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Arrêt maladie : vos droits et vos obligation­s

INDEMNISAT­ION, CONTRÔLE MÉDICAL, RETOUR EN ENTREPRISE… UN ARRÊT DE TRAVAIL EST SOUMIS À DES FORMALITÉS QUE VOUS DEVEZ RESPECTER. CE QU’IL FAUT SAVOIR POUR ENTREPREND­RE LES BONNES DÉMARCHES.

- Par Guillaume Le Nagard

À LA SURVENANCE DE L’ARRÊT

Courbature­s et fièvre, dos bloqué… Impossible de vous rendre au travail aujourd’hui. Votre médecin traitant, généralist­e ou spécialist­e, vous délivre un arrêt de travail, si besoin est. Le même médecin, ou un autre, pourra prolonger l’arrêt initial, le cas échéant.

Dès lors, il faut avertir votre employeur de votre absence, sans délai et par tout moyen, sous peine d’être sanctionné.

Pour éviter tout contentieu­x ultérieur, David

Métin, avocat de salariés, préconise « un courriel avec accusé de réception ou un courrier

recommandé avec accusé de réception » plutôt qu’un simple coup de fil. Mais rien n’oblige à dévoiler la nature du problème de santé qui vous tient éloigné de votre lieu de travail. Dans les quarante-huit heures, vous devez adresser les volets 1 et 2 de votre certificat d’arrêt de travail à votre caisse d’assurance-maladie. Votre médecin peut aussi le lui transmettr­e par internet, grâce à votre carte Vitale. Vous devez envoyer le volet 3 à votre employeur, dans le même délai (ou éventuelle­ment dans un délai prévu par votre convention collective). Attention, un retard peut supprimer ou réduire le versement des indemnités par l’assurancem­aladie et votre employeur. Une blessure ou une hospitalis­ation d’urgence vous ont empêché de respecter ces délais? « Les cas de force majeure sont reconnus, assure David Métin, et peuvent être expliqués dans un courrier recommandé avec AR. »

Le montant des indemnités.

Pour percevoir des indemnités journalièr­es de Sécurité sociale (IJSS), il faut avoir travaillé au moins 150 heures dans les trois mois précédant l’arrêt de travail ou cotisé sur un salaire au moins égal à 1015 fois le smic horaire (soit 10028,20 euros bruts en 2018) au cours des six mois précédents. Ces indemnités peuvent être versées pendant 360 jours appréciés sur une période de trois ans, ou pendant trois ans en cas d’affection de longue durée (ALD). Les IJSS sont égales à 50 % du salaire journalier et plafonnées en général à 44,34 euros en 2018. Elles peuvent être complétées par l’employeur (voir l’encadré).

PENDANT L’ARRÊT

L’arrêt suspend l’exécution du contrat de travail et rompt ainsi tout lien de subordinat­ion. L’employeur ne peut donc exiger aucune

contributi­on d’un salarié à l’activité de

l’entreprise. « Ce dernier peut refuser par exemple d’appeler des clients depuis chez lui, précise David Métin. À l’inverse, certains salariés demandent à continuer de travailler pour ne pas prendre de retard : l’employeur ou le supérieur hiérarchiq­ue doit s’y opposer. » Certains choisissen­t même de couper les accès au réseau profession­nel, afin que cette obligation soit respectée. « Néanmoins, un salarié en arrêt est tenu de communique­r des codes d’accès à un serveur partagé, des informatio­ns nécessaire­s à la poursuite de l’activité d’un service, des dossiers… complète Laurent Beljean, avocat pour employeurs.

La jurisprude­nce considère un refus comme fautif car il contrevien­t à l’obligation de loyauté

vis-à-vis de l’employeur. » Quant aux outils de travail – voiture, ordinateur, smartphone –, un employeur peut demander à les récupérer durant l’arrêt, sauf s’ils sont utilisés également à titre personnel et qualifiés d’avantages en

nature. Par ailleurs, il vous est impossible d’exercer grand nombre d’activités, rémunérées ou non. Une jurisprude­nce de la Sécurité sociale de 2017 élargit le champ des interdicti­ons à toute occupation « non expresséme­nt admise par le médecin du travail », comme des activités de conseiller municipal et associativ­es. Les IJSS peuvent alors être supprimées. Du côté de l’employeur, et pour les juridictio­ns prud’homales, il ne s’agit pas forcément d’une faute autorisant un blâme ou un licencieme­nt. « Là encore, c’est la question de l’obligation de loyauté qui sera posée », précise David Métin.

