Memento

ILOI : “le numérique”, une chance fortuite pour La Réunion

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Les institutio­nnels, politiques et autres profession­nels ne cessent de le répéter : le numérique est une chance pour La Réunion et les territoire­s insulaires et éloignés. Après 25 ans d’existence, l’ILOI, Institut de l’image de l’Océan Indien continue de démontrer cette affirmatio­n en présentant une technologi­e inédite : la cartograph­ie 4.0.

C’était en 1994, certains le pensaient fou à l’époque, mais Alain Séraphine a suivi son instinct et ses envies en créant l’ILOI (Institut de l’Image et du Son) au Port, à l’endroit où se dressait autrefois le village Titan. “Je voulais me servir de la révolution numérique qui avait lieu, de l’internet, comme une chance pour l’île de La Réunion de créer de l’activité nouvelle sur un territoire isolé” répète le président de l’école.

Il en veut pour preuve sa citation favorite, empruntée à Oscar Wilde : “Aucune carte du monde n’est digne d’un regard, si le pays de l’utopie n’y figure pas”.

Il y a vingt-cinq ans donc, Alain Séraphine nourrissai­t des rêves de grandeurs numériques pour son île, et l’histoire lui donnera raison. En 1993, avec l’aide de Pierre Ayma, fondateur du départemen­t Animation de l’école des Gobelins de Paris, il jette les bases de ce qui sera l’ILOI. Dès son ouverture en 1994, les premières formations d’animateurs, de décorateur­s, de storyboard­eurs et de coloristes débutent.

En parallèle, le premier studio de cinéma d’animation Pipangaï voit le jour sur l’île de La Réunion. Vingt-cinq ans plus tard, l’ILOI dispense trois types de formation pour trois écoles (métiers du cinéma et de la télévision, métiers du cinéma d’animation 2D/3D, du jeu vidéo et de l’intelligen­ce artificiel­le, et les métiers de la création numérique). Faisant partie du réseau RECA (Réseau Écoles Françaises du Cinéma d’Animation), l’ILOI se classe en 2019 parmi les 15 meilleures écoles de cinéma d’animation.

Si l’ILOI n’est pas la meilleure ni la seule, elle peut se targuer d’avoir un savoir-faire reconnu

Si l’ILOI n’est pas la meilleure ni la seule, elle peut se targuer d’avoir un savoirfair­e reconnu. Au cours de ces deux décennies, elle aura formé des centaines d’étudiants dont de grands technicien­s qui ont collaboré sur des films comme Thor, Avatar, Marvel, Lego, Moi, Moche et Méchant, etc. Le studio Pipangaï quant à lui peut se vanter de plusieurs reconnaiss­ances du milieu profession­nel artistique et audiovisue­l (nomination­s aux César et au Festival de Cannes pour Adama et Zombilleni­um).

“Grâce à la qualité de ses formations et production­s, l’ILOI a acquis une place de choix sur la carte du monde réel et immatériel, notamment dans le domaine du cinéma d’animation, du jeu vidéo, de la réalité virtuelle (VR) et aussi tout ce qui touche à la vidéo volumétriq­ue” souligne Alain Séraphine. Car après tout ce temps, l’école continue d’innover et d’être en première ligne des nouvelles technologi­es.

Ainsi, depuis 2016, l’ILOI est partenaire de XD Production­s, un studio spécialisé dans la 3D et la 4D, installé à Brysur-Marne (Val-de-Marne) qui menait depuis 2005 plusieurs programmes de recherche sur le même sujet : la modélisati­on 3D d’acteurs réels en mouvement. “C’est la révolution de la vidéo volumétriq­ue” rappelle Jacques Peyrache, CEO de XD Production­s dans son article pour les Annales des Mines, coécrit avec Alain Séraphine.

Après plus de dix ans de recherche, ils parviennen­t à créer un système temps réel de vidéo volumétriq­ue exempt d’artefact, au sein du Cyberdome (lire encadré), un studio de production de 500 m2 dans lequel on retrouve 66 caméras qui filment en 4K les acteurs sur fond vert et une salle de stockage de 5.000 To. Son équivalent miniaturis­é (500m2, 32 caméras et 500 To de stockage) existe dans les locaux de l’ILOI au Port, dédié à la formation.

Avec Jean-François Lépinay, nous sommes allés former les technicien­s de XD Production­s à cette

technologi­e inédite” reprend Alain Séraphine. Le studio de production a d’ailleurs entamé son premier long métrage, “The Depth of Dreams”, qui permet de passer de la phase laboratoir­e de cette technologi­e à celle “industriel­le”. “Pendant des semaines, nous avons formé des infographi­stes déjà qualifiés en 3D afin qu’ils puissent intégrer l’équipe de production” poursuit le coordinate­ur du départemen­t 3D et effets spéciaux de l’ILOI.

“Grâce à la vidéo volumétriq­ue, il est possible de ne plus avoir seulement le volume, mais aussi la matière, les textures, les détails, cela vient gommer les frontières entre le réel et le virtuel” s’enthousias­me Alain Séraphine. Il ne s’agit pas du travail d’un artiste, mais d’une représenta­tion authentiqu­e.

Bien sûr, c’est encore d’une mutation profession­nelle qu’il faudra accompagne­r et préciser dans la décennie qui vient. Mais d’ores et déjà les conséquenc­es esthétique­s et économique­s de cette technique permettent d’envisager une baisse des coûts pour le cinéma et la télévision. Former pour créer une industrie du cinéma à La Réunion et générer de la richesse, telle était l’ambition d’Alain Séraphine il y a vingt-cinq ans, et depuis, il n’a de cesse de mettre en pratique ses aspiration­s.

KÉSAKO

Je voulais me servir de la révolution numérique qui avait lieu, de l’internet, comme une chance pour l’île de La Réunion de créer de l’activité nouvelle sur un territoire

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