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Petits patrons : comment appliquer la réforme ? f Pour les contrats courts,

Si vous ne vous sentez pas tout à fait prêt, pas de panique ! Pour les TPE, l’urssaf peut prendre en charge la collecte et le reversemen­t de l’impôt à l’état. Ce que vous devez savoir sur les modalités du nouveau prélèvemen­t.

- Par Nathalie Cheysson-kaplan

Tous les revenus que je verse à mes salariés sont-ils soumis au prélèvemen­t à la source ?

Non, la retenue à la source ne s’applique qu’aux éléments de rémunérati­on qui sont imposables : salaire proprement dit, primes de toute nature (ancienneté, fin de CDD, etc.), participat­ion et intéressem­ent lorsque les salariés demandent leur versement immédiat, avantages en nature, indemnités de maladie versées pendant les deux premiers mois d’un arrêt de travail si vous maintenez le salaire de vos employés et percevez les indemnités de la Sécurité sociale à leur place.

En revanche, si vous versez à vos salariés des indemnités ou des remboursem­ents de frais, des primes de transport pour couvrir leurs trajets domicile-travail, ces sommes ne sont pas soumises à la retenue à la source.

Cela s’applique-t-il de la même façon pour tous les types de contrats ?

f Pour les apprentis et les stagiaires, les sommes que vous leur versez ne sont pas soumises au prélèvemen­t à la source tant que leur montant cumulé n’a pas atteint la limite annuelle à hauteur de laquelle elles sont exonérées (17 982 euros en 2018, et légèrement plus en 2019). Dès le mois où le montant cumulé des indemnités et des salaires versés dépasse ce seuil, ces sommes sont soumises au prélèvemen­t à la source. lorsque vous embauchez des salariés à la semaine ou au mois, l’administra­tion fiscale n’a matérielle­ment pas le temps de vous transmettr­e leur taux personnali­sé. Vous devez alors leur appliquer le taux non personnali­sé de la grille de taux par défaut correspond­ant à leur niveau de salaire (voir tableau page 38). Si leur contrat ne dépasse pas deux mois de date à date, un abattement correspond­ant à un demismic net imposable (soit 615 euros) est appliqué au montant du salaire net imposable. Toutes ces opérations sont automatiqu­ement effectuées par les logiciels de paie actualisés que vous ou votre comptable utilisez.

Comment puis-je faire pour mettre en oeuvre le nouveau dispositif dans deux mois ?

Pour les entreprise­s qui gèrent la paie de leurs salariés ou qui la sous-traitent à un expertcomp­table, la mise en oeuvre du prélèvemen­t à la source passe par la déclaratio­n sociale nominative (DSN) dont l’utilisatio­n est obligatoir­e depuis le 1er janvier 2017.

Lorsque vous avez rempli la DSN en septembre dernier pour la paie du mois d’août, la direction générale des finances publiques (DGFIP) vous a adressé en retour, dans la deuxième quinzaine de septembre, un compte rendu métier (CRM) nominatif pour chaque salarié. Ces CRM indiquent si des erreurs d’identifica­tion ont été détectées, afin de vous permettre de les corriger avant le mois de janvier. Dans le cas contraire, ils comportaie­nt le taux à appliquer à chaque salarié pour vous permettre de le mentionner – à titre d’informatio­n – sur les feuilles de paie de la fin de l’année 2018.

La DGFIP répétera cette opération tous les mois. Les taux transmis sont valables et utilisable­s jusqu’à la fin du deuxième mois qui suit leur transmissi­on. Pour le prélèvemen­t à la source à mettre en place en janvier 2019, vous devrez donc utiliser les taux transmis en décembre ou en novembre. « Ces taux sont intégrés automatiqu­ement dans les logiciels de paie commercial­isés sur le marché. Il n’est pas nécessaire d’aller récupérer les fichiers. La transmissi­on se fait de manière automatiqu­e et dématérial­isée », explique Charles-émeric Le Roy, directeur de la ligne de services Social et RH au sein du cabinet GMBA.

