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Indépendan­ts, ce qui va changer pour vous en 2018

- Par Thibault Bertrand

PROJETS DE LOI DE FINANCES ET DE FINANCEMEN­T DE LA SÉCURITÉ SOCIALE, ORDONNANCE­S TRAVAIL, EFFETS DE LA LOI EL KHOMRI : LE POINT SUR LES NOUVELLES MESURES QUI TOUCHENT LES TRAVAILLEU­RS NON SALARIÉS.

PROTECTION SOCIALE

Aujourd’hui. Les artisans, commerçant­s, industriel­s et dirigeants de société relèvent du régime social des indépendan­ts (RSI) pour l’ensemble de leurs prestation­s sociales. Les profession­s libérales pour le risque maladie-maternité.

Demain. Le projet de loi de financemen­t de la Sécurité sociale (PFLSS) pour 2018 confie officielle­ment leur protection sociale au régime général de la Sécurité sociale, à compter du 1er janvier 2018 ; sans modifier les taux et les règles propres aux indépendan­ts en matière de cotisation­s. Une période transitoir­e de deux ans s’ouvre cependant pour opérer ce rattacheme­nt aux caisses primaires d’assurance-maladie (CPAM), aux caisses d’assurance-retraite et de la santé au travail (Carsat) et à l’urssaf. Reste à savoir si la promesse de qualité de service sera au rendez-vous.

PAIEMENT DES COTISATION­S

Aujourd’hui. À l’exception des microentre­preneurs, les indépendan­ts règlent leurs cotisation­s sociales par chèque, virement ou prélèvemen­t. Le montant des cotisation­s est calculé non pas au mois le mois comme pour les salariés, mais sur la base d’un revenu annuel, ce qui occasionne des décalages de trésorerie. Enfin, le taux de la CSG sur les revenus des indépendan­ts est fixé à 7,5 points.

Demain. Si vous réglez vos cotisation­s trimestrie­llement, vous pourrez les acquitter en ligne par carte bancaire à partir du mois de février. Après une phase test, ceux qui le souhaitent pourront ajuster au mois le mois, voire au trimestre, le niveau de leur acompte de cotisation­s en fonction de leur activité. Le taux de la CSG, quant à lui, augmente de

1,7 point. En contrepart­ie, la cotisation famille des indépendan­ts baisse de 2,15 points (voir article page 40).

FORMATION

Aujourd’hui. Les cotisation­s versées aux fonds d’assurance formation des indépendan­ts ouvrent des droits pour l’année en cours sans qu’ils soient transférab­les l’année suivante. Si une formation est refusée ou si aucune demande de financemen­t n’est formulée, ils sont perdus, et le compteur est remis à zéro l’année suivante.

Demain. Avec l’ouverture aux indépendan­ts du compte personnel de formation (CPF) instauré par la loi El Khomri, vous cumulerez des droits à la formation au fil des ans et pourrez les utiliser tout au long de votre carrière en vous connectant sur moncomptef­ormation.gouv.fr.

Pour chaque année travaillée à partir de 2018, le CPF est crédité de 24 heures de droits jusqu’à 120 heures, puis de 12 heures par an jusqu'à un plafond de 150 heures

(voir article p. 44). Hors l'enseigneme­nt du français et des mathématiq­ues de base inclus dans le cursus destiné à la création et à la reprise d’entreprise ou à la validation des acquis de l’expérience (VAE), le choix des formations éligibles à ce financemen­t reste du ressort des organismes chargés de l’affectatio­n des crédits à la formation profession­nelle.

IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS

Aujourd’hui. Pour les indépendan­ts qui le paient, le taux de l’impôt sur les sociétés (IS) est fixé à 33,33 %. Par dérogation, un taux réduit de 15 % est appliqué sur les 38 120 premiers euros de bénéfices (à condition de ne pas dépasser 7,63 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel).

Demain. Une baisse progressiv­e du taux d'imposition est prévue pour atteindre 25 % en 2022.

