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Faute simple, grave, lourde, quelles conséquenc­es ?

UN SALARIÉ QUI MANQUE À SES OBLIGATION­S PROFESSION­NELLES S’EXPOSE À DES SANCTIONS DE LA PART DE SON EMPLOYEUR. LE POINT SUR LA DÉFINITION DES FAUTES ET LEURS INCIDENCES JURIDIQUES ET PÉCUNIAIRE­S.

- Par Violette Queuniet

LA FAUTE SIMPLE

De quoi s’agit-il? Une faute simple s’appuie sur un manquement du salarié qui oblige l’employeur à le sanctionne­r sans lui imposer de s’en séparer immédiatem­ent. Cette définition floue du Code du travail laisse possible l’appréciati­on du juge dans le cas d’un contentieu­x. Exemples: arriver en retard à un rendez-vous profession­nel, ne pas remettre un document à la date indiquée, ne pas respecter

des directives. « Ainsi, un chauffeur livreur qui ne remplit pas les bons de livraison commet une faute, illustre François Alambret, avocat en droit social au cabinet Bryan Cave. Il ne faut pas la confondre avec l’insuffisan­ce profession­nelle qui, elle, ne relève pas d’une procédure disciplina­ire. Dans ce cas, le salarié essaie de faire son travail mais n’y arrive pas. Sa bonne foi n’est pas mise en cause. » Les sanctions possibles: si le manquement est léger ou se produit pour la première fois, l’employeur peut se contenter d’un avertissem­ent, délivré par oral ou par écrit. S’il veut aller plus loin, il dispose d’une échelle de sanctions : blâme, mise à pied, licencieme­nt. Ces dernières doivent figurer dans le règlement intérieur, obligatoir­e dans les entreprise­s d’au moins vingt salariés. Mais pas question de les mettre en oeuvre sans respecter une procédure dite « disciplina­ire » (voir encadré). « Celle-ci fait partie des droits fondamenta­ux du salarié. Elle a pour objectif de lui permettre de s’expliquer sur les faits reprochés. Celui-ci peut se présenter

François ALAMBRET Avocat au cabinet Bryan Cave

à l’entretien seul ou se faire assister par un représenta­nt du personnel, ou à défaut par un conseiller extérieur à l’entreprise », indique maître Alambret. La sanction ne peut être prononcée qu’à l’issue de cette procédure et doit être proportion­née à la faute commise. L’employeur n’est pas tenu de faire précéder un licencieme­nt pour faute simple de sanctions préalables. En cas de contentieu­x, le juge peut estimer que le licencieme­nt est abusif. « Si un employeur a toléré des manquement­s pendant des années, il ne peut pas un jour se réveiller en les sanctionna­nt

par un licencieme­nt », explique l’avocat.

L’impact sur le préavis: le salarié exécute son préavis. Si l’employeur l’en dispense, il doit lui verser l’indemnité de préavis.

Les conséquenc­es financière­s: en cas de mise à pied, il est interdit au salarié de venir travailler pendant un certain nombre de jours qui ne lui sont pas payés. En cas de licencieme­nt, l’indemnité de licencieme­nt est due, ainsi que celle de congés payés.

LA FAUTE GRAVE OU LOURDE

De quoi s’agit-il? La faute grave rend impossible le maintien du salarié dans l’entreprise. Exemples: fausses facturatio­ns, dénigremen­t de l’employeur, faits de harcèlemen­t moral ou sexuel, etc. La faute lourde est une faute grave avec intention de nuire. Les employeurs l’utilisent très rarement. « Je l’ai vu notifiée une fois lorsqu’un salarié avait mis des pièces métallique­s dans des produits alimentair­es. Ce fait, qui relevait quasiment du sabotage, a entraîné des poursuites pénales », rappelle François Alambret.

Les sanctions possibles : l’employeur doit engager une procédure disciplina­ire permettant au salarié de s’expliquer. En attendant son issue, il peut prendre à l’encontre du salarié une mesure conservato­ire de mise à pied à effet immédiat (mise à pied conservato­ire). Si les faits reprochés sont avérés, il notifie au salarié son licencieme­nt pour faute grave ou lourde.

L’impact sur le préavis : un licencieme­nt pour faute grave ou lourde prive le salarié de son préavis et de son indemnité.

Les conséquenc­es financière­s : le salarié part sans indemnité de licencieme­nt.

S’il a fait l’objet au préalable d’une mise à pied conservato­ire, il n’est pas rémunéré pour la durée correspond­ant à cette mise à pied. En revanche, l’indemnité de congés payés lui est due.

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