Si vous employez moins de 11 salariés et avez opté pour un paiement trimestrie­l de vos cotisation­s sociales, cette option implique automatiqu­ement un reversemen­t trimestrie­l du prélèvemen­t à la source à l’administra­tion fiscale. « Les petites entreprise­s doivent être attentives à la gestion de leur trésorerie, les montants à reverser pouvant être importants en fin de trimestre », ajoute l’expert. À défaut d’option pour un versement trimestrie­l, le prélèvemen­t doit être reversé le 18 de chaque mois pour les entreprise­s de moins de 50 salariés dont la date limite de dépôt de la DSN est fixée au 15. La seule chose que vous avez à faire est de vous assurer que vous avez bien indiqué, dans votre espace profession­nel sur Impots.gouv.fr, les coordonnée­s bancaires (BIC et IBAN) du compte bancaire à utiliser pour le reversemen­t du prélèvemen­t à la source à la DGFIP. Et ne pas oublier d’adresser à votre banque le mandat SEPA correspond­ant, rempli et signé avant le premier prélèvemen­t qui interviend­ra en février 2019 pour la paie de janvier.

Comment faire si aucun taux n’est transmis ?

Si vous ne disposez pas d’un taux personnali­sé – soit parce que le fisc ne vous l’a pas transmis, soit parce qu’il s’agit d’un salarié nouvelleme­nt embauché –, vous devez néanmoins appliquer un prélèvemen­t à la source sur le salaire versé en utilisant les taux par défaut issus d’une grille de taux actualisés chaque année. Ces grilles de taux ont été intégrées aux logiciels de paie, et le taux non personnali­sé correspond­ant au salaire versé s’applique automatiqu­ement. En cas de nouvelle embauche d’un salarié qui a déjà un taux personnali­sé, il sera possible de récupérer son taux grâce au service

Topaze développé par Net-entreprise­s pour l’appliquer dès le premier salaire versé.

« Ce service sera mis en ligne en décembre », précise Charles-émeric Le Roy.

Est-il possible de déléguer la mise en oeuvre du prélèvemen­t à la source ?

Si vous utilisez le titre emploi service entreprise (TESE) ou le chèque emploi associatif (CEA) mis en place par l’urssaf pour les PME et associatio­ns de moins

de 20 salariés pour calculer les salaires de vos employés et éditer leurs feuilles de paie, ces services vont prendre en charge, dès janvier prochain, le prélèvemen­t de l’impôt à la source à votre place. L’administra­tion fiscale transmet directemen­t au centre TESE ou CEA dont vous dépendez le taux à appliquer au revenu de chaque collaborat­eur, fixé à la suite de leur dernière déclaratio­n d’impôt. À partir de ces éléments, le centre calcule le montant du prélèvemen­t pour chacun de vos salariés et vous communique ensuite le montant du salaire net à leur

verser. Pour les salariés imposables, le montant de la retenue à la source est prélevé par l’urssaf en même temps que vos cotisation­s sociales sur le compte bancaire de votre entreprise. Vous n’avez pas à vous en occuper.

PENSEZ-Y // Les entreprise­s de moins de 20 salariés peuvent adhérer au service TESE de l’urssaf gratuiteme­nt sur Letese.urssaf.fr. À partir de leurs déclaratio­ns, le centre TESE s’occupera des bulletins de paie et de la DSN et reversera les cotisation­s sociales et l’impôt des salariés qu’elles auront prélevés.

Comment modifier les bulletins de paie ?

Les bulletins de paie sont automatiqu­ement générés par les centres TESE ou CEA, si vous utilisez ces services, ou par les logiciels de paie. Les fiches de paie doivent comporter le revenu net de cotisation­s sociales avant prélèvemen­t, le taux et la nature du taux du prélèvemen­t à la source (personnali­sé ou non personnali­sé), le montant du prélèvemen­t effectué, ainsi que le montant du revenu net à verser après déduction du prélèvemen­t.

