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Indépendan­ts : que faire en cas de difficulté­s financière­s ?

PERTE DE CLIENTÈLE, RUPTURE DE TRÉSORERIE, SUPPRESSIO­N D’UN DÉCOUVERT AUTORISÉ SONT AUTANT DE TOURMENTS POTENTIELS POUR UNE PETITE ENTREPRISE. AFIN D’ASSURER LA PÉRENNITÉ DE VOTRE STRUCTURE, SOYEZ RÉACTIF! NOS CONSEILS SUR LES ACTIONS À MENER.

- Par Yves Deloison Erika BIANCHIMAR­CHAL

Aucune entreprise n’est à l’abri d’une détériorat­ion de sa compétitiv­ité, d’un accident, d’une créance impayée ou d’un sinistre. « Les difficulté­s ne viennent pas toujours du patron de la très petite entreprise (TPE). Parfois, des événements extérieurs – et non des erreurs de gestion – entraînent une rupture de trésorerie », note Bernard Cohen-hadad, président de la CPME (Confédérat­ion des petites et moyennes entreprise­s) Paris Île-de-france.

NE PAS RESTER SEUL

« Par pudeur ou par honte de l’échec, certains attendent trop longtemps avant de parler de leurs problèmes, poursuit-il. Or, ne pas regarder la réalité en face empêche de rebondir, et il est alors trop tard. » N’hésitez jamais à faire appel à des tiers de confiance. « En principe, les entreprise­s en difficulté devraient contacter le tribunal de commerce, dont l’une des missions est de les aider, pointe Erika Bianchi-marchal, juriste à la chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Doubs. Mais c’est une porte difficile à pousser. Symbolique­ment, ça fait peur. » Souvent, le premier réflexe consiste à demander à son expert-comptable d’établir l’état chiffré du moment et les perspectiv­es. « Mais si le cabinet subit un impayé, il stoppe la mission, le temps de voir la situation s’améliorer, prévient Michel Vincent, consultant chez SOS-TPE-PME. Le recours à un avocat, lui, coûte 1 000 à 2 000 euros avant la moindre interventi­on. » Heureuseme­nt, les solutions gratuites existent.

RÉAGIR RAPIDEMENT

En butte à des difficulté­s, parfois passagères, il faut identifier les symptômes puis les causes, afin d’agir au plus vite. « Poser le juste diagnostic n’est pas facile pour des entreprene­urs, souvent seuls, qui ont le nez dans le guidon et connaissen­t mal les dispositif­s à leur portée, constate Bernard Cohen-hadad. Ils peuvent, par exemple, saisir leur organisati­on profession­nelle ou interprofe­ssionnelle. » Ainsi, la CPME Paris met en place une commission Médiations chargée de recueillir les demandes des entreprene­urs afin de les orienter dans leurs démarches. Les collectivi­tés

territoria­les, parfois équipées de structures d’aide, peuvent aussi venir à la rescousse.

« Quant aux chambres consulaire­s, elles accompagne­nt ou orientent vers les dispositif­s ou services adaptés tels que le Centre d’informatio­n sur la prévention des difficulté­s des entreprise­s (CIP) », explique Erika Bianchi-marchal. Gratuiteme­nt et confidenti­ellement, le CIP informe et propose les outils et solutions pour sauvegarde­r l’entreprise. « Ces démarches aident à y voir plus clair dans la trésorerie, les délais de paiement, les déclaratio­ns administra­tives, les papiers, etc. », expose Bernard Cohen-hadad.

POSER LE BON DIAGNOSTIC

Concrèteme­nt, « on vérifie au préalable l’implicatio­n du chef d’entreprise, sa situation matrimonia­le, familiale et patrimonia­le au regard du statut juridique de l’entreprise », explique Erika Bianchi-marchal. S’il n’a pas pris soin de protéger son habitation, un rendez-vous avec un notaire s’impose.

Ensuite, il faut procéder à un bilan général afin de repérer les difficulté­s et leurs

origines. « Dans l’entreprise, existe-t-il un plan de trésorerie, cet outil précieux qui donne de la visibilité au quotidien ? Si oui, quel est son état ? », précise Michel Vincent. L’étape suivante consiste à réaliser une analyse globale de l’activité (charges, produits, etc.)

et à arrêter l’état des créances clients et

des dettes fournisseu­rs. » L’analyse en profondeur (marge commercial­e, valeur ajoutée, excédent brut d’exploitati­on, etc.), elle, sert à mieux cerner la situation. En résumé, le profession­nel aide le chef d’entreprise à prendre le taureau par les cornes. « Ensemble, ils ont trois mois pour

trouver des solutions », dit Michel Vincent.

