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Apprendre un métier en alternance

LA RÉFORME DE LA FORMATION PROFESSION­NELLE ENGAGÉE EN 2018 A CRÉÉ LA PRO-A, UN NOUVEAU CONTRAT EN ALTERNANCE. L’OCCASION DE FAIRE LE POINT SUR LES QUATRE DISPOSITIF­S PERMETTANT DE PARTAGER SON TEMPS ENTRE UN CENTRE D’ENSEIGNEME­NT ET UNE ENTREPRISE.

- Par Marion Esquerré - Photograph­ies : Jean-luc Bertini/pascoandco - Guillaume Pépy/hans Lucas Dorian Rollin/chambre A Part.

L’APPRENTISS­AGE : DE 15 À 29 ANS

f Pour qui ? Dès 15 ans, à condition d’avoir terminé le cycle du collège. Sans cela, il faut attendre 16 ans. Quant à l’âge limite, la réforme l’a fixé à 29 ans révolus. Certaines situations permettent d’aller au-delà de ce seuil (reconnaiss­ance de travailleu­r handicapé, création ou reprise d’entreprise).

« L’accès au contrat d’apprentiss­age est très ouvert, souligne Romain Pigeaud, consultant à la direction Droit de la formation de Centre Inffo. Contrairem­ent aux idées reçues, on peut y prétendre en sortant de l’école ou de la fac, après une classe préparatoi­re, en étant inscrit au chômage... Tout est possible. » f Pour quel objectif? L’obtention d’un diplôme ou d’un titre profession­nel reconnu, inscrit au répertoire national des certificat­ions profession­nelles (RNCP), du CAP au diplôme d’ingénieur (bac + 5). L’apprentiss­age mène à tous les métiers.

f Quels sont les employeurs

impliqués ? « Tous les employeurs, répond

Romain Pigeaud, tels que le boucher de quartier, le conseil départemen­tal ou le groupe industriel. Les employeurs publics, notamment, se sont fortement mobilisés ces dernières années pour développer l’apprentiss­age. » Attention, la principale condition d’accès à l’apprentiss­age reste de trouver un employeur. f Quels établissem­ents de formation contacter ? Les centres ou les unités de formation d’apprentis (CFA ou UFA). La dernière réforme a libéralisé le marché de l’apprentiss­age. Tout organisme de formation pourra désormais proposer des formations en apprentiss­age. f L’organisati­on du cursus. L’alternance des périodes en CFA et en entreprise ne répond

à aucune règle, si ce n’est que la formation théorique en CFA ne peut être inférieure à 25 % de la durée totale du contrat, soit 400 heures par an. Le contrat d’apprentiss­age peut être un CDI ou un CDD de la durée de la formation, de six mois à trois ans selon le diplôme visé. Une fois le contrat signé, l’apprenti reçoit une carte d’étudiant des métiers et bénéficie de la plupart des avantages dévolus aux étudiants. Mais, avant tout, il devient un salarié, soumis aux mêmes obligation­s et droits que ses collègues de travail. Seul son salaire diffère.

f Le niveau de rémunérati­on. La loi fixe une rémunérati­on brute mensuelle minimale qui varie selon l’âge et l’année d’exécution du contrat. Soit, en 2019, en première année :

- un jeune de moins de 18 ans touche un salaire mensuel de 27 % du Smic (ou du minimum convention­nel de branche s’il est plus favorable), soit 410,73 euros brut ;

- entre 18 et 20 ans, son salaire mensuel monte à 43 % du Smic (654,12 euros brut) ; - entre 21 et 25 ans,le salaire mensuel est à

53 % du Smic (806,24 euros brut) ;

- à partir de 26 ans, il est à 100 %

(1 521,22 euros brut).

À l’issue du contrat d’apprentiss­age, la prime de précarité n’est pas due à l’apprenti. En cas d’embauche, la période d’apprentiss­age sera comptabili­sée dans l’ancienneté.

