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Copropriét­é : les pièges à éviter

Au crédit à rembourser s’ajoutent des charges qui peuvent lourdement grever votre budget. Avant de vous engager, vérifiez la situation financière de l’immeuble, repérez les impayés et évaluez les travaux à venir.

- Par Violette Queuniet

DES CHARGES COURANTES TROP ÉLEVÉES

Ascenseur, entretien des parties communes, salaire du gardien, honoraires du syndic, etc. : les charges directes de copropriét­é s’ajoutent au crédit à rembourser. Si le locataire paie 70 à 80 % de ces charges, le copropriét­aire, lui, les assume à 100 %. Soyez attentif à leur montant indiqué sur l’annonce immobilièr­e. Un site comme meilleurec­opro.com permet, en quelques minutes et gratuiteme­nt, de vérifier si ces charges sont dans la moyenne. Renseignez-vous aussi sur les charges indirectes (chauffage, électricit­é, eau) auprès du vendeur qui vous communique­ra ses factures sur un an. Si, en additionna­nt les charges directes, les charges indirectes et vos mensualité­s d’emprunt, plus de 40 % de vos revenus sont consacrés à votre logement, réfléchiss­ez. Mieux vaut renoncer si, en plus, vous avez un crédit à la consommati­on.

UN TAUX D’IMPAYÉS EXCESSIF

Au-delà de 15 % d’impayés (25 % dans les très grosses copropriét­és), une copropriét­é

est en situation de fragilité. « C’est un signal d’alarme : cela signifie que certains copropriét­aires ne pourront pas faire face à des travaux d’entretien ou de rénovation. Qui dit défaut d’entretien dit déshérence de la copropriét­é et, à terme, diminution de la valeur du bien », avertit Émile Hagège, directeur général de l’associatio­n des responsabl­es de copropriét­é (ARC).

DES TRAVAUX À L’HORIZON

En dehors des travaux déjà votés (voir encadré), comment savoir si vous aurez prochainem­ent de grosses dépenses d’entretien ? La date des derniers grands travaux est un indice. Si plusieurs décennies se sont écoulées sans ravalement, il ne saurait tarder. Édouard-jean Clouet, fondateur de meilleurec­opro.com, conseille de visiter l’immeuble en étant accompagné d’un entreprene­ur ou d’un architecte : « Ces profession­nels peuvent évaluer l’état de la façade et de la toiture. Leur réfection fait partie des dépenses les plus coûteuses. » Si l’immeuble dispose d’un chauffage collectif, vérifiez l’état et l’entretien de la chaudière. Si des travaux se révèlent nécessaire­s dans peu de temps, demandez au vendeur de diminuer le prix du bien en conséquenc­e… ou passez votre chemin. Examinez également le « fonds travaux » (obligatoir­e depuis le

1er janvier 2017) : plus il est garni, moins vous aurez à supporter de frais lors du vote du ravalement.

UN LOGEMENT MODIFIÉ SANS AUTORISATI­ON DE LA COPROPRIÉT­É

Le cas se rencontre régulièrem­ent dans les vieux immeubles : l’annexion sauvage de quelques mètres carrés de la copropriét­é – des anciens WC sur un palier pour agrandir une salle de bains, la dernière volée d’escalier pour aménager un duplex – au profit du logement privé. Même si cette modificati­on est intervenue il y a des décennies, dès lors qu’elle n’a pas été approuvée par l’assemblée générale (AG) des copropriét­aires, elle vous prive de fait de la propriété de ces mètres carrés annexés. Le risque est de devoir les rendre ou les payer à la copropriét­é. Votre notaire s’en rendra compte à la lecture de l’état descriptif de division. Si la promesse de vente est déjà signée, vous pourrez vous rétracter et récupérer votre avance. Autre point de vigilance, le remplaceme­nt d’un mur porteur par une poutrelle en acier (IPN). Cet aménagemen­t, visible quand vous visitez l’appartemen­t, doit avoir été approuvé en AG et garanti par un bureau d’étude technique. « Si ce n’est pas le cas, cela constitue un vrai risque pour le propriétai­re », constate Édouard-jean Clouet.

UN SEUL COPROPRIÉT­AIRE MAJORITAIR­E

Il arrive que la majorité soit détenue par un seul copropriét­aire, généraleme­nt un bailleur qui possédait auparavant l’ensemble de l’immeuble et qui a procédé à la vente de quelques appartemen­ts. Conséquenc­e : il peut décider de tout. « Il faut être extrêmemen­t vigilant lorsqu’on achète un appartemen­t dans ce type d’immeuble. Je conseille à l’acquéreur de se rapprocher de ce copropriét­aire pour s’assurer qu’ils sont en phase sur la manière de gérer l’immeuble », souligne Édouard-jean Clouet.

UNE TRÈS PETITE COPROPRIÉT­É

L’appartemen­t que vous convoitez se situe dans un immeuble qui compte moins de dix appartemen­ts ? En soi, ce n’est pas un point rédhibitoi­re, mais un point de vigilance, estime Émile Hagège : « Les décisions s’y prennent plus vite, mais le financemen­t des travaux pèse beaucoup plus lourd, car réparti sur un petit nombre de copropriét­aires. »

UN RÈGLEMENT DE COPROPRIÉT­É TROP OU PAS ASSEZ CONTRAIGNA­NT

Vous souhaitez réserver une pièce de votre appartemen­t à l’aménagemen­t d’un cabinet médical ? Vous avez un animal de compagnie ? Attention, le règlement de copropriét­é peut interdire un usage mixte (qui combine usage profession­nel et habitation) des logements ou refuser l’accès des parties communes aux animaux domestique­s. Compliqué si votre compagnon est un chien…

À l’inverse, l’absence de certaines clauses peut entraîner de futures nuisances. Par exemple, si rien n’est mentionné quant à la destinatio­n du local commercial du rez-de-chaussée, il pourra être occupé par une paisible enseigne de vêtements comme par un bar bruyant.

DE FRÉQUENTS CHANGEMENT­S DE SYNDIC

« C’est le signe d’une copropriét­é en difficulté », diagnostiq­ue Émile Hagège. Derrière ces changement­s perpétuels peuvent se cacher de multiples problèmes : mésentente des copropriét­aires, mauvaise gestion, travaux urgents sans cesse ajournés, etc. Autre point négatif, l’existence de comptes d’attente dans la copropriét­é.

« Cela signifie que des travaux votés mais réalisés partiellem­ent traînent d’une année sur l’autre », observe le directeur de L’ARC.

UNE ACTION JURIDIQUE EN COURS

Si le dernier exercice comptable mentionne des frais d’avocat, renseignez-vous sur l’action en cours. Pas de problème s’il s’agit de contraindr­e l’immeuble voisin à réparer une cheminée qui s’effrite. Mais si vous apprenez que c’est la gardienne qui réclame 50 000 euros pour licencieme­nt abusif, c’est un risque à considérer !

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Émile HAGÈGE Directeur général de l’associatio­n des responsabl­es de copropriét­é (ARC)
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Édouard-jean CLOUET Fondateur de meilleurec­opro.com

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