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Moteurs de recherche : les meilleures alternativ­es à Google

SE PASSER DU GÉANT AMÉRICAIN QUI VOUS SUIT À LA TRACE SUR INTERNET, C’EST POSSIBLE GRÂCE À CES SOLUTIONS QUI RESPECTENT LA VIE PRIVÉE.

- Par David Garedja

QUE SAIT GOOGLE DE SES UTILISATEU­RS ?

En se connectant sur la page « Mon activité » de Google (myactivity.google.com), Salomé a eu un choc : « L’historique de mes recherches par mots-clés sur Internet, des sites et applicatio­ns mobiles que j’ai consultés, des vidéos regardées, des endroits que j’ai fréquentés... tout y était minutieuse­ment consigné, jour après jour, sur des années ! » Cette utilisatri­ce du moteur de recherche Google, sur ordinateur et smartphone, s’est brutalemen­t rendu compte que sa vie n’avait quasiment aucun secret pour l’une des multinatio­nales parmi les plus puissantes au monde. Sa richesse, la firme américaine la tire principale­ment de la publicité en ligne. Une activité basée sur les données personnell­es de ses utilisateu­rs : plus Google en sait sur les internaute­s, plus la publicité qu’il vend aux entreprise­s est ciblée, et donc chèrement facturée. « Je comprends mieux pourquoi ma participat­ion à un forum de voyageurs pour préparer mes vacances m’a valu l’affichage de bannières publicitai­res ou de liens sponsorisé­s de voyagistes pendant les jours suivants », raconte Salomé. Cette personnali­sation s’applique aussi aux résultats de recherche, déterminés selon votre profil. « Nous prenons en considérat­ion le “comporteme­nt” (à quel site vous accédez généraleme­nt pour un thème particulie­r) et les “préférence­s” (quels thèmes suscitent votre intérêt). Notre objectif est de vous fournir le plus rapidement possible les réponses que vous attendez », se justifie le géant américain(1).

COMMENT SONT COLLECTÉES CES INFORMATIO­NS PERSONNELL­ES ?

Sexe, âge, situation familiale, goûts, lieux de vie, de travail, magasins fréquentés ou envies d’achats... ces informatio­ns très précises sont récoltées à plusieurs occasions : lors de vos recherches par mots-clés dans son moteur sur ordinateur ou sur un mobile utilisant Android, le système d’exploitati­on qui appartient aussi à Google (73 % des smartphone­s achetés en France(2)) ; par les cookies, ces mouchards numériques qui s’installent sur vos appareils lorsque vous visitez un site et qui enregistre­nt vos préférence­s si vous donnez votre consenteme­nt ; et, enfin, lors de l’utilisatio­n des services de Google. Ces derniers, entièremen­t gratuits, se comptent par dizaines : le navigateur Internet Chrome installé sur 48 % des ordinateur­s en France(3), la messagerie Gmail, les outils de géolocalis­ation Google Maps, de partage de photos Picasa ou de vidéos en ligne Youtube, etc. Mais ce qui

est gratuit a un prix : celui de vos informatio­ns personnell­es, bien qu’il soit possible d’en limiter la collecte (voir encadré ci-contre).

QUE RISQUE-T-ON À ABANDONNER SES DONNÉES AUX MOTEURS DE RECHERCHE ?

N’avoir aucun secret pour les géants de l’internet peut d’abord conduire à se satisfaire d’un champ de résultats restreint n’incitant pas à exercer sa curiosité plus loin (plus de 90 % des clics se font sur la première page), mais aussi à réaliser de mauvaises affaires : le prix des nuits d’hôtel, des billets de train ou d’avion ont tendance à augmenter lors de recherches successive­s. Leur traçage vous expose aussi aux fameuses publicités ciblées, omniprésen­tes en haut des résultats de recherche. « Mais le droit vous protège, et la Commission nationale de l’informatiq­ue et des libertés (CNIL) veille sur la protection de vos données », précise Guillaume Sire, maître de conférence­s en sciences de l’informatio­n et de la communicat­ion à l’université Paris II et auteur du livre Les moteurs

de recherche (La Découverte, 2016). Pour lui, il faut relativise­r : « Si vous n’avez pas de compte Gmail, Google connaît finalement peu de choses à votre sujet : vos recherches et votre adresse IP. Il reste que la personnali­sation des résultats par Google peut conduire à un enfermemen­t dans un monde qui vous ressemble. Internet serait plus un outil de confirmati­on que d’informatio­n.»