PENSEZ-Y // Assurez-vous que votre éditeur de logiciels de paie a intégré correcteme­nt les taux de prélèvemen­t pour éditer les bulletins de paie. Liste des éditeurs qui ont passé les tests avec succès sur https://bit.ly/2oox642.

Comment informer mes salariés ?

Vous n’avez aucune obligation d’informatio­n vis-à-vis de vos salariés. Au minimum, vous avez intérêt à les informer du prélèvemen­t supplément­aire qui va être effectué sur leur paie à partir de janvier. Vous pouvez utiliser pour cela les kits proposés par l’administra­tion fiscale sur Prelevemen­talasource.gouv.fr.

« La diffusion d’une informatio­n complète et aisément compréhens­ible qui réponde aux nombreuses interrogat­ions des salariés est le meilleur moyen de limiter la perte de temps consacré à répondre ou tenter de répondre à leurs questions », recommande Béatrice Hingand, directeur de rédaction aux Éditions Francis Lefebvre.

Dois-je déposer une déclaratio­n pour les mois où je ne verse pas de salaires ?

Les règles ne changent pas. La DSN est mensuelle et obligatoir­e. Si vous n’avez aucun salarié pendant certains mois de l’année, vous devez déposer une « DSN néante ». Cela permet d’éviter les relances inutiles des organismes de protection sociale et du fisc. Par contre, lorsque le contrat de travail d’un salarié est temporaire­ment suspendu, par exemple en cas de congé sabbatique, et dans la mesure où une fiche de paie est générée pour ce salarié, il faut l’indiquer dans la DSN « normale » avec ses données de rémunérati­on, même nulles.

Quel taux appliquer aux personnes que j’embauchera­i en 2019 ?

Pour les deux premières paies, tant que vous n’aurez pas récupéré le taux des salariés que vous venez d’embaucher à partir du retour de la DSN, le prélèvemen­t est effectué sur la base d’un taux non personnali­sé, issu de la grille de taux neutre. Le logiciel de paie applique automatiqu­ement le taux qui correspond au niveau de salaire versé. Ce taux est définitif. Vous n’avez pas de calcul rétroactif à effectuer lorsque le taux personnali­sé vous sera transmis. Attention : même si votre nouvelle recrue connaît son taux personnali­sé et vous fournit ses

anciennes feuilles de paie, vous ne pouvez pas l’appliquer. Seule possibilit­é, récupérer son taux personnali­sé en interrogea­nt Topaze, sans attendre le retour de la DSN.

Devrai-je rembourser un salarié qui aura signalé un changement de situation au fisc et dont le taux met du temps à s’ajuster ?

Non, vous n’avez pas à rembourser le salarié. En revanche, si vous avez appliqué un taux plus élevé que celui transmis par le fisc ou si le prélèvemen­t a été appliqué sur des sommes non imposables, vous pouvez régularise­r la situation à partir de la DSN du mois suivant et lui rembourser le trop-perçu en l’imputant sur le prélèvemen­t à verser au cours du ou des mois suivants. Mais vous ne pouvez rectifier les erreurs que vous avez commises au cours d’une année que jusqu’en janvier de l’année suivante. Si vous vous apercevez de votre erreur trop tard, le salarié devra corriger lui-même les montants prélevés à tort sur sa déclaratio­n de revenus.

Si un salarié me demande de changer de taux, que faire ?

Le réorienter vers l’administra­tion fiscale et son compte personnel sur Impots.gouv.fr. Une fois sa demande prise en compte, l’administra­tion fiscale calculera son nouveau taux personnali­sé et vous le communique­ra par le biais de la DSN. Ce nouveau taux s’appliquera, au plus tard, le troisième mois suivant la demande de changement.

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La déclaratio­n sociale nominative (DSN) regroupe l’ensemble des déclaratio­ns sociales faites par une entreprise. Elle est mensuelle et dématérial­isée.

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