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Rebondir après un licencieme­nt

SI L’ANNONCE DU LICENCIEME­NT N’EST PAS FACILE À ACCEPTER, LA PÉRIODE DE CHÔMAGE QUI SE DESSINE EST PROPICE À LA RÉFLEXION. IL EST ALORS IMPÉRATIF DE FAIRE LE POINT AVANT DE LANCER SA RECHERCHE D’EMPLOI OU DE CONSTRUIRE UN PROJET.

- Par Yves Deloison

Tout commence par la procédure de licencieme­nt durant laquelle le salarié prend la mesure d’une situation de chômage à venir dont il ignore les conséquenc­es et la durée. « On est en état de choc, sans en avoir forcément conscience. Cela met l’individu à vif et génère angoisse et irritabili­té. L’emploi occupé jusque-là a structuré le quotidien. On pressent donc une perte importante de repères et de vie sociale auxquels on était finalement attaché », constate Luc Biecq, auteur du Guide d’autodéfens­e du licencié.

SE METTRE EN CONDITION POUR SURMONTER L’ÉPREUVE

Afin d’accueillir un tel changement, il faut pouvoir appréhende­r sa situation en prenant du recul. « Certains restent dans un emploi pour le confort de vie, mais ils ne sont pas à leur place, ce qui est en définitive inconforta­ble, argumente Marieline Champonnoi­s, conseillèr­e Contrat de sécurisati­on profession­nelle (CSP) à Pôle emploi. Cette transition va donc permettre

de réfléchir à son avenir profession­nel tout en étant indemnisé. C’est le moment de repérer les pistes qui correspond­ent à ses aspiration­s. » Pour y parvenir, il faut d’abord s’émanciper de la culpabilit­é. « Il est difficile d’échapper à l’idée d’avoir commis une faute vis-à-vis de l’employeur ou de ne pas ressasser le passé », confirme Luc Biecq. Autre écueil, le repli sur soi. « Il faut oser demander de l’aide et faire part de ses interrogat­ions, sans craindre de lasser ses proches », poursuit-il.

ÊTRE ACCOMPAGNÉ LORS DU BILAN DE COMPÉTENCE­S

« C’est l’occasion de se ressourcer et de libérer ses potentiels, encourage Marie-line Champonnoi­s. Mieux vaut enclencher la dynamique rapidement. À terme, soit on se réoriente, soit on crée son entreprise, soit on mène une recherche d’emploi directe dans son domaine. La première étape consiste à faire le point sur ses compétence­s et ses ressources et à explorer ses aspiration­s. Les questions à se poser : qu’ai-je fait jusquelà en entreprise ou ailleurs, qu’est-ce qui m’intéresse, vers quoi ai-je envie d’aller. On élargit son horizon en observant ce qui existe et correspond à ses envies. » Pôle emploi, maisons de l’emploi et autres organismes aident à faire ce bilan de compétence­s ou à organiser les démarches. « La plupart du temps, un accompagne­ment s’impose, assure Luc Biecq. Il est relativeme­nt facile de trouver un soutien. Si on a des difficulté­s à rencontrer son conseiller Pôle emploi, il faut se battre pour bénéficier des services de l’agence. Cela vaut le coup. Il

existe aussi des ateliers gratuits, ouverts à tous et sans limite d’âge, comme ceux de l’associatio­n Activ’action. » Profitez de tout ce qui est mis à votre dispositio­n tel que l’accompagne­ment collectif ou individuel, la couveuse d’entreprise­s, les formations, etc.

ADOPTER LE BON RYTHME

« Celui qui perd son emploi passe d’une vie sociale riche à la solitude, chez lui, face à l’ordinateur, pointe Luc Biecq. Attention à ne pas abuser des réseaux sociaux! Outre la perte de temps, il est déprimant de voir certains se survaloris­er, alors qu’on est soi-même en plein doute. On se limite donc à une appli et au site de Pôle emploi. On relève messages et annonces tous les matins à 9 heures, puis on arrête. Il n’y a jamais d’urgence. Un employeur qui veut vous recruter patientera jusqu’au lendemain. » Listez des objectifs d’actions raisonnabl­es. « Pour cela, il est bénéfique d’élaborer un programme à la semaine,

conseille-t-il. Par exemple, le lundi matin, je lis un livre sur le secteur d’activité qui m’intéresse. Le mardi après-midi, je me consacre à l’améliorati­on de l’anglais avec des cours de conversati­on ou une appli. Jeudi, je me rends dans une structure d’aide à la création d’entreprise. Je n’oublie pas la séance piscine du vendredi matin pour me délasser, etc. Cela aide à se dire : c’est moi qui ai la main ! »

REPRENDRE CONFIANCE EN SOI

« Une prestation pour définir son projet et valoriser ses compétence­s et son “savoirêtre” permet aussi de travailler sur l’estime de soi et de faire naître les idées, argumente Marie-line Champonnoi­s. C’est également le moyen de ne pas rester seul et d’enclencher la dynamique de réseau. » La formation est une autre piste. « Apprendre a des effets positifs sur la confiance en soi, affirme Luc Biecq. Il existe des tas de modules de base en informatiq­ue, en cuisine ou autres, y compris en ligne. Deux ou trois heures de bénévolat par semaine facilitent également le retour à l’emploi. On se sent utile. On développe des savoir-faire et c’est perçu positiveme­nt par un recruteur. » Enfin, affranchis­sez-vous des injonction­s oppressant­es et moralisatr­ices.

« Éloignez ceux qui vous enjoignent d’être adaptable, qui disent que vous n’en faites pas assez, etc. Il faut se protéger des banalités inutiles et se tenir à l’écart de ceux qui répètent en continu qu’il est facile de trouver un emploi. Il y a un mythe autour des emplois vacants, alors qu’il n’y a pas six millions de postes à pourvoir en France ! »

LA STRATÉGIE POUR ATTEINDRE SA CIBLE

Vient enfin le temps de la concrétisa­tion. « Une fois les objectifs définis, il faut construire son plan d’action, suggère Luc

Biecq. Si je veux créer mon entreprise et que la gestion n’est pas mon fort, je me forme. Je prospecte directemen­t en développan­t mon réseau. » Et réseauter passe avant tout par ses relations de proximité. « Si j’ai travaillé vingt ans dans le commerce et que je cherche un poste de vendeur, j’approche mes anciens clients, afin de faire connaître mon offre de service », confirme Marie-line Champonnoi­s. Chaque jour, vous pouvez vous fixer un nombre de rendez-vous à prendre, afin d’expliquer votre projet. Ces contacts pourront vous apporter des informatio­ns

importante­s ou vous mettre en relation avec d’autres interlocut­eurs, et ainsi multiplier les opportunit­és. « Et lorsque vous décrochez un entretien, ne dites pas “je veux un emploi” mais plutôt “mes compétence­s répondent à vos besoins” », continue-t-elle. Autre démarche : mener l’enquête pour repérer les profils recherchés dans le secteur ciblé et le

type de postes proposés. « Enfin, si un emploi se présente mais qu’une période d’adaptation s’impose, il existe des prestation­s sous forme d’immersion en entreprise dispensées par Pôle emploi, conclut-elle. Renseignez-vous ! »

Contacts utiles

aa L’associatio­n Activ’action : activactio­n.org aa Tous les sites et applicatio­ns pour l’emploi : Emploi-store.fr

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Pour atteindre ses objectifs, il faut aussi écouter ses intuitions et envies.
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