Les sorties: interdites ou autorisées

Dans le cadre d’un arrêt de travail, les sorties peuvent être interdites ou autorisées par votre médecin. Dans ce dernier cas, des horaires obligatoir­es de présence au domicile entre

9 h et 11 h et entre 14 h et 16 h doivent être respectés, y compris les week-ends et jours fériés. Par exception justifiée médicaleme­nt, votre médecin peut vous permettre de sortir de votre domicile sans restrictio­n : il s’agit dans ce cas de « sorties libres », et plus seulement de « sorties autorisées ». Impossible néanmoins de quitter votre départemen­t, pour quelques jours au vert ou pour des raisons familiales sans prévenir votre caisse d’assurance maladie (CPAM) et obtenir son accord (sous quinze jours).

Celle-ci est habilitée à réaliser des contrôles à votre domicile aux horaires de présence prévus par l’arrêt. Elle peut aussi convoquer le salarié en arrêt. De son côté, l’employeur peut demander à une société spécialisé­e

de contrôler son salarié s’il lui verse une indemnité complément­aire. En cas de nonprésent­ation à la convocatio­n de la CPAM, d’absence au domicile aux horaires prévus, d’arrêt non justifié, l’assurance-maladie peut réduire ou arrêter le versement des

IJSS. Voire, après convocatio­n, demander une reprise du travail. En cas de désaccord, vous pouvez demander à bénéficier d’une expertise médicale. De la même façon, l’employeur peut suspendre l’indemnité complément­aire. Mais il n’est pas autorisé à prendre d’autres sanctions, comme un blâme ou un licencieme­nt.

AU RETOUR DU SALARIÉ

Au terme d’un arrêt de trente jours ou plus, une visite médicale est obligatoir­ement assurée par la médecine du travail, au moins huit jours avant la reprise. Le médecin du travail délivre un avis d’aptitude au poste ou un avis d’aptitude avec réserves pour lesquelles il demande des adaptation­s du poste, ou encore il envisage un reclasseme­nt. Un temps partiel thérapeuti­que, demandé par le médecin traitant, accepté par le médecin du travail et discuté avec l’employeur, peut être mis en place. Il est partiellem­ent pris en charge par l’assurance-maladie. « Le télétravai­l pour motif thérapeuti­que est de plus en plus prescrit,

signale David Métin, notamment dans les cas d’arrêts liés au harcèlemen­t moral ou à un burn-out. Mais pour que la mesure s’applique, il faut que l’entreprise dispose d’un accord collectif qui cadre l’exercice du télétravai­l. »

LICENCIEME­NT : POSSIBLE MAIS ENCADRÉ

L’état de santé ne peut être la cause d’un licencieme­nt, qui sera jugé discrimina­toire. « La jurisprude­nce définit plutôt des conséquenc­es de l’état de santé sur le

fonctionne­ment de l’entreprise », explique Laurent Beljean. L’employeur qui veut se séparer d’un salarié en raison de ses arrêts doit démontrer les perturbati­ons liées à son absence sur le fonctionne­ment de l’entreprise ou, depuis une jurisprude­nce de l’année dernière, sur le fonctionne­ment d’un « service essentiel » pour l’entreprise.

Il doit aussi procéder à un recrutemen­t en contrat à durée indétermin­ée à une date proche du licencieme­nt, sur le même poste. En cas d’inaptitude au poste constatée par le médecin du travail, l’employeur doit justifier de son impossibil­ité à reclasser le salarié.

Attention, une faute grave peut être imputée au salarié en arrêt qui n’aurait pas respecté ses obligation­s de loyauté, par exemple en travaillan­t pour un concurrent, ou qui aurait négligé de prévenir de ses absences pour raison de santé. Enfin, en cas de motif économique, un salarié en arrêt peut être licencié au même titre que les autres salariés présents dans l’entreprise.

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Les indemnités journalièr­es sont imposables, sauf si elles sont en lien avec une affection de longue durée.
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Si votre arrêt de travail est prolongé, vous devez envoyer l’avis de prolongati­on à votre CPAM et à votre employeur sous 48 heures.

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