La Raffinerie “On ne réinvente pas la poudre, on s’organise autrement”
La Raffinerie mise sur la mutualisation des moyens au sein d’une friche écoculturelle dans le quartier de Savanna à Saint-Paul, pour développer des projets d’économie circulaire, de développement durable et culturel.
Initié il y a 5 ans par l’association “les rencontres alternatives”, le projet de friche écoculturelle se déploie aujourd’hui au travers d’une association dédiée: “La Raffinerie”. Autour du chef d’orchestre Julien Gaillot, une cinquantaine de bénévoles actifs encadrés par une quinzaine de référents se mobilisent au sein de 5 pôles: jardin, culture, sport, coopérative, économie. Mobilisés, mais pas cantonnés, puisque l’association s’attache à promouvoir la multiactivité.
“Ainsi, celui qui s’occupe du jardin peut tout aussi bien intervenir au sein du pôle sport si le coeur lui en dit”, illustre le coordinateur. La SCIC s’attache également à explorer de nouvelles formes d’organisation, de rémunération et de bonification du travail. Les chargés de mission, par exemple, sont rémunérés sous forme de points convertibles et, pour que “volontaire ne devienne pas un métier, l’association développe un système de monnaie temps”, précise Julien Gaillot. Cet ingénieur, issu du monde du bâtiment et reconverti en plasticien/designer, mobilise toutes ses capacités créatives et organisationnelles au profit de la cohérence de l’écosystème.
L’épicerie en vrac, le café culturel ou encore la serre aquaponique de La Raffinerie ont déjà convaincu à l’occasion d’opérations de détection/promotion de l’innovation. Désormais considéré comme une pépite de l’innovation locale, le projet est soutenu par de nombreux partenaires, dont le Conseil départemental. Au-delà de la mise à disposition des bâtiments et du terrain, la collectivité a décidé de prendre en charge les travaux de réhabilitation de la longère, ancienne propriété des Sucreries du Bourbon située en zone ABF. Coût de l’opération: 2,8 millions d’euros.
Le bâtiment tire profit de vastes surfaces intérieures: 3 x 110m² attendus pour abriter les espaces coworking, restauration (café culturel) et vente (librairie thématique, vente de matériaux de récupération, boutique de la recyclerie). Autrefois réservé au stockage du sucre, le vaste hangar se destine pour sa part à accueillir les nombreux ateliers (réparation/location de vélos, réparation D3E, fabrication de papier, réparation/vente/location de mobilier, résidence d’artistes), le fablab, la micro-brasserie et l’espace événementiel. En vertu de ses 1.300m², sans aucun pilier, un conteneur monté sur roulettes devrait même y prendre place!
L’extérieur s’étend sur 6.000m². Chaque mercredi, les forces vives de l’association s’y retrouvent à l’occasion d’un chantier participatif afin de poursuivre les aménagements culturels (cinéma en plein air, plateau musical…), sportifs (mur d’escalade, rampe de skate…), agricoles (amapéi, potager, verger créole, rucher, microforêt…). L’espace devrait également intégrer un micro camping urbain écologique réalisé à partir de matériaux de récupération. L’association a d’ores et déjà levé 300.000€ pour les aménagements extérieurs, dont 20% issus de fonds privés (fondation de France, Fondation RATP) et 80% de fonds publics (région, département, Ademe TCO). “L’association table sur un budget de 1,5 million d’euros sur trois ans. C’est relativement peu au regard de l’ampleur du projet”, estime Julien Gaillot.
Implanté au coeur d’un quartier populaire, le projet est ouvert à l’ensemble des acteurs (institutionnels, associatifs, privés), ainsi qu’à la population. Résolument inclusif, il intègre de nombreuses associations oeuvrant à la promotion de l’environnement, de la culture ou encore de la low économie, à l’image d’Ekopratik, porteur des ateliers Réparali.
“Nous sommes allés à la rencontre de nombreux projets de transformation de friches en tiers lieux. Si l’objectif social est souvent mis en avant dans les modèles dont nous avons pris connaissance, il faut avouer qu’il est rarement atteint. La Raffinerie relèvera cet enjeu social, dans la droite ligne de la politique handicap et environnement poursuivie dans ce quartier prioritaire. Nous avons les bases, elles sont solides, il ne nous reste plus qu’à formaliser le modèle, pour pouvoir en inspirer d’autres”, termine le président de l’association.
Nous avons les bases, elles sont solides, il ne nous reste plus qu’à formaliser le modèle, pour pouvoir en inspirer d’autres