“Oucé” qu’on cherche l’innovation ?
Édouard Claude est un autodidacte, il a appris à coder des programmes informatiques seul, devant son ordinateur, via des vidéos tutorielles. Il a ensuite créé une agence digitale “Madara” avec Tarik Saadi, son associé de toujours. Lui ici, l’autre là-bas ; ensemble ils inventent pour améliorer le quotidien grâce au digital. Édouard Claude nous livre l’histoire du succès de son application “Oucé”.
Il y a quelques mois apparaissait une nouvelle application mobile, “Oucé” qui référence en temps réel les food-trucks dans un périmètre donné autour de l’utilisateur. Derrière le développement et la réalisation de cette application, Édouard Claude et Tarik Saadi, les co-fondateurs et associés de l’agence de design digitale Madara.
Composé à l’origine d’une équipe de freelance (photographe, graphiste, développeur, etc.), ce qui était un collectif est très vite devenu une agence afin de gagner en visibilité et crédibilité. Les références s’accumulent dès lors : le Champagne Taittinger, le groupe Accor Hôtels, La Maison Lepic à
L’usage d’une application pour réaliser un acte d’achat alimentaire devient de plus en plus naturel pour le consommateur en France
Montmartre, Orange Business services, Empreinte Digitale et Prelys, en local. Il s’agit tantôt de créer des designs d’interface, tantôt des applications mobiles, ou des solutions e-commerce, etc.
Et quand ils ne travaillent pas en marque blanche pour d’autres agences de production, l’équipe de passionnés de Madara développe des projets personnels, Oucé en fait d’ailleurs partie. “C’est venu d’une frustration de ne pas trouver ce que je voulais” reprend le développeur, c’est-àdire un food-trucks à proximité.
“Le problème avec la restauration ambulante, c’est qu’elle change de lieu tous les jours”, poursuit Édouard Claude. L’objectif était donc de suivre les restaurateurs à la trace et aussi découvrir les petits nouveaux qui s’installaient.
En quelques mois de développement seulement, Tarik Saadi et Édouard Claude parviennent à sortir Oucé – l’application mobile étant disponible à la fois sur le store de Google et sur iOS – en plus d’un site web. “Là où l’on s’est fait surprendre, c’est que l’application a eu plus de succès en métropole qu’à La Réunion, alors qu’elle était en premier lieu conçue pour le territoire local”.
Oucé comptabilise ainsi plus de 6.000 utilisateurs en Métropole pour la moitié à La Réunion, une centaine d’établissements sur l’île (on peut citer Tête Fré, Fr8té, Mousta-Trcuk, Madame Glace, etc.) et plus de 400 professionnels enregistrés dans l’Hexagone. Cette application mobile démontre parfaitement l’importance de ces outils digitaux dans le comportement des consommateurs en 2020. Selon la dernière étude de Médiamétrie, 50% des Français utilisent des applications mobiles à la
rechercha d’idées-produit et 65% d’entre eux ont déjà réalisé un achat “in-app”.
Oucé vient donc répondre à une attente du marché, à la fois des consommateurs et des restaurateurs
“L’usage d’une application pour réaliser un acte d’achat alimentaire devient de plus en plus naturel pour le consommateur en France, 55% le font” assure le cabinet d’études Nielson. À cela vient s’ajouter le fait que les applications mobiles “Food & Drink” ont essentiellement porté l’hypercroissance du marché au second semestre 2019. Le succès de l’application s’explique, mais Oucé s’illustre aussi comme un exemple qu’une application mobile ne se conçoit pas de la même façon qu’un site internet.
Pour optimiser une application mobile, il est important de se focaliser sur plusieurs éléments comme la taille de l’application, le bouton d’appel à l’action, le design et l’intuitivité de l’interface. “Si l’application est sortie rapidement, les différents retours récoltés furent essentiels à son amélioration” insiste Édouard Claude, qui tient d’ailleurs une philosophie de travail particulière : “la complexité et la difficulté d’un projet montre l’intérêt de le faire”.
L’équipe de Madara prépare donc une seconde version de l’application Oucé qui devrait être rapidement mise à jour, elle comprendra une possibilité de recherche d’un food-truck en particulier, et dans laquelle le menu ne sera plus en
“hamburger”, mais plutôt sous forme d’onglets mis en évidence.
Le principal défaut de l’application vient du fait que les food-trucks ne sont visibles que lorsqu’ils sont en ligne, “ça donne une impression de vide” reprend Édouard Claude. Alors il fallait y remédier pour “ne pas que les gens en viennent à la désinstaller”. Parce que si créer une application peut être simple pour un développeur, faire en sorte qu’elle existe et survive, c’est une tout autre stratégie.
Les Français ont en moyenne 100 applications sur leur téléphone, et en utilisent une trentaine par mois, mais 30% des applications ne sont plus employées une semaine après l’installation. Il faut donc que le public trouve un réel intérêt à l’application pour qu’elle perdure. Pour cela, Édouard Claude et Tarik Saadi ont misé sur plusieurs choses, dont la carte de fidélité, un simple QR-code à présenter à chaque passage, qui reprend le même principe qu’une carte de fidélité normale.
“L’avantage est que certains clients, en présentant spontanément cette carte à des food-trucks (qui n’avaient pas connaissance de Oucé), leur ont permis de s’y inscrire” se félicite le développeur. Certains restaurateurs sans itinérance se sont même inscrits sur l’application. Cette solution “for restaurant”, comme l’on dit dans le jargon, les professionnels en sont friands : ces applications mobiles sont des solutions mises à disposition pour faire progresser leur visibilité.
Oucé vient donc répondre à une attente du marché, à la fois des consommateurs et des restaurateurs. Un vrai défi quand on sait que le store de Google compte plus 1,4 milliard d’applications et celui d’Apple 1,2 milliard. Le développement mobile est un phénomène qui a pris beaucoup d’ampleur ces dernières années.
Édouard Claude y est venu par curiosité et nécessité. C’est un autodidacte qui code aujourd’hui sur du Golang, MYSQL ou encore Java Script (langage de programmation). Ce qu’il aime, c’est découvrir de nouveaux algorithmes, sortir de ce qu’il sait faire, découvrir d’autres possibilités et ainsi, les idées naissent.
“Dès que je ne fais rien, je code sourit-il, et j’adore ça. Je crée, je cherche”. Il peut se lancer sur plusieurs projets en même temps, en travailler jusqu’à quarante pour n’en finaliser que trois. “Très souvent, ça s’arrête à 30% du développement”. C’est ce qu’il appelle la R&D de la programmation.
Dès la conception, il suit un schéma : partir d’une problématique : comment peut-elle être résolue ? à quel besoin répondrait l’application ? est-ce un besoin partagé et l’application apporterait-elle une valeur ajoutée ? La période post Covid-19 le titille en ce sens. “L’idée de la carte du restaurant en QR Code est bonne, explique-t-il, mais ne peut-on pas aller plus loin en donnant aux utilisateurs la possibilité de commander directement via son smartphone et faire en sorte que le bar et la cuisine la reçoivent instantanément ?”
La clé pour Édouard Claude et ses collaborateurs est la curiosité, aller chercher ce qui ne se fait pas encore ou améliorer l’existant. “Le digital, c’est libérer du temps, mettre l’intelligence et le savoirfaire humain sur autre chose que des tâches répétitives et rébarbatives, c’est fait pour améliorer les choses, pas les détruire”.