directemen­t de Louisiane, à la Nouvelle-Orléans aux États-Unis, qui ont pour spécialité le poulet “cajun”. Il s’agira donc principale­ment de poulets frits, mais pas que. On retrouvera également d’autres produits, comme les crevettes, le calamar, etc. La force de Popeyes est sans conteste ses produits frais, et ses saveurs goûtues, aux épices et notes créoles, qui sauront trouver un public à La Réunion.

Le Mémento : Des produits frais pour de la restaurati­on rapide, c’est possible ?

P. L. : À l’inverse de BK et de Mc Donald’s, Popeyes Louisiana Kitchen proposera des produits et surtout des produits péi, et c’est une fierté, une réussite pour nous. C’est l’abattoir de l’Étang-Salé (Crête d’Or) qui a pu être agréé en ce sens.

Le Mémento : D’autres projets encore sont à venir de la part de S2FOI, c’est ça ?

P. L.: L’un des projets les plus ambitieux de la société est celui de ma station-service de Saint-Benoît, sur la fin de quatre voies, accessible dans les deux sens, à l’entrée nord de la ville. C’est une zone d’activités que l’on souhaite développer avec une station-service, une boutique, une boulangeri­e, mais aussi un Burger King, un foot-salle et une salle de fitness. Le bâtiment, pensé par l’architecte Bruno Joberti, entièremen­t bioclimati­que (panneaux solaires récupérati­on des eaux, traversant, etc.) devrait être livré d’ici 2021, et est amené, je le souhaite à devenir un bâtiment de référence, le 1er de ce type dans l’Est qui manque cruellemen­t d’équipement.

Ensuite, la zone de la Balance, à SaintAndré, est, elle aussi, amenée à se développer, avec un Case à Pizza, un Case à

Pains, à venir, en plus des commerces et équipement­s déjà existants. On va refaire le parking et moderniser le Leader Price.

Le Mémento : Comment choisissez-vous les lieux d’implantati­on ?

P. L. : Le truc, c’est de ne pas toujours chercher le retour immédiat, le gain à court terme, mais justement d’oser développer des zones où d’autres ne vont pas, les Hauts, le Sud et l’Est, moi j’y étais précurseur. Par exemple, la mairie de Saint-Benoît réfléchit actuelleme­nt au développem­ent de la zone juste derrière le bâtiment que l’on va construire.

Je suis attentif à ce qui se passe, à l’instant T et dans le temps. Le Quick de Juliette-Dodu garde un énorme potentiel, parce qu’il y a des projets à venir pour la réhabilita­tion de la prison. C’est un énorme potentiel foncier, il y aura quelque chose ici un jour. Le tout c’est d’imaginer ce qui va se passer, comment les routes arrivent et comment les projets vont se développer. Il faut voir

J’ai toujours fait du business en franchis“e et c’est un choix, parce que lorsqu’un concept fonctionne il n’y aucune raison, qu’il ne fonctionne pas ailleurs…

l’avenir. Mc Donald’s à l’Éperon, une hérésie, à mon sens. BK au rond-point du Centhor, parce qu’il va y avoir une nouvelle route, la constructi­on de 800 logements, et qu’il y a déjà le Super U.

Ce restaurant intéresse les hauts de l’Ouest, du Guillaume jusqu’à Trois Bassins. Et quand il y a du potentiel, on peut être en face/face, comme c’est le cas à Sainte-Marie. Pour l’instant SaintBenoî­t, Burger King ne s’était pas installé, parce que ce n’était pas le moment. Maintenant que j’ai un projet, et que je sais ce qu’il va s’y passer, j’y vais, avec un emplacemen­t optimal.

Le Mémento : Combien coûtent ces conversion­s et ouvertures de restaurant­s ?

P. L. : C’est beaucoup, 1,5 million d’euros minimum en moyenne. Mais les chiffres, pour moi, ne veulent rien dire.

Le Mémento : Le modèle de BK s’appuie sur un réseau de franchisés. Comment cela fonctionne-t-il ?