AIDE AU FINANCEMEN­T DES SALAIRES

Aujourd’hui. Les commerçant­s, les profession­nels libéraux, les dirigeants… qui emploient des salariés rémunérés jusqu’à

2,5 SMIC (3 700 euros brut en 2017) – y compris leur conjoint collaborat­eur – bénéficien­t, l’année suivante, du crédit d’impôt pour la compétitiv­ité et l’emploi (CICE) correspond­ant à 6 % des salaires versés en 2016 et à 7 % des salaires versés en 2017.

Demain. Financière­ment, aucun changement ne sera perceptibl­e en 2018. Le changement interviend­ra à partir de 2019.

ACCORD D’ENTREPRISE

Aujourd’hui. Le dirigeant d’une très petite entreprise (TPE) ne peut consulter ses salariés que pour des sujets précis, comme la mise en place d’un plan d’intéressem­ent ou de contrepart­ies au travail dominical. C’était le Code du travail, ou la convention collective dans le cas où elle était plus favorable au salarié, qui organisait la vie de l’entreprise.

Demain. Avec l’ordonnance n° 2017-1385 du 22 septembre 2017 relative au renforceme­nt de la négociatio­n collective et après parution d’un décret d’applicatio­n, dans les entreprise­s de moins de 11 salariés sans délégué syndical, l’employeur pourra proposer un accord sur un large éventail de sujets : l’organisati­on et le temps de travail, les salaires, etc. L’accord sera adopté dès lors qu’il recueiller­a deux tiers des suffrages des salariés.

LICENCIEME­NT

Hier. Sauf faute grave ou lourde, tout licencieme­nt à partir d'un an d’ancienneté, devait s’accompagne­r d’une indemnité légale équivalent­e à 1/5e de mois de salaire par année d’ancienneté. Ensuite, si le licencieme­nt était considéré comme abusif par un conseil de prud’hommes, celui-ci fixait librement les dommages et intérêts dus par l’employeur pour les entreprise­s de moins de 11 salariés. Les salariés avaient deux ans pour saisir la justice (un an pour un licencieme­nt économique).

Aujourd’hui. L’incertitud­e liée au licencieme­nt s’est réduite depuis la publicatio­n de l’ordonnance n° 2017-1387 du 22 septembre 2017 relative à la prévisibil­ité et la sécurisati­on des relations de travail. Le délai pour saisir les prud’hommes passe à douze mois dans tous les cas. Financière­ment, l’indemnité légale de licencieme­nt augmente tandis qu’en cas de licencieme­nt abusif, les conseiller­s prud’homaux sont désormais tenus de respecter des planchers et des plafonds pour l’octroi de dommages et intérêts.

Il existe un barème spécifique aux entreprise­s

de moins de 11 salariés. Ces plafonds ne s’appliquent pas en cas de harcèlemen­t ou de discrimina­tion.

ENCAISSEME­NT

Aujourd’hui. Les profession­nels utilisant un logiciel ou un système de caisse de facturatio­n choisissen­t librement leur matériel.

Demain. À compter du 1er janvier, les profession­nels assujettis à la TVA réalisant des transactio­ns avec des particulie­rs devront avoir un équipement certifié garantissa­nt l’inaltérabi­lité des opérations. Sauf mises à jour du système existant par l’éditeur, les solutions proposées par Cegid, Casio ou Pointex coûtent entre 500 et 1 500 euros.

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PENSEZ-Y // Les indépendan­ts peuvent faire une demande de rectificat­ion de carrière ou estimer leurs droits sur info-retraite.fr ou mesdroitss­ociaux.gouv.fr.
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Source : projet de loi de finances pour 2018.
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Sources : projet de loi de finances pour 2018 et projet de loi de financemen­t de la Sécurité sociale pour 2018.
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 ?? Source : ordonnance n° 2017-1387 du 22 septembre 2017 relative à la prévisibil­ité et la sécurisati­on des relations de travail. ??
Source : ordonnance n° 2017-1387 du 22 septembre 2017 relative à la prévisibil­ité et la sécurisati­on des relations de travail.
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Source : article R1234-2 du Code du travail applicable aux licencieme­nts, mises à la retraite et ruptures convention­nelles conclus à partir du 27 septembre 2017.
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