Énergie À la reconquête du photovoltaïque
Convertir l’énergie solaire en électricité, c’est le principe des centrales photovoltaïques. Une source d’énergie renouvelable facile à installer. Patrice Galbois, gérant de Ixeo, une société spécialisée dans l’installation de centrales photovoltaïques nous en dit plus.
Le Mémento : Une centrale photovoltaïque, c’est quoi ? Patrice Galbois : Les centrales photovoltaïques sont des plaques de silicium qui convertissent l’énergie solaire en électricité. Si son propriétaire est isolé et non connecté au réseau EDF, cette électricité sera stockée dans une batterie, s’il est en zone urbaine, elle sera intégrée dans le réseau électrique. La personne qui équipe son toit peut vendre l’énergie produite par sa centrale à EDF, ou consommer cette énergie pour réduire sa facture d’électricité.
Produire pour soi-même, c’est ce que l’on appelle l’autoconsommation: le propriétaire de la centrale peut revendre l’excédent d’énergie qu’il n’a pas consommé dans la journée à EDF, ou la stocker dans des batteries pour pouvoir l‘utiliser le soir. Cette dernière solution n’est pas la plus pertinente d’un point de vue économique, car la durée de vie des batteries au plomb est faible. Nous prônons la revente de l’énergie qui n’est pas consommée, ce qui est plus efficace économiquement et écologiquement.
Le Mémento : Comment a évolué le marché du photovoltaïque à La Réunion ces dernières années ?
P. G. : Le marché du photovoltaïque a été en dent de scie. Il y a eu une croissance très rapide du photovoltaïque entre 2005 et 2010 à la faveur de deux phénomènes : le tarif de rachat de l’énergie qui était très intéressant, et la défiscalisation. Nous avons ensuite, entre 2010 et 2017, connu une période difficile avec l’annonce par François Fillon le 4 décembre 2010 de l’arrêt brutal du rachat de l’énergie photovoltaïque. Les entreprises du secteur ont continué à fonctionner jusqu’en 2017 grâce au marché du résidentiel et à des appels d’offres de la Commission de régulation de l’Énergie ( CRE). Ces appels d’offres étaient réservés aux gros opérateurs et limités en tarif et en volume. Il n’y en a eu que trois entre 2010 et 2017.
Le Mémento : Et depuis 2017 ?
P. G. : Depuis mai 2017, il y a eu une nouvelle relance liée à deux décisions importantes : un nouveau tarif plus incitatif, et surtout le retour de l’obligation d’achat dans les DOM. Désormais, si EDF arrête les centrales, il doit compenser financièrement cette période. Cela a changé la donne, puisqu’on peut de nouveau construire des centrales en étant sur du chiffre d’affaires que l’on peut faire. Depuis 2017, nous avons repris un rythme équivalent à ce que nous avons connu entre 2005 et 2010.
Autre phénomène nouveau: les appels d’offres qui étaient très rares depuis sept ans sont désormais plus fréquents. Nous en avons tous les six mois, avec des volumes importants, DOM par DOM, alors qu’avant nous n’avions qu’un seul volume pour tous les DOM. Depuis 2019, les appels d’offres sont régionalisés avec un quota par région.
Le Mémento : Comment voyez-vous l’avenir du photovoltaïque ?
P. G. : L’Ademe a réalisé une étude démontrant que la Réunion peut être 100% autonome grâce au photovoltaïque et aux autres énergies renouvelables disponibles actuellement( hydraulique, bagasse...) Le photovoltaïque, c‘est l’énergie la moins chère du moment, c’est un équipement qui peut s’installer rapidement à un coût comparable à celui du fioul. C’est une énergie que l’on n’a pas à importer.
À chaque panneau que nous installons, nous diminuons la quantité de fioul et de charbon qui entre sur notre territoire. Le photovoltaïque nous permet d’être plus autonomes, et surtout, de réduire notre empreinte carbone. Pour ces raisons, le photovoltaïque doit devenir un réflexe, pour tout un chacun, particulier ou entreprise.
En 2019, 36% de l’électricité produite à La Réunion était tirée du charbon, 33% du fioul, et 31% des énergies renouvelables (énergie hydraulique (14 %), bagasse (8%), énergie photovoltaïque, éolienne, et biogaz (9%). Pour répondre aux attentes de la PPE, d’ici 2028, 100% de l’électricité produite dans notre île devrait être issue des énergies renouvelables. Comment cela se fera-t-il ?
Si aujourd’hui, 69% de l’électricité à La Réunion est produite par des énergies fossiles, ce chiffre devrait changer d’ici 2023, notamment grâce à l’arrêt de l’utilisation du charbon par Albioma, le deuxième producteur d’électricité de l’île, qui prévoit de convertir ses centrales de charbon à la biomasse végétale. La biomasse et la bagasse passeraient ainsi à 41%.
De son côté, EDF, qui a eu le feu vert des autorités environnementales pour tester, en Guadeloupe, des biocarburants, espère d’ici 2026-2028 remplacer le fioul par ces biocarburants. Pour atteindre 100% d’énergie renouvelable, l’énergie hydraulique devrait se maintenir à 15%, l’énergie photovoltaïque devrait arriver à 20% et les autres énergies renouvelables, tel que le biogaz, 20%.