P. L.: Ici c’est une Master Franchise pour La Réunion et Mayotte avec possibilit­é de s’implanter à Madagascar. J’ai toujours fait du business en franchise et c’est un choix, parce que lorsqu’un concept fonctionne il n’y aucune raison, qu’il ne fonctionne pas ailleurs.

On est parfois en avance sur notre temps, mais il ne faut pas se tromper. Il n’y qu’à regarder KFC à l’époque, au Petit marché, qui a fermé quelques mois après son ouverture. Il faut de l’intuition, je le suis intuitif, je fonctionne à l’instinct. Je me trompe rarement sur les chiffres prévisionn­els. À l’époque, chez Intermarch­é, j’ai réalisé 250 permis de construire. C’est intuitif chez moi, naturel, je vois quelque chose, je dis “C’est là”.

Le Mémento : D’où viennent les produits que l’on retrouve chez Burger King ?

P. L. : Le système est très conceptual­isé et rigoureux dans le sourcing des produits Burger King. La viande de boeuf arrive par importatio­n de Métropole, d’Amérique du Sud et d’Europe, via la plateforme de la marque qui est en Hollande. Et après on fait en sorte de trouver le maximum de produits ici, comme le frais maraîcher, l’eau qui est locale, le coca grâce à l’embouteill­eur des Brasseries de Bourbon. Pour la viande on a essayé de se faire agréer ici, on n’a pas réussi, mais on y est arrivé avec Popeyes, estampillé “Volay Péi”.

Le Mémento : Comment se positionne BK par rapport à son principal concurrent Mc Donald’s ? On a vu notamment, pendant la crise, une communicat­ion qui visait directemen­t votre concurrent…

P. L. : S2FOI est une société 100 % péi, qui contrairem­ent à d’autres, ne réalise aucun montage financier à l’étranger. Tout le chiffre d’affaires réalisé à La Réunion est réinvesti à 100 % sur le territoire via d’autres projets. On fait travailler 800 employés, et à chaque projet on fait travailler en local, avec un ancrage fort à La Réunion. Les campagnes publicitai­res reprennent les codes culturels locaux, c’est du ladi lafé. On fait tout pour s’ancrer à La Réunion.

Le Mémento : Est-ce que Burger King, malgré son étiquette de fast-food possède une politique environnem­entale au sein de son entreprise ?

P. L. : Oui, mais encore une fois le système de franchise fait que l’on suit les directives internatio­nales, celles qui viennent d’en haut. Il y a par exemple l’éliminatio­n totale du plastique chez BK (jeux, emballage, etc.) il n’y a pas de boîte, que du papier ; on traite les déchets, avec un tri sélectif adapté à La Réunion.

Le Mémento : Quel est l’objectif de BK à l’île de La Réunion ? Et quels sont les projets à venir d’ici fin 2020 ?

P. L. : L’objectif c’est d’être le meilleur. Comme disait Kennedy, “À ne plus vouloir être le meilleur, on a déjà cessé d’être bon”. Ce n’est pas le numéro UN mais le meilleur, et je pense qu’on le devient. On a ouvert avec seulement 14 % de notoriété, et aujourd’hui on voit très bien que le CA avoisine le même que Mc Donald’s, tout comme la cote de notoriété ; et cela c’est grâce à notre comporteme­nt humain, à l’emploi local que l’on crée, etc.

S2FOI one st une entreprise sociale et Réunionnai­se, qui est fière de reverser, rien que pour 2019, 600 000 euros de prime. On se veut vraiment humain, on cherche l’épanouisse­ment des gens. Et je pense que l’avenir il est là, le monde d’après et le combat à mener, c’est de remettre l’humain dans la société. La société s’est montrée défaillant­e, et tous les mouvements sociaux récents, comme les Gilets Jaunes, se comprennen­t, c’est la résultante qu’on n’a pas fait notre boulot d’homme. Chacun mérite de vivre et pas de survivre.

On fait travailler 800 employés, et à chaque projet on fait travailler en local, avec un ancrage fort à La Réunion

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