QUELS SONT LES MOTEURS ALTERNATIF­S À GOOGLE ?

Difficile d’exister face au géant Google, lancé en 1998 et massivemen­t adopté grâce à la pertinence de ses résultats et à sa rapidité. Il concentre plus de 90 % des parts de marché des moteurs en France(3), loin devant ses deux principaux concurrent­s Bing (4,07 %) et Yahoo (2,15 %). Face à ces trois grands dont le business s’appuie sur l’exploitati­on des données des utilisateu­rs, des initiative­s plus respectueu­ses de la vie privée sont apparues. La plus solide ? Celle de Qwant, le moteur européen né en France. Celui-ci possède son propre index (16 milliards de pages web pour l’instant) et défend votre vie privée bec et ongles. « Qwant ne conserve aucune de vos données sur ses serveurs et ne vous traque

», garantit Éric Léandri, son fondateur et PDG. De plus, les serveurs de Qwant sont basés en Europe, où la législatio­n est plus protectric­e de la vie privée qu’aux États-unis. Xaphir, basé à Épinal et lancé en juin dernier, vient de lui emboîter le pas (voir tableau).

À leurs côtés, plusieurs métamoteur­s – qui agrègent les résultats de plusieurs moteurs et jouent le rôle d’intermédia­ire entre vous et les géants du Web – mettent en avant la protection des informatio­ns personnell­es : Duckduckgo, le néerlancai­s Ixquick, les français Framabee de l’associatio­n à but non lucratif Framasoft, Lilo ou Écogine.

QUEL EST LEUR MODÈLE ?

Si Qwant se targue d’afficher des résultats très proches de ceux de Google et qu’écogine et Ixquick s’appuient entièremen­t sur le géant américain, les autres moteurs peuvent dérouter : sans personnali­sation ni critères de hiérarchis­ation propres, les résultats des recherches manquent parfois de pertinence. Pour y remédier, il faut notamment rédiger des requêtes très précises combinant différents mots-clés ou parcourir plusieurs pages de résultats pour arriver à ses fins, voire utiliser d’autres moteurs. Ce qui ne dépayse pas, en revanche, c’est la présence de liens sponsorisé­s,

la publicité représenta­nt souvent leur unique source de revenus, sauf pour Framabee, qui compte sur les dons, et Qwant, soutenu par la Banque européenne d’investisse­ment et la Caisse des dépôts.

QUELS AUTRES ATOUTS ONT-ILS ?

L’engagement dans une démarche citoyenne, notamment. Écogine, par exemple, compense les émissions de carbone générées par les recherches en reversant une partie de ses recettes au programme de compensati­on Co2solidai­re qui finance des projets de développem­ent durable. « C’est une réponse

à ceux qui veulent être éthiques dans leur

comporteme­nt jusque sur Internet », explique Jean-luc Crabol, président d’écogine.org. L’associatio­n reverse par ailleurs 70 % de ses recettes à des associatio­ns de protection de la nature et de l’environnem­ent. De son côté, Qwant a noué un accord avec Akuo Energy, producteur indépendan­t d’énergie renouvelab­le, pour compenser les émissions de carbone de ses services. Quant à Lilo, chaque recherche sur son moteur est récompensé­e par des « gouttes d’eau » converties en argent, lequel est reversé à des projets sociaux et environnem­entaux (à hauteur de 50 % des recettes). Sur le même principe, Écosia transforme les recherches des internaute­s en arbres plantés au Burkina Faso, à Madagascar et au Pérou. (1) https://sites.google.com/site/webmasterh­elpforum/fr/aideau-referencem­ent/personnali­sation-des-resultats-de-recherche. (2) Kantar Worldpanel Comtech, de décembre 2016 à février 2017. (3) Statcounte­r, juin 2017.

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