Merci pour l info

Céder une partie de son terrain

L’OPÉRATION PEUT ÊTRE RENTABLE, SURTOUT SI LA PARCELLE EST CONSTRUCTI­BLE. MAIS ELLE IMPLIQUE QUE L’ON RESPECTE CERTAINES FORMALITÉS ET ELLE EST PARFOIS LOURDEMENT TAXÉE. MODE D’EMPLOI POUR MENER À BIEN SA DÉMARCHE.

- Par Pauline Clément Pierre LEMÉE Notaire à Pont-l’évêque

TROUVER LES INFORMATIO­NS POUR EN TIRER LE MEILLEUR PRIX

Interrogez d’abord des notaires ou des agents immobilier­s pour mieux connaître le marché local des terrains à bâtir, savoir quelles sont vos chances de trouver un acquéreur et dans quelle fourchette de prix (voir aussi le site immobilier.statistiqu­es.notaires.fr). Si le terrain que vous envisagez de céder est vaste, étudiez la formule la plus rentable : vendre une seule parcelle ou, au contraire, la diviser en deux. Tout dépend de la demande des acquéreurs dans votre région, de l’offre et de l’écart de prix entre le grand terrain et les deux petits.

Pour vérifier que l’opération est réalisable et savoir comment découper au mieux votre lot, consultez, s’il existe, le plan local d’urbanisme (PLU) ou la carte communale. «Vous saurez ainsi si votre terrain est constructi­ble en totalité ou seulement partiellem­ent car situé en partie en zone naturelle, ou ce qu’il est possible de construire dessus (emprise au sol). Vous connaîtrez également la largeur requise de l’accès depuis la route pour laisser passer les pompiers…», explique Julie Loriau, conseillèr­e juriste à L’ADIL 41 (Agence départemen­tale d’informatio­n sur le logement). Demandez à la mairie un certificat d’urbanisme opérationn­el. À partir des informatio­ns fournies sur votre projet, ce document, disponible dans un délai de deux mois, précise si l’opération envisagée est réalisable sur votre terrain. Mieux, il fige les règles d’urbanisme applicable­s à la parcelle pour les dix-huit mois à venir : même si elles sont modifiées par la commune dans l’intervalle, votre terrain ne sera pas immédiatem­ent concerné. Il est donc utile de pouvoir montrer ce certificat d’urbanisme aux candidats acquéreurs, pour les rassurer sur ce qu’ils pourront construire s’ils achètent le lot.

« Relisez également votre titre de propriété pour

voir s’il existe des servitudes sur votre terrain, comme un droit de passage des voisins, ou s’il a été prévu avec d’anciens propriétai­res l’interdicti­on de construire au-delà d’une certaine hauteur, par exemple », conseille Gervais Doligez, géomètre-expert en Normandie et président de la commission Urbanisme à l’ordre des géomètres-experts. Enfin, renseignez-vous sur les risques éventuelle­ment identifiés pour votre parcelle (inondation, avalanche, etc.), qui sont détaillés dans l’annexe du PLU s’il est récent. À défaut, l’informatio­n est disponible auprès de la Dreal (Direction régionale de l’environnem­ent, de l’aménagemen­t et du logement) et sur son site internet. Si vous êtes perdu, le géomètre-expert qui interviend­ra dans votre opération peut mener ces recherches préalables pour vous et vous aider dans la conception de votre projet.

PESER LES INCONVÉNIE­NTS DE LA VENTE

Si une maison se construit juste à côté, la vôtre risque de perdre une partie de sa valeur et vous subirez peut-être de nouvelles nuisances : bruit, perte d’ensoleille­ment, de Le vendeur qui cède une partie de son terrain doit penser à se protéger pour préserver au mieux la valeur de la parcelle qu’il conservera ou de sa maison, si elle est construite dessus.

Il peut par exemple négocier avec l’acquéreur que la maison qui sera bâtie sur la nouvelle parcelle ne dépasse pas une certaine hauteur ou ne se situe pas trop près de sa propre demeure.

Ces conditions, si l’acheteur les accepte, doivent figurer dans la promesse ou le compromis de vente. Il est de la même façon indispensa­ble de fixer à l’acheteur un délai maximal pour demander le permis de construire. En effet, l’obtention du permis est presque toujours une condition suspensive à la réalisatio­n de la vente. Si l’acheteur tarde trop, le vendeur est pénalisé, obligé d’attendre sans pouvoir percevoir l’argent. Précisez aussi notamment dans cet avantcontr­at à qui incombera l’entretien de la clôture qui sépare les deux parcelles.

