Thierry Troncin
Docteur en sciences de l’éducation, professeur à l’école supérieure du professorat et de l’éducation (ESPE) de Bourgogne. Aucun élément scientifique n’invite à changer de cap
\\Depuis le décret du 18 novembre 2014 qui limite le redoublement, aucun élément nouveau sur le plan scientifique n’invite, à ma connaissance, à changer de cap. La raison qui motive le nouveau ministre à réhabiliter le redoublement relève donc d’une autre nature. Elle pourrait être d’ordre politique ou liée à la pression parentale, mais il me semble qu’elle émane d’une opinion personnelle. Il n’est pas facile de se départir du cadre de réflexion élitiste de notre école qui, depuis sa fondation, a intégré le redoublement pour les élèves n’ayant pas acquis les connaissances fondamentales attendues à la fin de chaque année scolaire. Dans notre entourage, nous connaissons tous un jeune qui a redoublé et pour lequel cette mesure a été bénéfique. Or il convient de combattre notre point de vue situé et restrictif. Beaucoup d’enseignants sont piégés par le fait qu’en moyenne l’élève progresse l’année de son redoublement. Mais ils ignorent ce qu’il est devenu des années après, quel aurait été son parcours s’il n’avait pas redoublé et quels auraient été ses progrès s’il avait bénéficié d’un accompagnement personnalisé. Tout cela, les enseignants ne peuvent pas l’appréhender.//