Les filières REP Une dynamique au service des professionnels
Les éco-organismes proposent des services sans frais aux entreprises pour la gestion de leurs déchets relevant de la REP. Cela fait maintenant 20 ans que le Syndicat de l’Importation et du Commerce de La Réunion (SICR) accompagne la mise en oeuvre de filières relevant de la Responsabilité Elargie du Producteur (REP).
Rappelons-le, la REP est un dispositif réglementaire qui, suivant le principe du pollueur-payeur, fait obligation au metteur en marché (fabricant, importateur hors France, distributeur sous sa propre marque) de pourvoir au traitement des produits qu’il met sur le marché à leur arrivée en fin de vie. L’aventure “verte” du SICR commence donc en 2000 par l’inscription de l’Environnement dans sa stratégie syndicale.
En 2001, avec le soutien de l’ADEME, le SICR fédère une poignée d’importateurs volontaires au sein de l’Association de Traitement des Batteries de La Réunion (ATBR). Il s’agissait pour ces professionnels de l’automobile de satisfaire à leurs obligations réglementaires et de faire preuve d’exemplarité en finançant toute la filière de collecte et d’exportation des déchets de batteries vers des stations de traitement appropriées et agréées. Le pari était difficile compte tenu des contraintes liées au coût du fret et aux transferts transfrontaliers de ces déchets.
Ces contingences étant toujours d’actualité, le SICR souhaite porter avec la Région Réunion et l’Ademe - lors de son prochain colloque (déplacé au 1er trimestre 2021) - les sujets de la connectivité maritime et de l’Aide au Fret, notamment pour les déchets que La Réunion ne sait pas encore traiter ou encore pour favoriser les transferts entre Mayotte et La Réunion.
En tant que syndicat professionnel, nous souhaitons jouer pleinement notre rôle qui consiste à informer les professionnels sur leurs obligations réglementaires et sur les solutions sans frais qui leur sont proposées pour se défaire de leurs déchets REP
En 2003, toujours avec le soutien de l’ADEME, le SICR crée l’Association pour la Valorisation des Pneumatiques usagés de la Réunion (AVPUR). La Société SOLYVAL est retenue pour le traitement et la valorisation des pneumatiques usagés. Depuis 2019, la filière s’est inscrite dans une dynamique d’économie circulaire avec son unité de transformation de granulats.
SOLYGOM commercialise toute une gamme de produits moulés en caoutchouc : dalles, dalles bord, pavés, dalles pleines, bordures souples et butée de parking. Cette filière, qui emploie aujourd’hui une vingtaine de salariés, existe grâce au financement des importateurs adhérents d’AVPUR.
Pour Christiane ALBERT, déléguée générale du SICR, qui a accompagné la mise en oeuvre de ces filières locales, “ces structures collectives sont des modèles à dupliquer pour d’autres produits ne relevant pas forcément de la REP”. D’autres intervenants occupent une place importante dans la gestion des déchets REP à La Réunion : les écoorganismes nationaux. Ces derniers organisent et financent plusieurs filières relevant de leur champ d’intervention, dans le cadre d’une mutualisation nationale. Dès 2007, le SICR devient l’interlocuteur privilégié des éco-organismes nationaux pour faciliter la mise en oeuvre et le développement des filières locales. Il assure un mandat de facilitateur pour 7 d’entre eux.
En 2014, constatant que dans les départements d’outremer, les filières REP rencontraient des difficultés liées au contexte propre à chaque territoire, l’ADEME, les pouvoirs publics et les éco-organismes élaborent une feuille de route transversale avec un plan d’actions bien défini. Le but étant d’accroître les collectes séparées des déchets soumis à une filière REP, réduire les coûts et relocaliser dans chaque territoire, dès que possible, la chaîne de valeurs des solutions de traitement, dans le cadre d’une co-construction impliquant les parties prenantes ultramarines.
Deux plateformes inter-filières et inter-acteurs sont créées (océan Indien et Caraïbes). Le SICR est mandaté pour accompagner la plateforme collaborative inter-filières océan Indien. (Réunion – Mayotte). “L’objectif de la plateforme est d’améliorer le fonctionnement des filières sur chaque territoire. L’une des actions fortes identifiées et mise en oeuvre par le SICR est la communication, notamment auprès des distributeurs”, explique Sandrine SINAPAYEL, Responsable environnement du SICR.
“En tant que syndicat professionnel, nous souhaitons jouer pleinement notre rôle qui consiste à informer les professionnels sur leurs obligations réglementaires et sur les solutions sans frais qui leur sont proposées pour se défaire de leurs déchets REP”, souligne pour sa part Valérie CHOW PING MO, secrétaire générale du SICR.
Bien qu’en constante progression, les filières REP doivent encore améliorer leurs performances, notamment en termes de collecte. Pour Christiane ALBERT, “il est important que la responsabilité collective opère sur toute la chaîne de valeurs d’un produit”. Les professionnels doivent payer leur éco-contribution; les distributeurs doivent garantir la reprise des produits qu’ils mettent sur le marché suivant la logique du “un acheté, un repris” et/ou de la “reprise sans obligation d’achat” ; les distributeurs doivent communiquer sur la reprise des produits usagés ; les pouvoirs publics doivent lutter contre les pratiques déloyales et sanctionner les contrevenants et le consommateur doit être sensibilisé à l’achat éco-responsable et effectuer le geste de tri.