vue, etc. Le jeu n’en vaut pas toujours la chandelle, d’autant que le gain retiré de la vente du terrain sera parfois plus faible que vous ne l’espériez. « En effet, même si votre résidence principale est installée sur la parcelle que vous souhaitez scinder, vous aurez à régler l’impôt sur la plus-value

sur le terrain vendu », précise Julie Loriau. Vous n’en êtes exonéré que dans certains cas, notamment si vous en êtes propriétai­re depuis plus de vingt-deux ans ou si son prix est inférieur à 15 000 euros. Des abattement­s, variables selon le nombre d’années de détention au-delà de la cinquième, seront appliqués sur le montant de cette plus-value. Le reliquat, après abattement, sera taxé au taux de 19 %. S’y ajouteront les prélèvemen­ts sociaux, sauf si vous êtes propriétai­re du terrain depuis plus de trente ans. En 2017, ils sont calculés au taux de 15,5 % sur la plus-value (sur laquelle s’appliquent là aussi différents abattement­s selon le nombre d’années au cours desquelles vous avez été propriétai­re du bien).

« De plus, si le terrain que vous vendez est devenu constructi­ble grâce à un changement du PLU après que vous l’avez acheté, vous devrez régler une taxe comprise entre 5 % et 10 % sur la plus-value réalisée », explique Pierre Lemée, notaire à Pont-l’évêque. Dans certaines communes, une autre taxe, égale à 10 % de la plus-value, est appliquée en sus. Pour calculer approximat­ivement le poids de la fiscalité selon la date d’acquisitio­n de votre terrain, renseignez-vous auprès de L’ADIL la plus proche de chez vous ou auprès de votre notaire. Enfin, la division d’un terrain engendre des frais (voir encadré page précédente), qui viennent aussi grever la rentabilit­é de l’opération.

FAIRE APPEL À UN GÉOMÈTRE-EXPERT

Si vous décidez de passer à l’acte, le recours à un profession­nel sera indispensa­ble pour fixer indiscutab­lement la limite entre votre terrain et ceux des voisins, ou avec

la route, afin qu’il n’y ait aucune contestati­on

possible concernant la parcelle vendue. « Cela se passe en général à l’amiable, en discutant si besoin avec les voisins, et en identifian­t les limites du terrain à l’aide de bornes ou des éléments naturels (haies, cours d’eau, etc.). Un procès-verbal de délimitati­on est ainsi établi », précise Gervais Doligez. Et si trouver un accord s’avère impossible ? « Il faut dresser un procès-verbal de carence, afin que le propriétai­re puisse demander à la justice de

fixer les limites du terrain », répond l’expert.

OBTENIR LES AUTORISATI­ONS ADMINISTRA­TIVES

Dans la grande majorité des cas, si vous cédez juste une parcelle, sans créer d’équipement­s communs (route, etc.), il vous suffit de déposer auprès de la commune une déclaratio­n préalable de division foncière à l’aide du formulaire Cerfa n° 13702*05.

Vous y joindrez un plan indiquant la façon dont vous envisagez de découper la nouvelle parcelle, avec les éventuelle­s canalisati­ons, servitudes, etc. Ce plan doit être coté en trois dimensions : la demande est donc généraleme­nt faite par un géomètre-expert. Sans réponse de la mairie dans un délai d’un mois, votre demande est réputée tacitement acceptée. Il reste simplement à placer un panneau pendant deux mois sur le terrain pour expliquer la division envisagée. Les tiers (voisins…) ont en effet deux mois pour engager un recours, et le préfet, trois mois pour s’opposer au projet.

« En revanche, les formalités sont plus complexes si vous créez un lotissemen­t ou si votre terrain se trouve aux abords d’un site remarquabl­e ou d’un monument historique », avertit Gervais Doligez. Vous devez en effet déposer une demande de permis d’aménager, dans laquelle vous devrez plus précisémen­t détailler ce que votre éventuel acquéreur pourra être libre de faire sur la parcelle cédée. Le dossier nécessite, selon les cas, le concours d’un paysagiste, d’un urbaniste, d’un architecte… et il est le plus souvent constitué par un géomètre-expert. Vous devez attendre la réponse de la mairie avant de passer à l’action. Et attention, en cas de non-réponse de sa part, cela équivaut à un

refus. L’architecte des Bâtiments de France pourra également donner son avis sur

l’opération. « Enfin, si vous aménagez un terrain de plus de 2 500 m2 pour créer un lotissemen­t, l’interventi­on d’un architecte est désormais obligatoir­e pour le permis d’aménager », précise Julie Loriau. Cette dépense supplément­aire s’élève à environ 1 000 euros.

INSCRIRE LA NOUVELLE PARCELLE AU CADASTRE

Une fois l’autorisati­on obtenue, le géomètre peut matérialis­er sur le terrain la séparation entre la nouvelle parcelle et votre propriété, et la faire enregistre­r au cadastre.

« Il faut demander aux services fiscaux de créer deux numéros cadastraux, un pour chacune des parcelles. C’est indispensa­ble avant de signer la vente définitive chez le notaire », indique Gervais Doligez. Cette division cadastrale est une démarche à confier obligatoir­ement au géomètre-expert.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France