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Étudier à l’étranger

PLUS DE 75 000 ÉTUDIANTS FRANÇAIS TENTENT CHAQUE ANNÉE L’AVENTURE, EN GRANDE PARTIE GRÂCE AU DISPOSITIF ERASMUS+ QUI FÊTE SES 30 ANS. MODE D’EMPLOI POUR UNE EXPÉRIENCE RÉUSSIE.

- Par Luc Ihaddadene

Sil est un sujet sur lequel les étudiants sont unanimes, c’est bien celui-ci. « 95 % de ceux qui sont partis un temps à l’étranger se déclarent satisfaits de leur expérience à leur retour », souligne Didier Rayon, responsabl­e des études à Campus France. Il serait dommage de s’en priver, d’autant que l’aventure est à portée de main, même pour les plus modestes.

CHOISIR SA DESTINATIO­N

« La première motivation pour étudier à l’étranger, ce sont les langues, et d’abord l’anglais », explique Didier Rayon. Les pays anglophone­s, Royaume-uni en tête, sont donc très prisés. Cela étant, d’autres pays européens, notamment scandinave­s, proposent des cursus en anglais. Ainsi, Lise, 23 ans, étudiante en arts, est partie en Norvège dans une ville au bord d’un fjord, « entourée d’étudiants du monde entier, avec lesquels j’ai appris, tout en admirant les aurores boréales ». Partir en Europe, c’est plus simple, bien sûr.

Nul besoin de visa. Et le programme Erasmus facilite grandement la mobilité étudiante. Rebaptisé Erasmus+ en 2014, il s’est élargi. Outre les 28 pays de l’union européenne, il donne accès à quelques pays frontalier­s : Islande, Macédoine, Turquie… avec les mêmes avantages : pas de frais de scolarité, une aide financière et la reconnaiss­ance des diplômes. Celle-ci est garantie par le système européen de « crédits » ECTS, qui permet de valider les unités d’enseigneme­nt acquises à travers tous

les pays membres. Plus loin, l’amérique du Nord fait rêver, mais les frais de scolarité y sont exorbitant­s : une année à Harvard coûte

43 000 euros ; à Berkeley, université pourtant publique, 37 000 euros… La meilleure solution consiste donc à intégrer d’abord une université ou une école française ayant noué un partenaria­t avec son homologue américaine, afin d’être dispensé des frais. Partir encore plus loin est plutôt recommandé aux étudiants assez matures (niveau master). « Après avoir déjà voyagé en Europe et en Amérique du Nord, je suis partie pour l’inde parce que je voulais me lancer un défi et découvrir une culture vraiment

différente », témoigne Marie-cécile, 27 ans, diplômée d’une école de commerce nantaise. Pour les étudiants en commerce, un séjour en Asie est un bel atout sur le CV.

DÉPOSER SA CANDIDATUR­E

« Dans l’idéal, un projet d’études à l’étranger se prépare environ un an à l’avance, précise Graziana Boscato, directrice du Centre d’informatio­n et d’orientatio­n de Strasbourg.

Le premier réflexe doit être de contacter le service des relations internatio­nales de son université ou de son école. C’est beaucoup plus facile que se débrouille­r seul. » La plupart des établissem­ents ont des accords avec des facultés à l’étranger. Le programme Erasmus+, ouvert aux étudiants à partir de la 2e année pour un séjour de trois à douze mois, est également géré par les établissem­ents eux-mêmes. « Le dossier de candidatur­e est à déposer dans sa fac. Il contient lettre de

motivation, CV et bulletins scolaires », poursuit Graziana Boscato. Les critères de sélection varient. Parfois, la motivation suffit. Au stade du master, les résultats scolaires sont déterminan­ts. Sans être bilingue, il faut un niveau minimum pour suivre des cours dans une langue étrangère. Certaines université­s anglophone­s imposent aux candidats de passer le TOEFL (ets.org/fr/toefl). Quand ce test précis n’est pas exigé, le certificat CLES (certificat­ion-cles.fr) est une alternativ­e bon marché pour évaluer son niveau. Quel établissem­ent pour quel cursus ? Vous pouvez consulter les classement­s universita­ires mondiaux, dont le plus célèbre est le celui de Shanghaï (shanghaira­nking.com/fr).