RECOURIR AUX SOLUTIONS D’URGENCE

« Il faut racler tous les fonds de tiroir ! », lance Bernard Cohen-hadad. Repérez les créances immédiatem­ent récupérabl­es ; des sociétés de recouvreme­nt peuvent vous épauler, le cas échéant. Autre option, mettre en place l’affacturag­e. Cependant, si confier la gestion de ses créances à un établissem­ent de crédit pour obtenir un remboursem­ent anticipé garantit le paiement des factures, c’est un coût pour l’entreprise. « Des solutions de ce type, adaptées aux TPE, existent en ligne », précise Michel Vincent. Vous pouvez aussi demander des acomptes à vos clients. En parallèle, sollicitez le décalage des encaisseme­nts, le report de loyers avec le propriétai­re des locaux ou l’étalement des dettes auprès des créanciers. « Saisir la commission départemen­tale des chefs des services financiers (CCSF) qui réunit les créanciers publics (fisc, Urssaf, Sécurité sociale) permet de négocier des délais de paiement des cotisation­s sociales et des impôts », indique Michel Vincent. De plus, la Sécurité sociale des indépendan­ts, EX-RSI, peut recalculer les cotisation­s sur la base d’une estimation des revenus de l’année en cours. « Quant à l’urssaf et à l’administra­tion fiscale, elles accordent souvent une remise partielle ou totale des majoration­s de retard et pénalités aux entreprene­urs qui montrent de la bonne volonté », complète Bernard Cohen-hadad.

TROUVER D’AUTRES SOURCES DE FINANCEMEN­T

« Il est impératif de faire le point avec sa banque en s’appuyant sur un plan de trésorerie et des propositio­ns destinées à l’apurement des dettes, conseille Michel Vincent. Car tout incident de paiement peut compromett­re le redresseme­nt. » Négociez une facilité de caisse afin de faire face au décalage entre entrées et sorties de fonds, une autorisati­on de découvert, ou encore une avance de trésorerie sur des créances, par exemple, par le biais d’une cession Dailly. Cette convention souple, rapide et simple à mettre en oeuvre, permet à l’entreprise de transmettr­e la créance d’un de ses débiteurs à sa banque. Le lease-back est une autre piste. « Si l’entreprise est propriétai­re de ses biens, elle peut vendre une part de ses actifs à une société de crédit-bail et les récupérer en location sans délai et pour une longue durée. Elle dispose ainsi de sommes pour rééquilibr­er son bilan », détaillet-il. De plus, n’hésitez pas à demander à des proches d’avancer un peu d’argent.

Enfin, « le crowdfundi­ng, par le biais de plateforme­s telles que Lendix ou Wiseed, est un mode de financemen­t intéressan­t, rappelle Bernard Cohen-hadad. Reste à s’assurer que les offres de crédit sont rigoureuse­s et à taux responsabl­es ».

S’APPUYER SUR LES OUTILS JURIDIQUES

« À partir du moment où l’actif disponible ne permet plus de faire face au passif exigible, il faut déclarer sa situation au tribunal de commerce dans un délai maximum de quarante-cinq jours, souligne Erika Bianchimar­chal. C’est une obligation, mais aussi une manière de se mettre sous sa protection. » Les procédures préventive­s visent l’accord amiable entre l’entreprise et ses créanciers. Dans la procédure de conciliati­on, un conciliate­ur est nommé pour cinq mois maximum. Lorsque l’accord est homologué, la procédure perd son caractère confidenti­el. Dans le cadre du mandat ad hoc, un mandataire est désigné pour trois mois et la période est renouvelab­le plusieurs fois. La confidenti­alité est garantie. Dans les deux cas, des honoraires sont fixés en amont.

Si l’entreprise est confrontée à des difficulté­s plus lourdes, la loi a instauré une procédure de sauvegarde qui intervient avant cessation des paiements. L’objectif est de réorganise­r l’entreprise pour assurer la poursuite de l’activité économique, le maintien des emplois et l’apurement des dettes. Mais la procédure est publique. Elle officialis­e donc la situation de précarité de l’entreprise. La procédure curative de redresseme­nt judiciaire, quant à elle, permet de poursuivre l’activité, de maintenir l’emploi et d’apurer le passif. Enfin, si le redresseme­nt est impossible, la liquidatio­n judiciaire intervient.

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N’hésitez pas à faire appel à des tiers de confiance pour exposer les problèmes que vous rencontrez.
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