LE CONTRAT DE PROFESSION­NALISATION : DE 16 À 25 ANS

f Pour qui? Les jeunes de 16 à 25 ans révolus, sans condition de diplôme et quel que soit leur statut initial (élèves, étudiants, salariés, demandeurs d’emploi...)

f Pour quel objectif? L’obtention d’un diplôme ou d’un titre profession­nel reconnu inscrit au RNCP, d’une qualificat­ion reconnue dans les classifica­tions d’une convention collective de branche ou d’un certificat de qualificat­ion profession­nelle (CQP). f Quels sont les employeurs impliqués?

Tous les employeurs de droit privé ainsi que les établissem­ents publics à caractère industriel et commercial (EPIC). L’état, les collectivi­tés

territoria­les et leurs établissem­ents publics à caractère administra­tif en sont exclus. f Quels établissem­ents de formation contacter? Tout organisme de formation, y compris un service de formation interne à une entreprise, pourvu qu’il respecte le cadre réglementa­ire prévu pour ce type de formation.

f L’organisati­on du cursus. Qu’il s’agisse d’un CDD ou d’un CDI, la période d’alternance, dite « de profession­nalisation », dure entre six et douze mois, si besoin jusqu’à trente-six mois (ou vingt-quatre dans le cadre d’un CDI) dans certains cas (jeune sorti du système scolaire sans qualificat­ion, par exemple). Le temps de formation doit équivaloir à au moins 150 heures par an et représente­r entre 15 et 25 % de la période de profession­nalisation.

f Le niveau de rémunérati­on. Le temps de formation moindre que l’apprentiss­age explique en partie pourquoi les minima salariaux sont plus élevés que ceux de l’apprentiss­age. Pour leur calcul, la loi distingue les titulaires d’un diplôme non profession­nel de niveau bac, ou d’un titre profession­nel inférieur au bac, des titulaires, d’un titre ou diplôme à finalité profession­nelle égal ou supérieur au bac. En « contrat pro », les premiers relèvent du salaire minimum

mensuel de base, soit 55 % du Smic pour les moins de 21 ans (836,67 euros en

2019) et 70 % au-delà (1 064,85 euros).

Les seconds touchent le salaire minimum majoré, soit 65 % du Smic pour les moins de 21 ans (988,80 euros) et 80 % au-delà (1 216,98 euros). La prime de précarité n’est pas due à l’issue du contrat, mais la période de profession­nalisation est comptabili­sée dans l’ancienneté en cas d’embauche.

LE CONTRAT DE PROFESSION­NALISATION : À PARTIR DE 26 ANS

f Pour qui? Pour les personnes de

26 ans et plus, lorsqu’elles sont demandeuse­s d’emploi, bénéficiai­res du RSA, de l’allocation de solidarité spécifique, de l’allocation adulte handicapé, ou qui ont bénéficié d’un contrat unique d’insertion.

f Ses caractéris­tiques. Elles sont identiques à celles des contrats de profession­nalisation pour les moins de 26 ans, à l’exception du salaire qui, pendant la période d’alternance, ne peut pas être inférieur au Smic et à 85 % de la rémunérati­on minimale convention­nelle applicable dans l’entreprise.

À noter: jusqu’en décembre 2021, à titre expériment­al, un contrat de profession­nalisation peut être signé, sans titre profession­nel à la clé. Le contenu de la formation est alors défini en fonction des compétence­s nécessaire­s à l’entreprise et du profil du stagiaire.

LA PRO-A : POUR LES SALARIÉS EN POSTE

f Pour qui? Pour les salariés en CDI, dont le niveau de qualificat­ion est inférieur à la licence.

f Pour quel objectif? Se former pour acquérir des compétence­s ou changer de métier au sein de son entreprise.

f L’organisati­on du cursus. Le salarié et l’employeur signent un avenant au contrat, qui organise la période de profession­nalisation : 150 heures de formation, qui doivent représente­r 15 à 25 % de la durée totale de la période d’alternance (six à douze mois, voire plus pour certaines personnes). « La Pro-a démarre plutôt doucement », reconnaît Romain Pigeaud. Un décret devait paraître cet

automne pour assouplir ses conditions d’accès et d’utilisatio­n. La Pro-a pourrait permettre notamment de mener une action de validation des acquis de l’expérience (VAE) ou de passer le certificat Cléa (certificat de connaissan­ces et de compétence­s profession­nelles). Avoir un niveau égal ou supérieur à la licence ne serait plus un obstacle.

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