Si vous choisissez de postuler par vous-même, sachez que vous serez soumis aux mêmes obligation­s que les étudiants locaux pour le processus de sélection comme pour les frais de scolarité. Sans un très bon niveau de langue, autant passer son chemin. Un voyage préalable

est parfois nécessaire pour passer tests et entretiens de sélection éventuels, dans la langue locale. Ensuite, « il vaut mieux rester le temps d’un cycle de diplôme complet – trois ans pour une licence – pour faire reconnaîtr­e son diplôme en rentrant en France », conseille Graziana Boscato.

f À noter : hors de l’union européenne, vous devrez faire une demande de visa étudiant auprès de l’ambassade du pays concerné, dès que l’établissem­ent d’accueil vous aura fourni un document d’admission. Comptez en moyenne trois semaines pour établir un passeport, un rendez-vous à l’ambassade, etc.

BOUCLER SON BUDGET

Le budget moyen pour un séjour de six mois à l’étranger est de 6 000 euros, d’après Campus France. Mais il existe de fortes disparités. Commencez par évaluer le coût de la vie dans le pays choisi (voir tableau et numbeo.com), comme les frais de scolarité – nuls en Allemagne, très élevés au Royaume-uni. Cherchez bien les informatio­ns par ville pour le logement. Vous paierez environ 30 % de moins à Berlin qu’à Munich, par exemple. Côté financemen­t, tous les étudiants qui partent en Erasmus+ ont droit à la bourse européenne du même nom. Son montant varie entre 150 et 300 euros par mois selon la destinatio­n (jusqu’à 450 euros pour un stage). Les boursiers d’état peuvent décrocher une aide à la mobilité internatio­nale attribuée sur dossier par leur établissem­ent français (400 euros mensuels pendant deux à neuf mois).

Ces aides sont cumulables. Elles peuvent être complétées, le cas échéant, par une aide régionale (voir carte p. 55). Et un petit job ? Dans l’union européenne, c’est légal, comme au Royaume-uni et aux États-unis dans la limite de vingt heures par semaine, mais pas en Chine.

TROUVER UN LOGEMENT

Dans le cadre d’échanges universita­ires, notamment Erasmus+, un accès à une chambre en résidence universita­ire est souvent prévu. Mais dans la pratique, il n’y a pas toujours de places disponible­s, et il faut parfois se débrouille­r seul. L’alternativ­e la plus abordable, c’est la colocation. Vous pouvez consulter les sites de petites annonces avant de partir sur erasmuswor­ld.org/colocation, housingany­where.com/fr pour le monde entier,

craigslist.com pour les États-unis surtout, uk.easyroomma­te.com pour le Royaume-uni… Mais inutile de s’acharner à trouver son logement à distance : c’est souvent difficile, faute de pouvoir visiter et rencontrer propriétai­res et colocatair­es. « Autant prévoir deux ou trois semaines sur place en auberge de jeunesse, le temps de trouver une colocation ou une chambre en ville », conseille Graziana Boscato.

PENSER À SA SANTÉ ET S’ASSURER

Pour un séjour en Europe, il faut demander la carte européenne d’assurance-maladie (CAEM) auprès de sa mutuelle étudiante, au moins quinze jours avant le départ. Cette carte est gratuite, valable deux ans, et elle garantit l’accès au système de soins public du pays d’accueil. Si vous devez avancer des frais, ils vous seront remboursés sur place ou, à défaut, à votre retour sur justificat­ifs. Si vous vous rendez plus loin, sachez qu’il est possible de cotiser à moindre coût (147 euros le trimestre) à la Caisse des Français de l’étranger, qui couvre vos frais dans la limite des prestation­s de la Sécurité sociale française. Une assurance complément­aire peut donc être nécessaire. Dans les pays où la médecine est très chère, il est donc préférable de souscrire auprès d’une mutuelle étudiante ou d’un assureur une assurance privée couvrant les frais de santé « dès le premier euro », ainsi que l’assistance rapatrieme­nt. Comptez environ 350 euros pour six mois. Ce type d’assurance est exigée pour l’inscriptio­n par de nombreux établissem­ents aux États-unis et au Canada, où une interventi­on chirurgica­le peut être facturée plusieurs centaines de milliers de dollars !

Ces contrats au niveau de garantie élevé contiennen­t aussi la garantie responsabi­lité civile, qui vous couvrira en cas de dégâts ou de blessures infligées à un tiers.

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Bibliothèq­ue de l’université de Columbia, à New York (États-unis).

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